2014-08-21 15:54:00

Le Pape à l'écoute de son envoyé personnel en Irak


(RV) Ce jeudi matin, François a rencontré le cardinal Fernando Filoni de retour d’Irak après un peu plus d’une semaine de mission sur place en tant qu’envoyé personnel du Pape. Le Souverain pontife a voulu rencontrer son envoyé personnel dès le lendemain de son arrivée. « Cela montre sa sensibilité », explique le cardinal Filoni à notre confrère italien Sergio Centofanti. « Il souhaitait connaître directement de moi tout ce que j’avais vu et entendu lorsque j’ai rendu visite à nos chrétiens et aux Yazidis ».  Lors de cette rencontre , le Pape a essentiellement écouté. « Il m’a laissé parler longuement (...) Il était très attentif à ce que je lui disais ». Le cardinal Filoni a rapporté au Pape les attentes des réfugiés, leurs préoccupations et « ce que sont un peu les lignes de conduites de l’Eglise ». Le Pape s’en est réjoui, assure le cardinal.

L’espoir d’un retour dans leurs villages, sécurisés

« Ma mission était avant tout humanitaire, pour ne pas dire exclusivement ». Sur place nous sommes désormais conscients de l’urgence à laquelle il faut faire face. Le prélat italien décrit l’occupation de chaque champ, de chaque chambre, de tous les lieux mis à la disposition des habitants en exil de la plaine de Ninive. En Irak, c’est le moment le plus chaud de l’année. Il fait entre 47 et 48 degrés et bien sûr, les réfugiés ont besoin d’eau, de se laver, d’être aussi un peu à l’ombre,  surtout les enfants, les personnes âgées et les malades.

« Tous se demandent combien de temps cela va durer  et ce qui les attend ». « Nous avons espoir, mais il faut regarder la réalité en face ». Parmi les chrétiens, ils sont très nombreux à vouloir rentrer, mais il faut que « leurs villages soient sûrs. Il faut qu’en rentrant, il soient protégés d’une ceinture de sécurité ».

« Je garde les pieds sur terre. Jusqu’à ce que les villages ne soient plus occupés, que les gens ne reprennent pas confiance, ne commencent pas à rentrer et à récupérer leurs maisons, ce ne sont que des suppositions qu’on émet. Donc si il y a un début d’espoir, il faut qu’il se concrétise ».

Heureux de partager de la souffrance des réfugiés

Dans cet entretien accordé à Radio Vatican, le cardinal Filoni fait part de ses impressions personnelles. Il se réjouit de ces retrouvailles avec cette terre aimée et d’avoir revu des personnes engagées dans un travail d’aide. (Le prélat italien fut nonce apostolique en Irak lors de l’invasion américaine en 2003 et le dernier diplomate à rester en poste à l’époque à Bagdad.)

 Il fut heureux d’avoir pu apporter une parole « d’espérance, de confiance et d’encouragement ».  Quant aux déplacés, « ils avaient besoin de se faire entendre », de faire connaitre leurs aspirations, voire de « se défouler ». Le cardinal Filoni est heureux d’avoir pu, de près, partager leurs souffrances, d’y prendre part. « Ce fut un moment très beau spirituellement ». Il assure avoir été récompensé par tant d’affection, de générosité, par « les sourires des enfants et la gentillesse de tant d’hommes et de femmes ».

Des visages l’ont marqué. Ceux qui ont tout perdu, mais qui ont tous leurs proches en vie sont, « pour ainsi dire, chanceux », explique-t-il. Le cardinal Filoni semble ému par la situation « angoissante » des Yazidis en particulier qui ont vu leurs proches tués, enlevés, vendus...  « Leurs visages regardent dans le vide, perdus dans un futur qui n’est pas compréhensible », décrit-il. Le prélat se dit inquiet pour l’avenir de toutes ces femmes qui ont perdu leurs maris, frères, pères. Au Moyen-Orient, le sort d’une femme seule n’est pas celui d’une femme occidentale qui peut compter sur ses propres forces. « C’est très très douloureux ». « Le regard de ces femmes assises, affalées, privées d’expression était très impressionnant ».

« J’espère qu’ils pourront rentrés chez eux. Leur espérance est aussi la mienne », affirme enfin l’envoyé du Pape en Irak.








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