Paul Bhatti : "Le Pape est proche des chrétiens persécutés"

(RV) Entretien- Un moment émouvant en marge de l’audience générale ce mercredi : le Pape François a reçu l’ex-ministre pakistanais chrétien, Paul Bhatti et sa mère. Suite à cette entrevue, notre confrère de la rédaction italienne, Alessandro Gisotti, a recueilli le témoignage de Paul Bhatti, dont le frère, Shahbaz, a été tué il y a trois ans par des islamistes radicaux :

Ça a été pour moi une grande émotion, pas tant de voir le Saint-Père, -je l’ai déjà vu plusieurs fois-, mais de le voir avec ma mère. C’était un grand désir qu’elle avait, de le rencontrer et de partager avec lui. Sa première pensée était de vouloir prier pour lui, qui est en train de faire un excellent travail pour tous les chrétiens du monde, et surtout pour ceux persécutés, notamment en Irak et au Pakistan. Elle lui a partagé son sentiment, me demandant d’assurer la traduction. Et j’ai dit au Saint-Père que ma mère priait pour lui, et qu’elle l’invitait au Pakistan, malgré la situation difficile des chrétiens qui vivent là-bas. Elle y tient cependant, justement parce que la situation est difficile, c’est sa requête. Les chrétiens sont ses fils, et je pense qu’un père, dans les moments d’épreuves, doit se rappeler d’eux. J’ai vu que le Saint Père était ému, il n’avait pas de mot, il a embrassé ma mère, lui a serré la main, et m’a dit qu’il nous était proche et qu’il priait pour nous.

Pour les chrétiens persécutés, cette proximité du Pape est importante, de même que la prière…

Je pense que c’est une des choses les plus importantes, parce qu’ils sont persécutés à cause de leur foi. Et la foi est quelque chose qui nous lie tous, qui nous unit tous. Notre mère l’Eglise est Une, et le Pape François est, disons, la force suprême ! Sa proximité, son amour et sa prière sont clairement très encourageants pour nous. Nous vivons en effet pour notre foi, et c’est pour cela que beaucoup parmi nous sont disposés à vivre et à mourir pour elle. Avoir cette proximité, et sentir cette sécurité est vraiment un moment de grand réconfort.

Que pouvez-nous dire de la situation au Pakistan, de ceux qui souffrent,- et nos pensées vont à Asia Bibi-, de ceux qui sont en prison, à cause de leur foi ?

Nous ne pouvons pas oublier ceux qui souffrent à cause de leur foi, Asia Bibi et tant d’autres. En même temps, nous désirons que Dieu nous aide à porter la paix et la cohabitation pacifique entre les religions. Nous ne pouvons pas oublier les grandes figures, issues d’autres religions (musulmane), comme Salmaan Taseer, qui s’est battu pour les chrétiens, se sachant menacé de mort pour la défense d’Asia Bibi, mais il l’a accepté. Rappelons-nous de ces figures.

Il faut souligner que ce n’est pas une guerre entre chrétiens et musulmans…

Oui, exactement, nous croyons en cela, et nous avons bon espoir qu’il y ait des personnes sensibles, également de foi musulmane, qui croient en la dignité de l’homme, en la paix et en l’amour. Cela nous laisse l’espérance qu’un jour, on puisse dépasser ces obstacles, qui sont nés de la discrimination, de la division, et comme l’a dit le Pape aujourd’hui, qui sont opposés au dialogue, qui divisent, et qui se traduisent en haine entre les religions et entre les hommes, même entre chrétiens.