2014-09-19 15:28:00

L'Albanie attend avec enthousiasme le Pape François


(RV) Le compte à rebours a commencé à Tirana. La capitale albanaise va recevoir le Pape François ce dimanche pour son premier déplacement européen. Place Mère Teresa, au bout du Boulevard des Martyrs de la nation, les tractopelles et les bulldozers s’activent pour terminer à temps les travaux sur cet axe principal de la ville. C’est ici que le Pape François célèbrera la messe, sur une place encadrée par trois imposants bâtiments universitaires qui témoignent de l’occupation fasciste et de la dictature communiste, les deux totalitarismes subis par l’Albanie au XXe siècle. Jean-Baptiste Cocagne s'est rendu sur place :

 

Pour Ardian Marashi, chercheur à l’Institut d’Etudes albanaises de Tirana, cette messe en pleine ville de Tirana est « une manière de dire que François est le bienvenu pour tous. Sa visite redonne de l’espoir aux Albanais et redonne confiance, comme pour dire que l’Albanie n’est pas seule et que l’intégration en Europe n’est pas seulement économique et politique, mais aussi spirituelle ».

Depuis l’annonce officielle de sa visite en juin, tout semble avoir été lancé pour recevoir au mieux le Saint-Père. La route de l’aéroport a été en travaux tout l’été, le goudron refait et des allées d’arbres plantées. Aujourd’hui, tous les 50 mètres, flottent côte à côte les drapeaux albanais et du Vatican sur la trentaine de kilomètres qui séparent l’aéroport Mère Teresa du centre-ville.

Un événement pour tous les Albanais

Si le Pape est le chef spirituel des catholiques, le gouvernement veut profiter de cette visite pour en faire un événement pour tous les Albanais. Des expositions et des conférences sont organisées en marge du voyage apostolique, à l’initiative du Comité d’Etat pour l’organisation de la visite, d’ailleurs présidée par la ministre albanaise de la Culture Mirela Kumbaro. Pour elle, il est normal que tous les Albanais soient concernés car « les musulmans, les orthodoxes et les catholiques albanais ont toujours vécu dans la cohabitation totale et dans tous les sens. Ils ont toujours partagé les mêmes habitudes, les mêmes problèmes et les mêmes tragédies. Ils ont vécu pour le meilleur et pour le pire dans le même pays et les mêmes familles. Les mariages mixtes sont d’ailleurs un phénomène courant en Albanie ».

L’Albanie est en effet un pays à majorité musulmane, héritage de l’Empire Ottoman, mais des communautés orthodoxes et catholiques sont aussi présentes. Les trois confessions vivent en harmonie, un modèle pacifique spécifique à l’Albanie que le Pape veut mettre en avant en se rendant sur place. Dans un contexte mondial où les origines des conflits sont souvent religieuses, le pays des aigles semble être le meilleur contre-exemple aux tensions interconfessionnelles. Sur la Une du journal de la cathédrale orthodoxe de Tirana, on peut par exemple retrouver l’appel à la paix en Irak et la condamnation de l’Etat islamique, un message signé par tous les responsables religieux du pays. Ahmed Kalaja, l’imam de l’une des 15 mosquées de Tirana, voit la venue du Pape François comme quelque chose de très positif :

« Le Pape François est très populaire, très modeste, simple et très proche des gens. Lui-même a parlé de l’Albanie comme d’un bon exemple d’harmonie interreligieuse. Nous, les musulmans, nous regardons les chrétiens avec des sentiments positifs car il est aussi écrit dans le Coran « Vous trouverez chez les chrétiens les personnes qui aiment le plus les musulmans ». C’est très vrai et nous nous sommes toujours félicités de cela. Comme chefs religieux, nous voulons inculquer cette attitude chez nos fidèles pour qu’elle soit toujours une caractéristique des musulmans. »

Une cohabitation visible entre Islam et Eglises

Cette cohabitation entre Islam et Eglises chrétiennes est une réalité visible un peu partout en Albanie. Dans chaque village, les minarets côtoient les clochers, et dans la rue, des femmes voilées en croisent d’autres aux décolletés plongeants. Tous ont partagé la même histoire et la même souffrance quand les religions étaient interdites sous le régime communiste. En 1967, le dictateur Enver Hoxha avait même proclamé l’Albanie premier Etat athée au monde.  Musulmans, orthodoxes et catholiques en ont chacun payé le tribut. Les prêtres et les imams étaient jetés en prison, torturés ou envoyés en camp de travail forcé. Rendre hommage à ces martyrs de la foi est l’autre raison de la venue du Pape François en Albanie.

23 ans après la chute du communisme et la réouverture des frontières, cette visite du souverain pontife semble entériner la transition démocratique de l’Albanie, tant politique que spirituelle. En 1993, le Pape Jean-Paul II s’était rendu sur place avec Mère Teresa et avait ordonné les premiers évêques de l’après-communisme. En 2014, le Pape François est attendu pour les encourager à poursuivre le chemin parcouru.

 

> Retrouvez l'album photos des préparatifs pour la venue du Pape François en cliquant ici

 








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