Méditation de la Commémoration des Défunts

Le Père Antoine Kerhuel, SJ, Conseiller général du Préposé général de la Compagnie de Jésus nous introduit à la méditation avec les lectures de la Commémoration des Défunts :

En ce dimanche 2 novembre, nous commémorons tous les fidèles défunts. Nous pouvons donc nous souvenir des nombreuses personnes qui nous ont marqués, des hommes et des femmes connus – ceux qui sont officiellement déclarés saints – mais aussi des hommes et des femmes que nous avons personnellement rencontrés et qui comptent dans notre histoire. En un jour comme celui-ci, des visages remontent sans doute dans notre mémoire : des membres de nos familles, des amis, des connaissances, des voisins … mais aussi des personnes que nous n’avons pas sus ou pus aimer. Ces visages, nous savons que ce sont tous des visages d’hommes, de femmes et d’enfants qui sont aimés de Dieu. Dieu, en effet, aime tous ses enfants, sans exception. Dieu est présent dans tous ses enfants, sans exception.

L’un des évangiles que l’on peut lire dans la liturgie d’aujourd’hui nous rappelle cette présence de Dieu en chaque être humain. Le chapitre 25 de l’Evangile de Matthieu se situe dans un cadre impressionnant. Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, il aura devant lui tous les êtres humains, et il se mettra à les trier les uns à sa droite et les autres à sa gauche, comme le berger sépare les brebis des chèvres. A ceux qui se trouvent à sa droite, il dira : « Venez les bénis de mon Père … j’avais faim, et vous m’avez donné à manger … j’avais soif, et vous m’avez donné à boire … j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli … j’étais nu, et vous m’avez habillé … j’étais malade, et vous m’avez visité … j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ». Ceux qui se sont ainsi montrés généreux s’étonnent : « quand t’avons-nous vu ? ». Et sans doute s’étonnent-ils plus encore quand ils entendent la réponse : « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». Et nous savons que, de manière symétrique, le Fils de l’homme s’adresse à ceux qui ne se sont pas montrés généreux. Oui, le Fils de l’homme est présent en chaque être humain. Chaque homme, chaque femme, chaque enfant est comme le visage de Dieu. Certainement, en ce jour où nous faisons mémoire des fidèles défunts et où nous nous rappelons de nombreux visages, nous pouvons nous souvenir de cette réalité : chaque homme, chaque femme, chaque enfant est comme le visage de Dieu. Cela est vrai pour ceux que nous avons aimés et qui nous ont quittés, mais cela est vrai pour ceux que nous n’avons pas assez aimés ou que nous avons eu du mal à aimer et qui, eux aussi, sont partis. S’il en est ainsi, nous pouvons reprendre conscience, en un jour comme celui-ci, combien grande est l’humanité. Les défunts, nous les confions à la miséricorde de Dieu, et les vivants, nous sommes appelés à les aimer et à les servir : tous sont le visage de Dieu pour nous.

Honorer les morts, c’est donc aussi respecter les vivants. La commémoration que nous vivons aujourd’hui nous tourne vers le passé, car il est juste que nous fassions mémoire de nos ancêtres. Mais la commémoration que nous vivons aujourd´hui nous ramène aussi vers tous ceux et celles que nous côtoyons dans notre vie de tous les jours, quels que soient leur race, leur nationalité, leur état physique, leur richesse ou leur statut social. Tous, les morts et les vivants, reflètent, ou sont appelés à refléter, la gloire de Dieu. Peut-être est-ce là aussi l’un des aspects de la communion des saints.

 En un jour comme aujourd’hui, ouvrons-nous profondément à la présence du Seigneur dans chaque être humain !