2014-09-13 15:32:00

Méditation de l’Exaltation de la Croix


Le Père Joseph Ballong nous introduit à la méditation, avec les lectures du dimanche de la Croix Glorieuse :

Glorieuse la croix ? Glorieux, l’instrument de supplice et de mort ? Comment est-ce possible. Glorieuse la Croix, oui parce qu’elle est l’instrument et le lieu de la révélation de Dieu. De la révélation, non pas l’enseignement d’une doctrine sur Dieu, mais le don total de Dieu à nous tous. Le don total de Dieu par lui-même : « Mon corps livré, mon sang versé ». Le don , l’acte souverain de l’amour.

En relisant attentivement les paroles qui nous sont données à méditer en la fête de la Croix Glorieuse, et en particulier cet entretien de Jésus avec Nicodème, nous pouvons voir comment, à ce spécialiste des Ecritures, Jésus explique successivement la notion de l’homme et l’infini de l’Etre divin. L’Homme, créé, « chair » comme tous les animaux, mais en plus animé par le souffle de Dieu, l’Esprit, « insufflé dans sa narine » à ce jour de la création et qui le rend libre, comme Dieu est libre et comme le Vent qui « va où il veut ». Cela, c’est dans le livre de la Genèse, et Nicodème devrait le savoir, cela c’est l’homme. Et  chacun de nous doit, dans l’Esprit, se conquérir lui-même sur son animalité. Naître par sa propre liberté, au lieu de se laisser vivre au gré des vicissitudes du monde. Cela, c’est l’homme et sa vocation de tous les matins.

Il y a ensuite ce qui est dit de Dieu. Et cela Nicodème l’avait déjà lu dans la Bible. Cela est le témoignage unique de Dieu sur lui-même. Et  ce témoignage de Dieu sur Dieu c’est «  Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique ». Cela c’est Dieu. C’est l’absolue nouveauté de l’Evangile. Aucune pensée religieuse au monde ni avant ni après n’avait jamais identifié le divin à l’amour. A la puissance, oui, à la justice, peut-être, à l’amour, jamais.

Cela, sans doute, nous l’avons entendu bien des fois. Mais nous avons à comprendre en cette fête de la Croix glorieuse et tous les jours de notre vie, cette référence au serpent d’airain. Le peuple, au désert, blasphème et meurt en disant : «  c’est pour nous faire périr tous que Dieu nous a sortis  d’Egypte ». Alors, les serpents de feu, image de la mort, les avait assaillis et le fléau les dévorait comme autrefois la lèpre et aujourd’hui  on peut dire comme le Sida ou l’Ebola. Et Dieu a transformé l’image de la mort et du blasphème en manifestation de la grâce qui est en lui, dans son Etre, dans sa nature, dans son identité. Son nom qu’il n’a jamais voulu révéler et jusqu’ici est un «  Je suis », mais ouvert et patent. Il s’appelle Amour ,et Grâce .

Et cet amour, son nom propre, annoncé, par le serpent d’airain, s’est rendu visible, concret, tangible sur la croix.

Un condamné à mort, c’est quelqu’un dont on a dit « il est entièrement mauvais, il est le mal même, le monstre en personne, il est irrécupérable. Son identité c’est le mal. Enlevez –nous cela ! Nous n’avons rien de commun avec lui. Nous ne pouvons pas le voir sans être souillé. Enlevez-ça !

Et Jésus a été mis au rang des malfaiteurs, au rang où aucun malfaiteur ne fut mis. Jésus est descendu au-dessous du niveau limite. Au-dessous de tous les pécheurs ; «  Il a été fait péché pour nous ». Identifié au péché, son identité c’est le péché, lui qui n’a jamais péché . Librement, pour que personne ne puisse se croire exclu de son amour, il est descendu au-dessous de toute indignité et de tout déshonneur, partageant avec tous, amour sans jugement pour tous. Et c’est cela Dieu.

Révélation de Dieu comme on se dévoile pour l’amour, comme on se livre dans l’amour. Souverainement sans défense. Et la Croix est le lieu et l’ostensoir glorieux de cette apparition, au sommet du monde et de l’histoire. En mourant, il s’est donné, il a fait éclater sa gloire. «  Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ».Maintenant, nous savons que l’amour existe, et qu’il est Dieu et que chaque homme est aimé infiniment, à commencer par le plus petit. C’est cela notre espérance, c’est cela la gloire, celle de l’homme et celle de Dieu sur la Croix.








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