2014-12-13 17:12:00

La«Missa Luba» a révolutionné la liturgie (Père E. Costa sj)


(RV) – Entretien : Plusieurs fidèles africains en particulier, ne savent sans doute pas que la présence des tambours dans les Eglises de nos jours, ainsi que la célébration du rite liturgique, a connu une très grande évolution. Le Père Jésuite Eugenio Costa, Membre à la Curie Généralice de la Compagnie de Jésus à Rome en Italie, nous parle de la Missa Luba, qui a permis l’introduction des tambours dans les années 1950 dans l’Eglise.

On l’écoute au micro d’Honoré Onana Olah:

La missa Luba est un mot moitié latin « missa » (messe) moitié congolais « Luba ». Il s’agit d’une création qui a vu le jour dans la deuxième moitié des années 1950, grâce à l’œuvre d’un Père franciscain belge, Guido Haazen qui a été envoyé en mission dans la région sud de l’actuel République démocratique du Congo (Kamina, Lubumbashi, etc.). Doté d’une très bonne formation en musique, il a pu lancé la création d'une chorale. A l’époque, il était étonné que les chants qu’on chantait à l’Eglise, n’étaient que des chants européens, occidentaux. S’adressant aux congolais de la région: « Mais c’est pas possible, s’est-il exclamé ! Vous avez des chants magnifiques ! la réponse à son exclamation fut : « Pas question, c’est défendu, ce n’est pas quelque chose qui puisse entrer dans les églises ».

Le Père Haazen a par la suite débuté une formation de la population locale sur le plan musical. D’une part, sur le plan de la vocalise et d’autre part un encouragement à mettre des textes liturgiques sur la mélodie des chants populaires qui leur était très connus. C’est ainsi qu’on peut parler de la naissance de la « Missa Luba ». Autrement dit, traduire en langues locales les textes de ce qu’on appelait autrefois l’Ordinaire de la Messe : Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus,  et l’Agnus Dei en latin qui se célébrait en latin…A se rappeler que nous étions à la veille du Concile Vatican II initié plus tard par le Pape de l’époque Jean XXIII. Mais à l’époque, il n’était pas question de parler ou de chanter en langues locales dans l’Eglise. Il n’était pas possible d’utiliser des instruments autres que l’orgue.

Il n’y avait pas de tambours dans les églises comme on peut le voir aujourd’hui un peu partout notamment dans les églises de plusieurs pays africains

Absolument pas ! Et lorsque le Père Haizen a essayé d’en parler autour de lui, il s’est heurté à beaucoup de résistances. Mais petit à petit après leur formation, les choristes (composée des personnes uniquement de la population locale) se sont rendus compte de la beauté de leurs chants et mélodies. Ensuite, ils se sont convertis à l’idée de mettre les textes latins sur les mélodies de plusieurs chants de leurs régions qui étaient connus de tout le monde de la région. Revêtir de mélodies congolaises les textes liturgiques en latin. Cela se faisait non pas sur manuscrit mais par cœur. La Missa Luba pendant des années n’a jamais eu de partition écrite mais tout s'aprenait par cœur.

A la conclusion en 1958, ils ont terminé de mettre ensemble les morceaux de cette « messe » et ils ont entamé une tournée musicale avec une centaine de concerts en Europe (Belgique, Allemagne, Hollande…). Cela leur a rapporté un succès énorme.

(Musique)

La Missa Luba est-elle une forme préhistorique de l’inculturation que nous connaissons aujourd’hui ?

Oui! C’est absolument vrai ! C’est un évènement dans l’histoire de l’Eglise. Sans exagération aucune. Elle a constitué une nouveauté totale. En plus, dans le bon sens. Cela n’a pas été une forme de colonisation, mais plutôt un moyen de chanter en tant qu’africain. En étant fiers d’être africains.








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