2014-09-30 13:34:00

Évitons le théâtre et prions pour ceux qui souffrent vraiment


(RV) « Mêmes nos plaintes, issues de moments d’incertitude, deviennent une prière. Mais faisons attention aux 'plaintes de théâtre' ». C’est ce qu’a souligné le Pape François lors de l’homélie célébrée ce mardi matin en la chapelle de la maison Sainte-Marthe. Commentant la première lecture, un passage du livre de Job, le Pape a évoqué ceux qui vivent « de grandes tragédies », comme les chrétiens chassés de leurs maisons en raison de leur foi.

Maudire, est-ce toujours blasphémer ?

Le Pape François a centré son homélie sur cette première Lecture qui nous montre que Job maudit sa vie. Job maudit le jour où il est né et sa prière ressemble une malédiction. « Il a été mis à l’épreuve, a reconnu le Pape, il a perdu toute sa famille, tous ces biens, sa santé et tout son corps est devenu une plaie, une plaie dégoûtante ». À ce moment là, a souligné le Pape François, « il perd patience et dit de telles choses. De mauvaises choses ! Mais il était toujours habitué à dire la vérité et c’est la vérité qu’il ressent à ce moment-là ». Jérémie utilise également les mêmes paroles : « Maudit soit le jour où je suis né ! ». « Mais cet homme blasphème-t-il ? » C’est la question que se pose le Pape François. « Cet homme qui est ainsi, seul, blasphème-t-il ?

« Lorsque Jésus se plaint : “Père, pourquoi m’avez-vous abandonné?”, blasphème-t-il ? C’est un mystère. Souvent, j’ai entendu des personnes vivant des situations difficiles, douloureuses, qui ont perdu tant de choses ou qui se sentent seules et abandonnées qui viennent se plaindre et se posent la question : Pourquoi ? Pourquoi ? Ils se rebellent contre Dieu. Je leur dis: “Continuez à prier ainsi, parce que c’est aussi une prière”. C’était une prière lorsque Jésus a dit à son Père : « Pourquoi m’avez-vous abandonné ? ».

Tant de frères n'ont pas d'espoir

Job fait une prière. Il a souligné que prier est devenir vérité devant Dieu. Et Job ne pouvait pas prier autrement. « On prie avec la réalité, a-t-il ajouté, la vraie prière vient du cœur, de ce que l’on vit ». « C’est la prière des moments de confusion, des moments de la vie, a dit le Pape, où il n’y a pas d’espoir, où ne perçoit pas l’horizon ». Aujourd’hui, beaucoup de personnes se trouvent dans la situation de Job, affirme le Pape. « Comme Job, beaucoup de personnes ne comprennent pas ce qui leur est arrivé, car c’est ainsi. Tant de frères et de sœurs n’ont pas d’espoir. Pensons aux tragédies, aux grandes tragédies. Par exemple, nos frères qui sont chassés de chez eux parce qu’ils sont chrétiens et restent sans rien : Mais Seigneur, j’ai cru en toi. Pourquoi ? Croire en toi est-il une malédiction, Seigneur ? »

« Pensons aux personnes âgées qui sont laissées de côté, a-t-il poursuivi, pensons aux malades, aux personnes seules, dans les hôpitaux. L’Église prie pour tous ces gens mais aussi pour nous, lorsque nous traversons un moment d’incertitude. L’Église prie ! Et elle prend sur elle cette douleur et prie ». Et nous, « sans maladies, sans faim, sans besoins importants, a-t-il reconnu, lorsque notre âme est un peu ténébreuse, nous croyons être martyrs et nous arrêtons de prier ». Et il y a ceux qui disent « Je suis fâché contre Dieu, je n’assiste plus à la messe ! ». « Mais pourquoi ? demande le Pape. La réponse, c’est « à cause de quelque chose de tout petit ». Le Pape François a reconnu que Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, au cours des derniers mois de sa vie, « essayait de penser au ciel, elle sentait en elle comme une voix qui lui disait « Ne sois pas bête, ne fais pas de fantaisies. Sais-tu ce qui t’attend ? Rien ! ».

Prier pour avancer dans l'obscurité

« Souvent, nous passons par cette situation, nous vivons cette situation. Et de nombreuses personnes pensent de finir dans le néant. Mais Sainte Thérèse, elle priait et demandait de la force pour pouvoir aller de l’avant, dans l’obscurité. Cela s’appelle la patience. Notre vie est trop facile, nos complaintes sont des complaintes de théâtre. Que sont-elles devant les complaintes de nombreuses personnes, de tant de frères et de sœurs qui sont dans l’obscurité, qui ont presque perdu la mémoire, l’espoir qui vivent cet exil d’eux-mêmes, qui sont exilés ? Ce n’est rien ! Et Jésus a parcouru ce chemin : depuis le soir au Mont des Olivers jusqu’au dernier mot sur la Croix : « Père, pourquoi m’avez-vous abandonné ? ».

Le Pape François a décrit deux choses qui peuvent être utiles. « La première : se préparer au moment où arrivera l’obscurité ». Un moment de confusion qui ne sera peut-être pas aussi dur que le moment qu’a traversé Job « mais un moment d’incertitude arrivera ». Il faut préparer notre cœur pour ce moment ». Et deuxièmement : « Prier, comme prie l’Église, avec l’Église pour tant de frères et de sœurs qui pâtissent de leur exil, de l’obscurité et de la souffrance, sans espoir». Telle est la prière de l’Église pour tous ces « Jésus souffrants » partout dans le monde.

 

 








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