2014-08-15 12:36:00

Le Pape appelle les jeunes d'Asie à se faire missionnaires


(RV) Ce fut une rencontre riche en émotions : celle  du Pape François avec les 6000 jeunes venus de toute l’Asie pour participer à ces Journées asiatiques de la jeunesse, au sanctuaire de Solmoe… Après s’être recueilli en prière devant la maison reconstruire du premier prêtre coréen, saint André Kim Dae-jeong, martyrisé en 1846, le pape a rejoint la grande tente blanche où l’attendaient avec impatience tous les jeunes. Le récit depuis Séoul de notre envoyé spécial Xavier Sartre.

Chants et danses traditionnels de la jeunesse d’un continent varié mais uni par une même foi ; recueillement dans un sanctuaire symbole du martyr des premiers chrétiens en Corée. Ce sont les deux images que tout oppose qui marquent la visite du Pape François au sanctuaire de Solmoe. Le souvenir d’un passé douloureux auquel puise une jeunesse porteuse d’espoir pour l’avenir. Et un Pape surprenant qui improvise en anglais et n’hésite pas à s’adresser spontanément aux jeunes. C’est ce que l’on peut retenir de cette rencontre forte en émotion.

 

A son arrivée, le Pape s’est recueilli quelques instants en silence, portant avec lui sa désormais célèbre mallette de cuir noir, devant la maison reconstruite de saint André Kim Dae-jeong, le premier prêtre coréen, martyrisé au nom de sa foi en 1846. Il a ensuite béni trente mille chapelets disposés à côté de la maison avant de se diriger en papamobile sous la tente où l’attendaient six mille jeunes venus de toute l’Asie pour participer aux Journées asiatiques de la jeunesse organisées dans le diocèse de Daejeon. 

C’est dans une ambiance surchauffée que le Pape, qui arborait le ruban jaune des victimes du Sewol, a fait son entrée au son d’une chanson composée en son honneur. Chaleureusement accueilli par tous les jeunes, le Pape a assisté à une représentation de danse indonésienne avant le témoignage de trois jeunes venus du Cambodge, de Hong Kong et de Corée du Sud. Ils ont pu parler de leur foi, de la manière dont ils la vivent et ont posé plusieurs questions au Pape, attentif à prendre des notes.

Visiblement heureux de l’enthousiasme et de la chaleur de cette jeunesse d’Asie qu’il souhaitait rencontrer, François a ensuite pris la parole pour leur rappeler l’espoir qu’ils représentent pour l’avenir et pour leur donner trois grands conseils pour être « d’authentiques et joyeux témoins de l’Evangile ».

Cette jeunesse est ce que l'Eglise est appelée à être

Le Pape François a vu dans cette jeunesse « quelque chose de ce que l’Eglise, elle-même, est appelée à être dans l’éternel projet de Dieu ». Ces jeunes, a rappelé le Pape, veulent « aider à construire un monde où nous vivrons tous ensemble dans la paix et dans l’amitié, dépassant les barrières, réparant les divisions, rejetant la violence et les préjugés ». Ce qui correspond parfaitement au dessein de Dieu : « l’Eglise est appelée à être semence d’unité pour la famille humaine tout entière. Dans le Christ, toutes les nations et tous les peuples sont appelés à une unité qui ne détruit pas la diversité mais qui la reconnaît, la réconcilie et l’enrichit. »

Si le Pape a décrit une vision si angélique c’est pour mieux rappeler la dure réalité, et confier ses préoccupations et notamment « l’inégalité croissante dans nos sociétés entre riches et pauvres ». Le Pape a dénoncé une nouvelle fois, après l’avoir fait avec les évêques coréens et lors de la messe de l’Assomption, « les signes de l’idolâtrie de la richesse, du pouvoir et du plaisir qui s’obtiennent à un prix très élevé dans la vie des hommes ». Et d’évoquer, comme il l’avait fait un peu plus tôt dans la journée dans le stade de Daejeon, le sort de ces jeunes, qui, « même s’ils vivent dans un monde d’une grande prospérité matérielle, souffrent de pauvreté spirituelle, de solitude et de désespoir silencieux. »

Et de constater que « Dieu semble absent du tableau. C’est presque comme si un désert spirituel commençait à s’étendre à travers notre monde. Cela affecte les jeunes aussi, leur volant l’espérance et même, dans trop de cas, la vie elle-même ».

C’est là que les jeunes ont un rôle essentiel à jouer car « l’Esprit de Jésus peut apporter une vie nouvelle à chaque cœur humain et peut transformer chaque situation, même apparemment les plus désespérées. » Le Pape a donc appelé les jeunes réunis à Solmoe à se faire missionnaires, « à témoigner de l’Evangile de l’espérance », « à l’école, dans les lieux de travail, dans les familles, à l’université et dans les communautés ».

Le Pape improvise en anglais

Puis le Pape a abandonné son texte lu en anglais pour répondre d’abord en anglais, puis en italien, reconnaissant avec le sourire, « qu’il avait un pauvre anglais ». Il n’a pas hésité, mélangeant anglais et italien, à affronter les questions difficiles que lui avaient posé les jeunes auparavant. Répondant à Smey, une jeune Cambodgienne, sur sa vocation, il lui a conseillé de suivre la route que Dieu a choisi pour elle et non de choisir entre une vie consacrée et une vie passée au sein de sa communauté villageoise. Il lui a également assuré qu’il se chargerait, à son retour à Rome, de lancer des recherches sur des dossiers de canonisation de son pays, qui ne compte pas encore de bienheureux et de saints reconnus par l’Eglise.

Le Pape a ensuite demandé aux jeunes de prier pour leurs « frères du Nord », ceux de Corée du Nord car « nous sommes une seule famille ». Il répondait ainsi à Marina, une jeune Sud-Coréenne qui se demandait que pouvaient faire les jeunes catholiques coréens pour la Corée du Nord alors que les deux peuples ont passé soixante ans dans la haine réciproque. La prière reste ainsi la meilleure arme pour réconcilier les deux peuples frères. « Vous parlez la même langue, pensez à vos frères du Nord, et quand en famille on parle la même langue il y a aussi une espérance humaine ».  

Revenant ensuite à son texte, le Pape a voulu donner aux jeunes trois suggestions pour être « d’authentiques et joyeux témoins de l’Evangile ». Tout d’abord ne jamais perdre l’espérance dans la vérité de la parole de Dieu et le pouvoir de sa grâce. Ensuite, prier quotidiennement et puiser joie et force dans l’eucharistie, tout en prenant une « part active et généreuse à la vie de vos paroisses », sans oublier de s’impliquer dans les œuvres de charité. Enfin se laisser guider par « la sagesse de la parole du Christ et par le pouvoir de sa vérité ». 








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