2014-09-15 11:43:00

Percée historique de l'extrême-droite aux législatives suédoises


(RV) Entretien - Les négociations pour former un nouveau gouvernement ont commencé lundi au sein de la gauche suédoise. Dimanche les sociaux-démocrates ont remporté les élections législatives avec 31,2% des voix. Leur chef de file, Stefan Löfven, sera donc le nouveau Premier ministre. Il dirigera une coalition de gauche avec les sociaux-démocrates, les Verts et le Parti de gauche. C'est l'alternance après huit années dirigées par la droite.

Mais avec 158 sièges selon les projections, la gauche n’a pas la majorité absolue et sa coalition risque d’être fragile. D’autant plus que l’extrême-droite est le grand vainqueur de cette élection. Les Démocrates de Suède, le parti anti-immigration, devient la troisième force du pays avec 49 députés, contre seulement 20 il y a quatre ans. Avec 12,9% des voix, le parti d’extrême-droite devient ainsi le pivot du Parlement. Une montée en puissance que nous explique Cyril Coulet. Interrogé par Christelle Pire, il est chercheur spécialiste des pays nordiques.

« Nous sommes tout à fait les maîtres du jeu, a affirmé Jimmie Akesson, le président des Démocrates de Suède. Il est évident que les autres partis devront nous prendre en considération désormais. » Pour l'instant les sept autres partis qui siègent au Parlement refusent de discuter avec l'extrême-droite. « Il n'y aura pas de coopération avec eux, a répondu Stefan Löfven. Gardons à l'esprit que 87% des Suédois n'ont pas voté pour eux. »

 

Il y a sans doute des éléments internes et des éléments extérieurs. Les éléments extérieurs, c’est une sorte de banalisation de l’extrême-droite en Europe en règle générale et dans les pays nordiques en particulier. Par exemple, l’extrême-droite est maintenant au pouvoir en Norvège dans le cadre d’une coalition gouvernementale avec la droite. Donc, on a ce contexte-là qui joue et il y a des éléments plus internes et plus spécifiques : la médiatisation et les conflits de valeurs liés à l’émigration, à la présence de populations originaires d’autres pays. Les suédois étaient assez choqués de découvrir en 2012 qu’ils étaient le pays dans lequel les inégalités avaient le plus progressé au sein de l’OCDE sur la période allant de 1985 à 2010. On a une tendance lourde vers une segmentation de la société qui est porteuse d’inquiétudes sur lesquelles l’extrême-droite s’est focalisée. C’est une inflexion très forte et une remise en question de ce qui était l’un des fondements de la politique sociale-démocrate et donc, d’une certaine conception de la société qui prévalait jusqu’ici. 








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