2014-11-19 08:20:00

L'accord sur le nucléaire iranien à portée de main


(RV) Entretien - Dernier cycle de discussion à Vienne sur le nucléaire iranien. Le groupe dit des « 5+1 » et l'Iran se sont retrouvés mardi dans la capitale autrichienne afin de conclure, d'ici la date butoir du 24 novembre, un accord garantissant que le programme nucléaire de Téhéran soit pacifique.

Si cela était le cas, les 5+1 devraient lever les sanctions qui asphyxient l’économie iranienne depuis des années.

L’accord semble à portée de main, même l’Iran l’affirme, précisant toutefois que des « demandes excessives » des grandes puissances seraient un obstacle.

L’analyse de Bernard Hourcade, chercheur émérite au CNRS, spécialiste de l’Iran, interrogé par Hélène Destombes

Après dix ans de négociations, de discussions, de hauts et de bas, ce serait un échec diplomatique majeur pour toutes les parties, à la fois pour les six grandes puissances qui négocient et pour l’Iran. Être incapables ainsi d’aboutir à un accord, même partiel, serait un aveu d’impuissance. Vu les situations actuelles, ceci n’est pas envisageable. Mais il faut dire aussi que les rapports de force ont changé. Aujourd’hui, il se passe des choses en Syrie et en Irak avec l’émergence de Daesh. En Palestine et en Israël, les choses s’enveniment après la guerre de Gaza. Les Émirats et l’Arabie Saoudite craignent le retour de l’Iran. Autrement dit, beaucoup de choses ont changées. Donc, ce qu’il faut aujourd’hui, c’est un accord politique. L’accord technique, on trouvera toujours moyen de le faire. Ce qui risque de se passer, c’est justement qu’il y ait un accord politique de principe, même si l’accord technique laisse encore la place à la négociation pour le futur. Il y aura pendant ce temps un accord mais avec des trous dans cet accord et un certain nombre de points qui seront progressivement résolus.

Est-ce qu’il y a une véritable volonté politique du côté iranien ?

Oui, du coté politique, il y a une volonté politique de tourner la page. L’Iran a gagné la bataille du nucléaire. C’est-à-dire qu’il y a dix ans, l’Iran n’avait pas de centrifugeuse. Aujourd’hui, l’État iranien, qu’il soit monarchique, républicain ou islamique, la nation iranienne a la capacité d’arrêter le nucléaire le jour où ils le souhaiteront. Pour l’instant, ils n’en veulent pas. Mais c’est possible comme l’Allemagne, le Japon, la Suède ou l’Afrique du Sud. Autrement dit, l’Iran a gagné cette bataille. Ils veulent maintenant tourner la page et passer à autre chose parce qu’effectivement, entre le pétrole, Daesh et l’instabilité de la région, il y a un peu le feu à la maison aujourd’hui et non pas simplement aux écuries. Donc, trouver une solution le 24 novembre, est une chose qui n’est pas impossible. Soyons modestement réaliste.

Qui est aujourd’hui contre cet accord ? Et pour quelles raisons ?

Beaucoup de gens sont contre. En Iran comme en Israël, en Arabie Saoudite et au Congrès américain, beaucoup de gens pensent qu’il faut continuer la guerre, en quelque sorte. Et donc, il y a en Iran des gens radicaux qui ne veulent pas de rapprochement avec les États-Unis. Il y a aux États-Unis des gens qui considèrent que l’Iran, c’est le diable et que l’Arabie Saoudite est la solution. Il y a en Arabie Saoudite comme en Israël des personnes qui pensent que le danger nucléaire iranien est majeur. Ces opposants sont là mais cela fait dix ans qu’ils disent la même chose et ça n’aboutit à strictement rien. L’impression qu’on a aujourd’hui, c’est que du côté américain, il y a une volonté d’Obama de trouver une solution parce que le dossier iranien serait finalement le seul dossier positivement conclu de son mandat. Donc, il veut une solution. Côté iranien, Rohany a besoin d’un accord politique sur le nucléaire parce que c’est effectivement son principal point de bataille, le principal point sur lequel il sera jugé politiquement. Donc, tant Rohany qu’Obama ont besoin d’une issue favorable et je crois que c’est un élément important.

À l’heure actuelle, quel est le poids des sanctions qui pèsent sur Téhéran pour l’Iran ?

Les sanctions sont très fortes. L’Iran est plus sanctionné aujourd’hui que ne l’a jamais été la Corée du Nord ou Cuba. Autrement dit les Iraniens souffrent de ces sanctions et aujourd’hui, l’Iran ne peut pas revenir dans le monde de l’international normalement avec des sanctions. Cela dit, il est possible assez facilement, quoi qu’on en dise que le président américain mette des « waivers », c’est-à-dire des autorisations de suspension des sanctions, même celles votées par le Congrès. S’il y a une volonté politique, il y a moyen que l’Europe, les Nations-Unies ou les États-Unis lèvent les sanctions progressivement, même s’il y a des problèmes juridiques pour que cela soit complètement durable. La levée des sanctions permettrait effectivement un boom économique qui pourrait bénéficier largement aux économies occidentales qui ont le sait, sont assez malades de ce point de vue-là.

 

 








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