2014-08-11 16:27:00

A Erbil, les réfugiés irakiens « ont perdu l’espoir »


(RV) Entretien - Mgr Dominique Lebrun, évêque de Saint-Etienne, et Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient, sont arrivés samedi 9 août à Erbil. Depuis cette ville du Kurdistan irakien, dans le nord du pays, où affluent les réfugiés, Mgr Lebrun raconte à Radio Vatican « les crimes » perpétrés et réclame une prise de conscience internationale.

Les précisions de Christelle Pire

Fin juillet, une délégation de trois évêques français, menée par le cardinal Philippe Barbarin, se rendait quatre jours au Kurdistan irakien afin de rencontrer les communautés chrétiennes chassées de Mossoul par les djihadistes de l’État islamique. L’un d’eux, Mgr Pascal Gollnisch, est de retour sur cette terre depuis samedi 9 août. Avec lui, Mgr Dominique Lebrun. Les deux prélats sont à Erbil, capitale du Kurdistan autonome irakien, où ils constatent une situation humanitaire effroyable.

Environ deux tiers des chrétiens de la région se sont réfugiés dans la ville, soit « 60'000 à 80'000 personnes ». La mise en place de structures d’accueil, comme des tentes, commence à peine. En attendant, les rues et les parcs publics sont remplis de réfugiés, les églises « débordent » elles aussi de ces irakiens qui ont tout quitté.  « On a l’impression qu’ils ont même perdu l’espoir »,confie  Mgr Lebrun. Avant de résumer : « C’est le désespoir ». Deux questions se posent désormais : faut-il aider Erbil « à supporter ces réfugiés » ou tout faire « pour qu’ils puissent regagner leurs villes et leurs villages ? » Les traumatismes subis et la situation de terreur font craindre un retour difficile. Certains habitants n’ont pas pu fuir, comme « les grabataires », rappelle Mgr Lebrun, d’autres, comme à Qaraqosh « sont morts dans leur propre maison ».  Les chrétiens sont persécutés dans « tous les territoires tenus par ces voyous », mais aussi d’autres minorités, comme les Yazidis, soit « 200'000 personnes vivant dans les montagnes ». Mgr Lebrun raconte les atrocités qu’on lui a décrites : « 500 femmes ont été retenues prisonnières, obligées d’abjurer leur religion pour embrasser l’Islam, vendues, ou tuées. »

Arrêter « ce soi-disant Etat »

L’évêque de Saint-Etienne refuse toute acceptation silencieuse des crimes commis par les djihadistes. Il souhaite que « la conscience humaine internationale dise : ce n’est pas possible ! ». « Le soi-disant Etat Islamique est un faux Etat, affirme-t-il. Il n’a pas de frontières, aucune reconnaissance. Il s’agit de 4000 à 5000 combattants qui sont devenus terroristes, et qu’il faut empêcher de nuire. ».

Alors qu’attendre de la communauté internationale, actuellement silencieuse ou partagée entre l’envoi d’armes et l’intervention militaire ? D’abord une « prise de conscience », selon Mgr Lebrun. « Le travail diplomatique est en train de se faire, mais il y a des enjeux politiques et économiques », précise le prélat, qui a rencontré sur place le ministre des Affaires Etrangères Laurent Fabius. Ce dernier a d’ailleurs « promis de saisir la communauté européenne, et pense que c’est par l’Irak que les choses doivent se faire, principalement par une aide apportée aux forces irakiennes et kurdes », rapporte Mgr Lebrun.

L’évêque de Saint-Etienne estime ne pas avoir à donner de conseils politiques ou diplomatiques. Il constate toutefois « qu'il y a aujourd’hui une légitime défense ». « J’entends des récits de crime, souligne-t-il, or la société internationale est une société de droit ; arrêtons donc les criminels pour les juger ». Mgr Lebrun reconnait que « cela demande de la force. Mais il ne suffit pas d’attaquer. Il s’agit  d’empêcher de nuire ». Pour sauver l’Irak et sa région, il faut donc sans tarder mette en œuvre des moyens humain, diplomatique, spirituel, et sans doute militaire.








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