2014-08-21 16:15:00

A Mayotte, les jeunes français vivent dans une extrême précarité


(RV) Après l’île de la Réunion, le président français est à Mayotte ce vendredi. A l'occasion de cette visite et face au manque de moyens sur l’île, les responsables de trois organisations humanitaires françaises, parmi lesquelles le Secours Catholiques, ont lancé un appel à François Hollande. Elles étaient à Mayotte pour une mission le mois dernier et elles ont constaté qu’une grande partie des Mahorais et en particulier les jeunes vivent dans une extrême précarité. Un sujet préparé par Audrey Radondy

Mayotte, île de l’océan Indien loin de la métropole, abrite le plus grand bidonville de France. La moitié des habitants a moins de 18 ans. Une grande partie de ces jeunes sont étrangers, la plupart viennent des Comores, situé à seulement 200 km de Mayotte. Des jeunes avec ou sans papiers qui ont un point commun : leur avenir est incertain, c’est le constat fait par Delphine Bonjour, chargée des relations institutionnelles au Secours Catholique. L’association a été alertée par ses équipes locales de la gravité de la situation à Mayotte. Pour elle, il y a urgence, il faut agir rapidement. Delphine Bonjour était sur l’île en juillet dernier . « Il y a des vrais problèmes en matière d’accès à l’éducation, d’accès aux soins et un gros problème pour l’accès à l’identité. Il y en a beaucoup qui sont sans papiers, qui ont peu d’espoir de se voir régulariser dans un avenir proche et tout ça peut générer aussi du désœuvrement, de la violence et surtout du désespoir ».

Malgré ces nombreux problèmes, cette jeunesse a envie d’apprendre et de se former. Des envies et des rêves difficiles à réaliser quand les moyens humains et financiers ne sont pas à la hauteur des enjeux. Ces jeunes n’ont pas droit au même traitement que ceux de métropole. Et pour cause, l’argent versé par l’État est insuffisant. « On investit à Mayotte beaucoup moins que dans le reste de la métropole. La dépense par habitant et notamment la dépense par enfant scolarisé est beaucoup moins importante », précise Delphine Bonjour.

Il est difficile de se soigner à cause du manque de médecins. Au niveau de l’éducation, les jeunes ont du mal à réussir leurs études supérieures : 90% des Mahorais ratent leur première année. Santé, éducation et pour certains jeunes le problème, c’est seulement d’exister. Aujourd’hui, 3 000 migrants seraient livrés à eux-mêmes, sans protection, après l’expulsion de leurs parents. Et à cette liste déjà longue s’ajoute un autre drame, qui inquiète les associations présentes sur place. « On est très interpellé par la situation des jeunes qui sont des « ni-ni », c’est-à-dire ni expulsables, ni régularisables. Des jeunes qui sont sans papiers, qui peuvent plus ou moins aller à l’école jusqu’à l’âge de 16 ans et ensuite on ne leur propose plus rien », ajoute la chargée des relations institutionnelles du Secours Catholique.

Des situations pour lesquelles il faut vite trouver des solutions. La détresse sociale dans laquelle vivent de nombreux habitants pourrait provoquer une nouvelle crise. A l’automne 2011,  de violents affrontements entre des jeunes et des gendarmes avaient éclaté au nord de l'île de Mayotte, en proie à une crise sociale. Delphine Bonjour a bien senti que si rien n'est fait, la désespérance pourrait aboutir à des explosions sociales. Pourtant, comme elle a pu le constater, la population a envie de se construire un avenir et notamment les jeunes. 

Dès leur retour en France, les trois organisations humanitaires ont proposé au gouvernement une concertation avec tous les acteurs locaux : les pouvoirs publics, les associations, les habitants et surtout les jeunes. Avec pour objectif de trouver des mesures adaptées à la situation de Mayotte, comme par exemple un plan d’avenir pour la jeunesse. Delphine Bonjour et toutes les associations savent que l’île a du potentiel. « On peut y aller, il ne s’agit pas de faire de fausses promesses. Bien sûr qu’il faudra  un peu d’argent, mais Mayotte est devenue ce qu’on appelle une région ultrapériphérique de l’Europe. Donc il y a des moyens européens qui peuvent être sollicités. Nous même, on va continuer à travailler sur place, en nous ouvrant à d’autres associations locales pour essayer de mieux répondre aux besoins ». 

 

 

 








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