2014-10-02 08:22:00

Les débats avant le synode, « signe de la vitalité de l’Eglise »


(RV) Entretien - L’assemblée spéciale du synode des évêques sur les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation s’ouvre dimanche au Vatican, pour deux semaines de réunion regroupant notamment les présidents de toutes les conférences épiscopales du monde.

La question de l’accès à la communion pour les divorcés-remariés, et donc de la validation sacramentelle du remariage, a animé de très vifs débats ces dernières semaines, certains considérant cette aspiration comme une remise en cause de l’indissolubilité du mariage. La préparation du synode, notamment par l’envoi de questionnaires dans les diocèses du monde entier, a suscité une médiatisation de grande ampleur, pouvant donner l’impression d’une cacophonie et de fortes discordances dans le monde catholique.

Le secrétaire spécial de ce synode, Mgr Bruno Forte, archevêque de Chieti-Vasto,, aborde lui cet évènement avec espérance. Pour lui, ces débats sont avant tout le signe de la vitalité de l’Eglise. Il en fait part à Cyprien Viet.

Une discussion vive et même forte, si l’on veut, est le signe de la vitalité de l’Église et non de ses divisions ou de ses contrapositions. Alors, j’invite tous ceux qui aiment l’Église à avoir dans les discussions, dans le synode et même pendant le synode, ce signe de vie, ce signe de jeunesse et que chacun et chacune cherchent les signes de Dieu pour la famille dans notre époque.

 

Au niveau de l’opinion publique et notamment des médias, la question des divorcés-remariés, surtout en France, a pris une ampleur peut-être disproportionnée par rapport à l’ensemble des thèmes qui seront abordés dans ce synode. Est-ce que vous craignez que cette question des divorcés-remariés ne phagocytent les discussions ou au contraire, l’ensemble des thèmes pourront-ils être embrassés durant ces deux semaines de rencontre ?

 

Mais tout d’abord, il n’existe pas de question abstraite. Il existe des gens qui vivent la réalité d’être croyant et en même temps, ils sont blessés. Dans ces situations, Dieu porte sur eux un regard de miséricorde. Je suis convaincu qu’on doit trouver les voies, les chemins, les forces pour exprimer à travers la présence de l’Église, le regard d’accueil, d’accompagnement et de miséricorde de notre Dieu.

 

De façon peut-être un peu caricaturale, on a parfois tendance à opposer la dimension de la doctrine et la dimension pastorale. Comment peut-on réconcilier les deux notions dans une vision d’Église ?

 

Comme le faisait Jean VIII quand il disait que le Concile Vatican II devait avoir une dimension principalement pastorale. Il est question de gens qu’il faut aimer, sauver et servir. Il n’est pas question de théories abstraites. La doctrine de l’Église sur l’infaillibilité est une doctrine qu’on ne peut pas changer parce que c’est l’obéissance au dessein de Dieu, à sa révélation. Mais, dans les applications concrètes, on doit toujours regarder à l’homme et la femme et s’efforcer de toujours trouver des formes de proximité qui sont certainement les formes que Dieu aime pour son Église.

 

Est-ce qu’il y a des points précis sur lesquels le synode pourrait amener l’Église à une évolution de sa doctrine en matière de questions familiales ?

 

Tout d’abord, il faut s’efforcer d’annoncer l’Évangile de la famille et de montrer la dignité, la beauté et la valeur de la famille pour la croissance de la personne humaine, pour l’édification de la société de l’Église à un monde qui souvent, vit la crise de l’institution familiale.

Pour cela, on doit certainement chercher des langages nouveaux qui puissent être des médiations de la bonne nouvelle compréhensibles pour nos contemporains et qui suivent le dessein de Dieu.

 

Une question concernant la méthode, cette réflexion de l’Église sur la famille. Cette réflexion de l’Église sur la famille se tiendra au moins en deux temps avec deux synodes : 2014 et 2015. Comment vont s’articuler les travaux sur ces synodes pendant l’année de transition. Est-ce que vous savez comment la réflexion va se construire sur le plan de la méthodologie ?

 

Du point de vue méthodologique, c’est un don car le Pape François nous donne un chemin synodal, plutôt que simplement un synode. Le chemin a commencé par le questionnaire envoyé aux conférences épiscopales du monde. On a reçu de nombreuses réponses qui ont constitué la matière de notre travail .Et maintenant, il y aura une discussion vive et enrichissante des pères synodaux. Après, il y aura une conclusion, une relation finale qui sera envoyée aux conférences épiscopales pour recevoir pendant l’année 2014-2015, toutes les suggestions, les oppositions et les contributions qui peuvent aider l’Église à être une Église proche de la famille,  une Église qui montre le visage de la bonté et de la miséricorde de Dieu. Et finalement dans le synode d’octobre 2015, on pourra créer des conclusions afin de soumettre au discernement du successeur de Pierre des idées, des chemins et des possibilités nouvelles pour la vie et la pastorale de l’Église.

 

Vous avez évoqué l’aspect des questionnaires à travers le monde entier. Certains ont été enthousiastes, d’autres ont dit « attention, il ne faut pas que l’Église entre dans une démarche de sondage, de marketing comme le ferait un parti politique ou un média ». Qu’est-ce que vous répondez par rapport à ces réserves ?

 

C’était plutôt la volonté du Pape François de promouvoir et d’encourager le dialogue, la collégialité des évêques et même la synodalité du peuple de Dieu. Et cela peut paraître nouveau mais en réalité, c’est l’histoire de l’Église. C’est un chemin du peuple de Dieu qui participe avec une dignité sacerdotale au discernement des chemins à suivre selon la volonté du Seigneur et le souffle de l’Esprit Saint.

 

Une dernière question : quel sens a pour vous la béatification de Paul VI à l’issue de synode alors  qu’on sait que l’encyclique, notamment Humane Vitae, est très critiqué par de nombreux catholiques depuis plus de quarante ans maintenant ?

 

Paul VI a été le Pape de la foi vécue au cœur de l’histoire. Il a toujours conjugué dans sa vie, surtout dans son ministère pontifical, la réalité concrète et parfois dramatique de l’histoire humaine  avec l’annonce de l’Évangile de Jésus Christ et l’expérience de la bonté et de la beauté de Dieu. C’est exactement l’exigence qu’on a aujourd’hui. Je dirais que le fait que le Pape François en revienne souvent à Paul VI, ce n’est pas une question de nostalgie ou de regard vers le passé. C’est plutôt reconnaître que réponse que Paul VI a donné aux défis de son temps sont, sous beaucoup d’aspects, les défis que nous vivons aujourd’hui et les réponses qu’on doit probablement essayé de donner de la meilleure façon aux attentes et aux questions des hommes et des femmes de nos jours.

 

 

 

 

 








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