Le Cardinal Ranjith, ses espoirs avec le Pape au Srilanka

C’est désormais officiel, je vous le disais hier dans ce magazine : le Pape François se rendra au Sri Lanka du 12 au 15 janvier prochain, avant d’aller aux Philippines jusqu’au 19 janvier. Ce sera son deuxième voyage pastoral en Asie, après la Corée dans quelques jours. Au Sri Lanka, les catholiques représentent une minorité, seulement 7% de la population. L’Eglise traverse une période délicate car elle est toujours déchirée entre Cinghalais et Tamouls, après la guerre civile qui a ravagé le pays de 1983 à 2009. La réconciliation est difficile. Le cardinal Malcolm Ranjith, archevêque de Colombo, espère que la visite du Pape François aidera à surmonter les divisions du pays.

Des propos recueillis par Christelle Pire

Nous sommes très contents et nous attendons avec joie de recevoir le Saint-Père. La visite du Saint-Père apportera un esprit de renouvellement pour l’Église parce qu’au Sri Lanka, l’Église catholique représente une minorité. Nous serons néanmoins honorés par la présence du Saint-Père. Elle  représentera également une assistance pour la paix et pour la réconciliation des deux grands groupes ethniques au Sri Lanka, les cinghalais et les tamouls.

Comment l’Église peut-elle jouer son rôle de réconciliation entre les cinghalais et les tamouls au Sri Lanka ?

L’Église a toujours cherché à être un moteur pour la réconciliation entre les deux groupes mais l’extrémisme des deux parties pose problème. On doit être flexible pour trouver une solution. On doit être prudent et attentif à la diversité des situations qui existent ici. Nous avons rédigé au mois de décembre de l’année dernière, une note pastorale où nous avons demandé une solution pratique et juste pour les nécessités des deux groupes. Mais l’Église est une minorité et n’a pas assez de pouvoir pour avoir une influence politique significative. L’Église cherche toujours des intermédiaires entre les deux groupes mais quelque fois, ce n’est pas facile pour nous.

La présence du Saint-Père fournira  une revitalisation de la foi pour les catholiques. D’un autre coté, cela constituera la présentation de l’Église pour nos autres frères et sœurs bouddhistes et musulmans. Donc, ce sera très positif. Sa présence nous sera d’une grande utilité pour la paix.

Est-ce que vous avez déjà commencé à préparer la visite du Pape François ?

Nous sommes déjà en préparation de son voyage. Nous avons institué un comité central et le travail marche bien. Nous avons déjà commencé les discussions avec le gouvernement. Un groupe de personnes du Vatican est aussi déjà venue assister l’organisation de la visite. Nous nous préparons spirituellement pour cette visite mais également matériellement pour la célébration de la grande messe à Colombo. Le Saint-Père visitera le sanctuaire de Madhu qui se trouve dans la région du nord où la majorité est tamoule. Ce sera l’occasion de parler de paix et de réconciliation avec le gouvernement et avec la population tamoule afin d’entamer un dialogue entre les deux parties.

Si le Saint-Père engage un dialogue avec le gouvernement et avec les autres, nous pourrons commencer un processus de construction de paix entre les deux groupes. La visite nous sera d’une grande utilité.