2014-09-20 15:28:00

Méditation du XXVe Dimanche du Temps Ordinaire


Le Père Antoine Kerhuel, SJ, Conseiller général du Préposé Général de la Compagnie de Jésus, nous introduit à la méditation avec les lectures du XXVe Dimanche du Temps Ordinaire :

Dieu n’est vraiment pas un comptable : Dieu ne compte vraiment pas comme nous. C’est bien ce que nous enseignent les textes de la liturgie de ce dimanche : Dieu ne raisonne pas comme nous !

Le prophète Isaïe l’exprime d’une manière très nette : «  mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes chemins ne sont pas vos chemins ». D’une manière très nette, mais aussi très poétique : «  autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus des vôtres, et mes pensées, au-dessus de vos pensées ».

Matthieu donne de cette différence une illustration dans l’Evangile de ce jour. Voilà un homme riche qui a besoin de bras pour travailler ses terres. Il sort à l’aube et trouve des hommes qui attendent d’être embauchés ; il les envoie à sa vigne en leur promettant un salaire d’un denier pour une journée de travail. Il sort à nouveau à neuf heures et trouve de la main d’œuvre inemployée qu’il appelle aussitôt à sa vigne en leur disant : « ce qui est juste, je vous le donnerai ». Il sort encore à midi, et à trois heures, et à cinq heures, et il agit de même. Vraiment, cet homme a besoin de beaucoup de monde pour travailler à sa vigne ! A la fin de la journée, il fait appeler tous ces travailleurs et il ordonne à son intendant de donner à chacun, en commençant par ceux qui sont arrivés en dernier, la même somme : un denier! Evidemment, cela provoque des grincements de dents. Comment se fait-il que tous, ceux qui ont peiné toute la journée comme ceux qui sont arrivés au dernier moment, reçoivent la même somme ? Notre sens de la justice ne trouve pas son compte avec cette manière de faire ! et un sentiment d’indignation nous gagne. Mais voilà : Jésus nous dit qu’il en va ainsi dans le Royaume des Cieux. Nous aussi, nous sommes sans doute perturbés car nous aimerions bien que Dieu pense, raisonne et agisse comme nous. Mais le Dieu dont nous parle Jésus est un Dieu dont le sens de la justice déborde tout calcul et toute comptabilité, un Dieu dont le sens de la justice va vers le jamais-entendu, vers le jamais-vu, vers le jamais-pensé. Chaque être humain est égal devant Dieu, dès lors qu’il s’est mis à travailler dans la vigne du Seigneur : ce qui doit être évalué, ce n’est pas le temps passé dans la vigne, mais le désir de travailler dans la vigne (et un désir qui s’inscrit dans les faits). Dieu ne juge pas à la quantité (le temps passé dans la vigne), mais à la qualité (la disponibilité, traduite dans les faits, à travailler dans sa vigne). Cette autre façon de compter souligne la générosité de Dieu. Cet évangile nous rappelle ainsi que jamais un être humain ne peut être regardé comme perdu, car tant qu’il n’est pas parvenu à son dernier souffle il lui est toujours possible de dire au Seigneur : « voilà quelle a été ma vie ; jusqu’à présent je n’étais pas avec toi, mais maintenant j’ai compris où est la voie vers la vie ; je t’en prie, envoie-moi à ta vigne ! »

Acceptons cet appel à penser autrement, et nous irons de surprise en surprise. Alors nous ne serons pas indignés d’entendre l’apôtre Paul s’adresser aux Philippiens, comme il le fait dans la deuxième lecture de ce dimanche, en disant : « Pour moi vivre c’est le Christ, et mourir est un avantage ». La vie du chrétien est une vie cachée en Jésus mort et ressuscité, une vie nouvelle qui suit une autre logique, une vie qui obéit à d’autres règles que celles auxquelles, dans notre monde, nous sommes habitués. Par le baptême, nous avons été plongés dans la mort et la résurrection du Christ. Puissions-nous grandir sans cesse dans cette vie nouvelle ! Nous découvrirons alors combien nous sommes appelés à la vie pour être, véritablement,  « à l’image et à la ressemblance de Dieu ».








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