2014-11-21 18:30:00

Les eurodéputés attendent le Pape François avec espérance


(RV) Entretien - Le Pape François est attendu à Strasbourg, en France, le 25 novembre pour une visite aux institutions européennes, vingt-six ans après son prédécesseur Jean-Paul II. Durant ce déplacement, qui n’est pas à caractère pastoral, et qui est exclusivement consacré à l’Europe, le Saint-Père prononcera deux discours en italien, le premier au Parlement européen, devant les quelques 751 députés réunis en session plénière, le second au Conseil de l’Europe face aux représentants des 47 pays membres.

Ce cinquième voyage apostolique du Pape François est le plus bref de tous les voyages pontificaux à l’étranger avec une durée de 3h50. Autre particularité : pour la première fois, c’est un Pape non européen qui s’adressera aux institutions européennes. Interrogé par Hèlène Destombes, Jean-Marie Cavada, député européen, président du Mouvement Européen-France s’en réjouit et évoque l’importance de cette visite.

Que le Pape ne soit pas européen est à mes yeux une très bonne nouvelle parce qu’il a probablement sur l’Europe un regard géo-continental que les Européens eux-mêmes, toutes à leurs divisions, à leurs états d’âme, ne pourraient pas avoir. Il a fallu le communisme et le courage de Jean-Paul II que j’ai d’ailleurs connu dans ma vie lorsqu’il était évêque de Cracovie. Il a fallu le courage de cet homme luttant contre le communisme pour en faire un géopoliticien de l’unité européenne. Je pense que maintenant, les temps étant différents, un Pape venu du continent sud-américain qui a quand même avec l’Europe un lien extrêmement proche de culture, d’immigration et de relations, saura dire quelque chose d’un peu exemplaire pour nous exhorter à secouer un peu les nonchalances européennes ou les différentes dissensions qui font de ce continent un merveilleux continent d’attentisme mais pas encore un continent de volontarisme.

Un voyage apostolique avec une dimension politique importante alors que l’Europe est aujourd’hui tiraillée par des conflits à ses frontières, autant à l’est qu’au sud. On peut bien s’attendre à ce que le Pape François adresse à Strasbourg un message de paix.

On peut s’attendre en effet à ce qu’il adresse un message de paix. J’attends même qu’il aille plus loin, c’est-à-dire qu’il engage une sorte de conférence des pacifistes parce que nous sommes entourés de luttes religieuses. Nous sommes entourés de luttes venus des volontés d’extension de pouvoir. Je pense à Poutine et à son projet d’Eurasie qui aujourd’hui se fait les griffes et les dents sur l’indépendance et l’économie de l’Ukraine, ce qui est une très mauvaise nouvelle. Le monde est extrêmement violent et il faut que quelqu’un prenne en main la réflexion pour l’organisation de la paix le plus loin possible. D’autre part, je pense qu’il rappellera que l’Europe est d’origine chrétienne, ce qui est indiscutable du point de vue de l’histoire. Mais cette racine historique de la chrétienté, ne devrait pas empêcher les autres formes de cultures dont l’Europe a besoin, ne serait-ce que pour ses besoins économiques, de s’installer et d’être respectées en Europe un peu partout. Je fais confiance à cet homme qui me semble avoir une aura tout à fait exceptionnelle pour que la contagion s’effectue et pour qu’elle soit bonne.

Le Pape François qui a fait de la lutte contre la pauvreté et la protection des immigrés, des priorités de son pontificat, ne manquera pas d’interpeller les eurodéputés. Il y a-t-il certaines craintes dans l’hémicycle et comment son message peut-il être accueilli ?

Vous savez, il y a dans l’hémicycle, toutes les familles de pensée. Il y a ceux qui pensent que le Pape est une sorte d’intrus dans la laïcité, ce qui de mon point de vue n’est pas vrai. Il y a ceux qui pensent qu’au contraire, c’est un accélérateur de la construction européenne. Je m’attends à ce qu’il encourage la construction de l’Europe parce que c’est un homme qui a une vue géopolitique et qui sait très bien que si l’Europe n’est pas un continent organisé, un continent avec une intégration politique et des moyens à la hauteur de la mondialisation, l’Europe en tant que continent, en tant que système de protection des États et des populations, n’a aucun avenir. Donc, je m’attends à ce qu’il soit un élément d’encouragement à l’accélération politique.

Précisément, dans quelle mesure, selon vous, le Pape peut-il contribuer à relancer le projet européen ?

Je pense qu’il peut y contribuer de deux manières : en encourageant la production de la richesse pour savoir la répartir vers la pauvreté qui est un cancer, une gangrène que nous n’avons pas réussi à éradiquer dans une Europe plutôt riche et je ne parle que de l’Europe. Que dire de la pauvreté qui règne à travers le monde ? D’une deuxième manière, parce qu’il me semble que le Pape témoignera de par sa propre personne d’un message de paix et d’encouragement à la négociation. Ces deux points de vue-là sont hautement nécessaires en Europe. 

 

 

 








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