2014-08-25 17:14:00

A Crusnes, l'église est à vendre


(RV) Un panneau à vendre, mais sur une église. A Crusnes, dans l’est de la France près de Metz, l’église Sainte-Barbe cherche preneur. Construit en 1939, l’édifice religieux est entièrement en fer et classé Monument historique. Mais le diocèse de Nancy n’a plus les moyens de l’entretenir, et a donc décidé de s’en séparer. Une pratique de plus en plus courante en France. Le récit de Christelle Pire

Dans ce village de 1600 habitants, une grande église blanche se tient au milieu des érables. Quand on s’approche un peu, on se rend compte que l’édifice est entièrement en fer. C’est la particularité de l’église Sainte-Barbe, construite juste avant la Seconde Guerre mondiale. La compagnie Wendel de Hayange, propriétaire de la Société des Mines de fer de Crusnes, cherchait de nouveaux débouchés pour sa production. Elle a alors développé cette idée d’église préfabriquée, prête à l’emploi, que l’on pouvait monter comme un jeu de construction. Sainte-Barbe a été construite dans un style Art déco pour servir d’exemple, puis la compagnie Wendel voulait vendre ses églises dans toute l’Afrique. Mais la guerre a tout stoppé net. Et Sainte-Barbe est restée l’unique exemplaire. Elle fut ensuite cédée au diocèse de Nancy et de Toul. Mais l’entretien est trop cher, explique Père Robert Marchal, le vicaire épiscopal chargé des affaires économiques et sociales. Il cherche aujourd’hui un nouveau propriétaire pour l’église.

« Un bâtiment en fer, fut-il une église, subit l’érosion et demande un entretien très lourd. La direction régionale des affaires culturelles (DRAC) de Metz a entrepris cinq séries de travaux pour remettre en état ce bâtiment. Et il y a trois ans, ils ont décidé qu’ils avaient fini de mettre de l’argent. Mais il se trouve que l’église n’est pas encore utilisable. Donc on en est là. J’ai dit que je ne mettrai plus d’argent dans ce local, puisque la communauté catholique locale n’a pas besoin de ce lieu, je ne vois pas pourquoi nous le garderions. Alors le problème, c’est que nous sommes propriétaire d’un lieu dont nous n’avons plus les moyens d’entretenir. Et personne n’en veut, ni la mairie, ni les institutions comme le conseil régional. Personne n’en veut mais tout le monde dit "il faut le conserver". Alors je veux bien qu’on le conserve, je n’ai rien contre, mais je ne veux pas que la communauté catholique soit obligée de conserver quelque chose dont elle n’a plus les moyens aujourd’hui d’entretenir. »

Les églises, des lieux de mémoire

Sainte-Barbe n’est plus utilisée depuis une dizaine d’années, car il existe une deuxième église à Crusnes, l’église Saint-Léger. Pour se séparer de son bien, le diocèse de Nancy et de Toul a confié la vente à une agence spécialisée dans les édifices de caractère. Patrice Besse en est le directeur. En ce moment il a une trentaine d’églises en vente, qui ont toutes été désacralisées.

« Comme nous sommes très regardant sur la destination nouvelle de ces lieux que nous cédons, on demande beaucoup de choses aux nouveaux acquéreurs et donc on ne les cède pas facilement. Nous nous attachons à ce que ces lieux restent ouverts au public, parce que ce sont des lieux de mémoire. On essaye de faire en sorte que les gens qui ont marié leurs enfants, enterré leurs parents dans ces lieux, puissent continuer à se les approprier. Et pour cela il faut que ce soit des lieux encore ouverts au public. Donc notre démarche n’est pas cultuelle, mais au moins culturelle. Et quand on vend un édifice religieux, on a évidemment beaucoup de demandes parce que si on ramène ça au prix du mètre carré, ce sont de très bonnes affaires. Mais après ça, quand on veut les utiliser culturellement comme nous essayons de le faire, c’est beaucoup plus compliqué parce que ce sont des lieux qu’il faut aménager, avec des normes de sécurité. »

Les églises suscitent plus d’engouement chez les vendeurs que chez les acheteurs. Le diocèse de Nancy et de Toul, par exemple, cède son troisième édifice religieux. Mais ce genre de bâtiments se situe souvent dans des milieux ruraux. Il est alors difficile de trouver des projets culturels qui peuvent s’y implanter. Si vous êtes intéressés par l’église de Crusnes, sachez que le prix de départ est fixé à 250 000 euros, pour 500 m2.








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