2014-09-23 17:25:00

RCA : un prêtre reçoit un prix pour avoir sauvé des musulmans


(RV) Témoignage - C’est une mission catholique qui est restée fidèle au charisme de saint Camille de Lellis. Grâce à elle, de nombreux Centrafricains ont pu être secourus pendant la vague de violences, l’année dernière, entre la Séléka et les milices anti-balaka. Cette mission, c’est celle de Bossemptélé, une ville dans le nord-ouest de la Centrafrique. Là-bas, une communauté de Camilliens, avec l’aide d’autres religieux, gèrent un hôpital et s’occupent de l’apostolat de la paroisse de Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus.

La semaine dernière, l’ONG Human Rights Watch a salué le rôle essentiel de cette mission, en décernant au supérieur de la communauté qui dirige l’hôpital, le Prix Alison Des Forges. Ce prix met en évidence l’engagement pour les droits humains. Un hommage a donc été rendu à ce prêtre qui a défendu sans relâche les personnes les plus vulnérables.

Un sujet préparé par Audrey Radondy et Tiziana Campisi 

A Bossemptélé, le 18 janvier dernier, a eu lieu l’une des attaques les plus meurtrières de la crise centrafricaine. Ce jour-là, les anti-balaka ont tué plus de cent personnes, presque tous des musulmans, selon Amnesty international. Pendant des journées entières, le père Bernard Kinvi a cherché des survivants, la plupart étaient des enfants, pour les mettre à l’abri des violences. « Il avait beaucoup de morts dans les rues, on a retrouvé beaucoup de rescapés dans les quartiers, beaucoup de blessés qu'on a soigné à l'hôpital et on a gardé plus de 1 500 réfugiés dans l'école SainteThérèse des soeurs Carmélites », raconte le père Bernard Kinvi. 

Dès le début de la guerre, les supérieurs avaient demandé aux Camilliens s’ils voulaient rester ou partir. Mais pour eux, pas question de fuir. Alors en suivant l’exemple de saint Camille de Lellis face à la peste, ils ont fait le vœu de servir les malades, les blessés et d’accueillir les réfugiés, même au péril de leurs vies. « Nos actions étaient divisées en trois axes, le premier c'était d'accueillir ceux qui venaient se réfugier à la mission catholique, le deuxième, c'était d'aller fouiller les maisons pour trouver des survivants et enfin le troisième axe, c'était d'enterrer les cadavres, de leur offrir au moins une sépulture », précise le supérieur de la communauté.

Aujourd’hui, la plupart des musulmans se sont réfugiés au Cameroun. Ceux que la  communauté a accueilli, ont aussi pu rejoindre ce pays voisin, grâce à l’aide des forces spéciales de l’Union africaine et à la mission des Camilliens. Le père Kinvi a pu rencontrer la plupart de ces réfugiés, « ils sont très heureux d'être à l'abri de la guerre et ils regrettent que les choses soient devenues comme ça ».

Un acte héroïque 

En accueillant ces hommes et ces femmes, en les soignant et en les mettant en sécurité, le père Bernard Kinvi, comme l’ensemble de sa communauté, n’imaginait pas accomplir un acte héroïque. Pour lui, le prix qu’il a reçu de Human Rights Watch est avant tout un encouragement, un signe du Christ. « Je me considère comme un représentant de toute la mission catholique de Bossemptélé, et en même temps de tous les prêtres, de tous les religieux et religieuses qui, partout en Centrafrique, se sont battus. Ce n'est pas seulement notre paroisse qui a fait cette œuvre, mais partout dans les missions catholiques ».

Aujourd’hui, la mission continue. Ils doivent désormais s’occuper d’une population toujours plus pauvre, toujours plus malade et qui ne peut pas se soigner à cause du coût des soins. Et pour installer une paix durable en Centrafrique et assurer le futur du pays, le père Kinvi croit au travail que peuvent faire, tous ensemble les Centrafricains. « J'ai appelé tous les fils et filles de la Centrafrique à se reconcillier, à travailler pour la paix. En Centrafrique depuis très longtemps, les musulmans et non musulmans ont toujours vécu ensemble et en bonnes relations », insiste le lauréat du Prix de Human Rights Watch. 

Alors plus que jamais, le père Bernard Kinvi a un rêve, que tous les musulmans qui ont fui leur pays, puissent revenir un beau jour, pour bâtir une meilleure Centrafrique.








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