2014-11-26 18:14:00

Une « année des pauvres » aux Philippines


(RV) Entretien - Aux Philippines, plus du quart des 100 millions d’habitants vit avec moins de 1,5 dollar par jour. Pour aider ces plus démunis, l’archidiocèse de Manille a lancé ce 23 novembre une « Année des pauvres ». La pauvreté ne disparaîtra pas, mais les souffrances qu’elle cause pourront être atténuées. Tel est l’objectif des appels à la prière et des actions concrètes prévus dans le pays à cette occasion. Pour l’Église des Philippines, cet engagement en faveur des exclus est aussi une première étape vers la célébration, en 2021, des 500 ans de leur évangélisation. Un maximum de paroisses et de congrégations du pays sont appelées à se mobiliser.

C’est le cas des Fils de la Charité. La Congrégation est présente à Manille, et le père Daniel Godefroy en fait partie. Cela fait 14 ans qu’il vit au milieu des pauvres de la capitale philippine. Il espère que cette « Année des Pauvres »  provoquera une large prise de conscience.

Je pense que c’est une bonne chose parce que c’est une manière d’alerter un peu tous les gens sur la réalité de la pauvreté, ici, aux Philippines. Ca ne fera pas disparaître le problème, ça ne résoudra pas toute la question mais au moins ça aura l’avantage de sensibiliser beaucoup de monde à cette réalité qui est très importante aux Philippines. C’est un pays qui n’est pas pauvre en lui-même en ce sens qu’il a un certain nombre de ressources mais il y a de très grandes inégalités et des injustices importantes qui font qu’il y a des gens qui sont extrêmement riches et d’autres qui sont très pauvres. C’est un pays qui a un très fort taux de croissance économique mais en même temps, cette croissance économique ne semble pas beaucoup faire décroître la pauvreté. Cela se manifeste dans les conditions de logement. Parfois, on a l’impression que beaucoup de familles vivent dans des cabanes, parfois n’ont même pas du tout de logement. Mais ce n’est pas seulement ça. C’est aussi une pauvreté liée à l’éducation. Les familles n’ont pas les moyens de payer les études de leurs enfants. La pauvreté a une multitude de facettes.

Est-ce que pendant cette Année des pauvres, vous allez mener des actions particulières ? Concrètement, qu’est-ce que cela va impliquer ?

La première chose, c’est de vivre avec les gens, d’avoir une vie de voisinage, d’avoir des relations tout à fait naturelles avec tous les gens avec qui j’habite. C’est un petit quartier qui fait à peu près 1km² mais qui est très peuplé et qui fait à peu près 30.000 habitants. C’est un quartier avec beaucoup de jeunesse. Donc, très dynamique ! Actuellement, ce quartier dans lequel je vis est devenu une paroisse depuis six ans. Je suis maintenant le curé de la paroisse. Donc, en fait, on a un certain nombre d’activités sociales. On a par exemple un centre de santé qui accueille à peu près 2000 personnes par an et qui permet des actions de santé à très faibles prix. On a aussi un programme de nourriture pour les enfants sous-alimentés. Mais ce n’est pas seulement la santé. C’est aussi l’éducation. On travaille par exemple avec une organisation de l’aide à la scolarisation qui permet la prise en charge d’à peu près 85 jeunes. On a aussi des actions qui sont du genre microcrédit pour aider des familles à développer une activité familiale, personnelle pour sortir de la pauvreté. Il y a plein d’actions. Ce ne sont pas de très grandes actions mais ce sont des actions qui sont un peu adaptées à la population avec laquelle on vit et pour lesquelles on veut que les gens deviennent acteurs, sortent eux-mêmes de la pauvreté et après, permettent à d’autres de sortir de la pauvreté.

Est-ce que vous pouvez aussi compter sur l’aide financière des personnes plus riches ?

Oui, bien sûr. On ne peut rien faire financièrement si on n’a pas d’aide de la part des personnes qui ont plus les moyens. Ca peut être parfois des aides qui viennent de l’extérieur mais ça peut être aussi –et nous le souhaitons de plus en plus- que ça soit des aides qui viennent de l’intérieur, c’est-à-dire des gens qui sont dans des situations meilleures et qui vont vivre des actions de solidarité, eux aussi, à leur mesure.

Qu’est-ce que vous attendez de la visite du Pape François ?

Ce sera une très grande joie pour les gens. Les gens en parlent déjà beaucoup. Ce choix qu’il a fait de venir spécialement pour les pauvres et non pas pour faire une visite touristique ou une visite religieuse, c’est une grande joie. Je m’associe à cette joie. Personnellement, j’ai écris aussi au Pape pour lui souhaiter la bienvenue et pour lui dire que pour nous, c’est très important. C’est aussi pour moi une reconnaissance des priorités évangéliques. C’est une très grande joie pour nous d’avoir un Pape comme celui qu’on a aujourd’hui qui est vraiment proche des petits, des pauvres et des exclus, qui veut vraiment que toute l’Église soit en mouvement pour aller vers les gens qui sont en périphérie, pour faire en sorte qu’il apparaisse que ce soit l’Église toute entière qui porte ce soucis.  








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