2014-11-28 19:02:00

Le Pape veut envoyer un signal au monde orthodoxe


(RV) Entretien - La première partie de la visite du Pape François en Turquie a été essentiellement consacrée aux rencontres protocolaires, officielles. Mais si le Saint-Père est venu en Turquie c’est surtout pour rencontrer encore une fois le Patriarche Bartholomée et participer à ses côtés aux festivités de la fête de Saint-André, patron du Patriarcat œcuménique de Constantinople. Dimanche, après la Divine liturgie en l’église Saint-Georges, le Saint-Père et le Patriarche Bartholomée signeront une déclaration conjointe.

L’œcuménisme est un chantier prioritaire pour le Pape François qui ne cache pas son estime profonde pour l’orthodoxie, comme le rappelle l’éditeur et essayiste français Jean-François Colosimo, lui-même chrétien orthodoxe, professeur à l’institut Saint-Serge et président du directoire des éditions du Cerf.


 

Je crois que paradoxalement, le Pape venu du Sud qui est le premier Pape non-européen, va accomplir, par rapport au monde orthodoxe, des pas de géant pour un rapprochement inespéré, grâce à tous les messages qu’il a posé depuis son accession au trône de Pierre, en se déclarant immédiatement évêque de Rome, en promouvant la collégialité et en posant à travers le Synode de la famille la question du témoignage chrétien dans le monde d’aujourd’hui. Donc, je crois que ce qui est important et ce qui va se jouer entre lui et Bartholomée peut être décisif puisque l’Église orthodoxe prépare elle-même un grand et saint Concile pour les années qui viennent. Donc, cela peut être décisif pour que nous avancions de manière résolue avec cette forme d’exigence que sait manifester le Pape François. Je ne doute pas que le patriarche Bartholomée reçoive cette exigence dans le même esprit.

Oui, mais la Turquie est une terre musulmane, les fidèles du patriarcat œcuménique ne sont qu’une poignée. Le monde orthodoxe est divisé. Que faut-il pour débloquer la situation ? 

Il est temps que les trois Rome : la Rome historique du Pape François, la deuxième Rome de Byzance-Constantinople de Bartholomée, et la troisième Rome, la Rome rêvée de Moscou de Cyrille se retrouvent et qu’avec beaucoup de sollicitude pour leurs anciennes sœurs, Alexandrie et Antioche, elles réunissent un grand concile de tous les chrétiens d’Orient, de toutes confessions puisque les chrétiens d’Orient réunissent des orthodoxes anti-chalcédoniens, des orthodoxes chalcédoniens, des catholiques orientaux, des catholiques latins, des protestants historiques et des protestants évangéliques. Certainement, le Pape François qui s’est d’ailleurs énormément engagé sur cette question et avec beaucoup de force, amènera une image de cette unité. Le sort des chrétiens d’Orient, c’est une question pour tous les chrétiens du monde et c’est une question pour le monde entier. Encore une fois, ce n’est pas une cause particulariste. 








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