2014-10-17 15:48:00

Synode : les enseignements de la Manif pour Tous selon Mgr Pontier


(RV) Entretien - Ce vendredi matin, les participants du Synode extraordinaire sur la famille ont eu quartier libre. Un temps dédié au repos pour laisser quelques heures supplémentaires aux rédacteurs de la relatio définitive et conclusive, qui doivent proposer une synthèse des 10 documents présentés par les différents cercles mineurs.

Le synode porte sur les défis pour la pastorale de la famille, mais pour Mgr Georges Pontier, il ne faut pas oublier que de nombreuses familles vont bien. Le président de la conférence épiscopale de France vivait sa première expérience synodale :

En ce qui me concerne, c’est mon premier synode, ma première expérience de ce partage universel. Ce qui m’a frappé, c’est cette universalité des interventions. On arrive avec la situation locale qu’on connait. Pour moi, la France et l’Europe en général. Et puis, on entend petit à petit, des éclairages venant d’autres bouts de la planète comme vous vous en êtes rendus compte vous-mêmes. Et cela décale un petit peu les questions ou l’état d’esprit dans lequel, pour ma part, j’étais arrivé. Personnellement, je veux témoigner encore une fois de cette belle expérience de liberté de parole, de franchise, d’échange entre nous. Ce qui m’a frappé aussi, c’est que le thème de ce synode portait sur les défis de la famille. Donc, nous avons d’abord partagé sur les défis de la famille. Et puis avoir partagé sur les défis de la famille, on s’est rendu compte qu’il fallait quand même ne pas oublier que beaucoup de familles allaient bien et que des choses belles se passaient. Donc, revenir un petit peu aux encouragements et aux fondamentaux de cette vie de famille et du message de la famille. Peut-être que ce chemin que nous avons parcouru durant le travail, dans les groupes linguistiques, c’est de se redire que ou que l’on soit sur cette planète, on s’aperçoit que le noyau familial est vraiment une cellule vécue différemment mais fondamentale pour le bonheur des hommes. Et quand elle ne fonctionne pas, il y a bien des réalités et des personnes qui vont mal. Et donc, se réinvestir dans cette évangélisation de la famille, dans cet engagement. Redire à la société que tout ce qu’elle fait pour que les familles aillent bien, c’est quelque chose d’essentiel pour les personnes mais aussi pour  elle-même et à la limite aussi pour une certaine forme de paix dans le monde. Et il me semble que c’est au fond ce grand message que nous sommes en train de parcourir qui aboutira dans un an avec tout ce qui va advenir tout au long de l’année et à partir du travail qu’on va finaliser dans ces deux derniers jours. 

 

Ces derniers jours, les carrefours  linguistiques ont amendé la relatio post diceptationem présentée ce lundi par le cardinal Peter Erdö. Le texte de mi-parcours du synode a suscité de vives réactions sur les questions délicates que sont la communion pour les divorcés remariés ou les unions entre personnes de même sexe. Pour Mgr Pontier, les pères synodaux s’entendent sur les points essentiels :

Il m’a semblé quand même que sur les points fondamentaux, il n’y avait pas de nuance. Nul n’a revendiqué de revenir sur l’indissolubilité. Nul ne dit que la monogamie est quelque chose dont il faut se méfier. Et nul ne dit que l’accueil de la vie, c’est quelque chose qu’il ne faut pas faire. Sur ces points essentiels, nous sommes vraiment tous d’accord sur toute la planète. Mais ces trois points s’entendent dans des cultures différentes. Entendre le mot « accueil de la vie » n’est pas la même chose en Afrique qu’en Amérique Latine, en Europe ou aux États-Unis parce qu’au niveau culturel et au niveau des approches techniques d’aujourd’hui, les réalités qui se posent ne sont plus pareilles. C’est dans ce domaine là qu’on sent des nuances quand il s’agit d’accompagner la polygamie pour aller vers la monogamie. Ca ne va pas être de la même manière que dans nos pays européens, même si les africains ne se privent pas de nous dire que nos sociétés occidentales sont passées dans une polygamie successive. Mais nous avons des réalités différentes à vivre. 

 

En France, quels enseignements les évêques ont-ils tiré de la Manif pour tous? Ce mouvement a-t-il changé la pastorale de la familles dans l’Hexagone ? La réponse de Mgr Pontier :

Ensemble, on est en train de tirer les enseignements. Mais je voudrais dire autre chose. La première chose, c’est une heureuse surprise de voir des jeunes générations s’engager pour défendre des valeurs auxquelles ils croient, qui sont importantes pour eux, qui pour beaucoup de manifestants- mais pas tous- viennent de leur foi chrétienne et qui veulent intervenir dans le débat législatif, ayant conscience que les lois promulguées par un État, qui doit gérer la pluralité de ses membres, ont un caractère symbolique qui ensuite modifie les perceptions des réalités ou des analyses. Donc, c’est important de se manifester au moment de l’élaboration de lois.

Le deuxième point que nous retenons un peu de ces manifestations, c’est comment accompagner, comment former, comment donner des moyens de réflexion et se former à ceux qui parmi eux, sont des chrétiens afin qu’ils puissent être accompagnés dans cette démarche politique, au bon sens du mot. Et pour nous, il y a quelque chose à chercher dans la transmission de l’enseignement social de l’Église et dans la réflexion de l’engagement politique du chrétien. Il faut aider ces générations à pouvoir reprendre, à pouvoir relire cela ensemble et à pouvoir être formé dans cette dynamique-là.

Le troisième élément, c’est comment organiser le débat dans une communauté chrétienne et dans une Église. On s’est rendu compte à travers ces manifestations que ce n’était point facile d’organiser un vrai débat. Il faut surtout une telle préparation au désir du débat qu’on y n’arrive pas toujours. Souvent débattre, c’est emmener l’autre à mon point de vue. Donc, tant qu’on en est à cette étape, il est assez difficile d’organiser le débat.

Dans la deuxième étape qui consiste à se dire que tout n’est pas faux dans celui qui pense différemment de moi est une étape nécessaire pour qu’on puisse arriver à un débat. Sinon, on en reste à la confrontation, on reste dans l’opposition et on reste dans le rapport de force. Et si on n’arrive pas en Église à déplacer la notion de rapport de force, de ceux qui sont les plus nombreux, on ne peut pas arriver au débat. Pour nous, en Église, ce n’est pas le nombre de ceux qui pensent quelque chose qui fait que c’est devenu vrai mais c’est un argumentant et en débattant entre nous que nous pouvons nous aider à faire des pas mutuels parce qu’aucun courant ne possède l’exactitude de la vérité dans ces domaines de la vie ordinaire. Et je crois que c’est cela qui nous a été enseigné, révélé. Essayons de voir comment nous pouvons soutenir et organiser le suivi et la formation, en particulier de ces jeunes générations. 

 

Les rédacteurs de la relatio sinodi sont donc à l’œuvre. Le texte en cours d’élaboration devrait être plus consensuel, puisqu’il doit être approuvé aux deux tiers, ce samedi après-midi. Un autre document, un message du synode aux familles, sera par ailleurs présenté en salle de presse, également ce samedi.

 

 

 

 

 

 








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