2014-12-31 13:53:00

L'Eglise catholique en Algérie, et ses défis pour l'année 2015


(RV) Entretien - En 2014, les quatre diocèses d’Algérie  - Alger, Oran, Constantine et Ghardaïa – ont fait le point sur le chemin parcouru, les espérances et la réalité de leur Église de plus en plus cosmopolite, jeune et composée de laïcs. Un des objectifs de cette année interdiocésaine était de parvenir à dire de façon simple et transparente, d’une même voix, ce que l’Église catholique discrète et minoritaire veut être aujourd’hui en Algérie. Cela a donné lieu à un message final lu le mois dernier à Oran devant plusieurs centaines de personnes en arabe, kabyle, français et anglais.

Mgr Paul Desfarges, évêque jésuite de Constantine vit en Algérie depuis plus de trente ans. Il s’agit désormais selon lui de compter sur le soutien du gouvernement algérien pour enrichir le dialogue interreligieux et la vie de l’Eglise catholique en Algérie. Ce sera en tout cas l’enjeu de l’année 2015. Des propos recueillis par Fanny Cheyrou

Ces jours derniers, l’Algérie a commémoré le vingtième anniversaire de l’assassinat de quatre pères blancs, une page sombre de l’histoire de l’Eglise catholique dans ce pays, un épisode moins connu que la mort des moines de Tibhirine, deux ans plus tard, même si à l’époque la nouvelle fit le tour du monde. Les quatre missionnaires d’Afrique, trois français et un belge, agés de 36 à 75 ans, furent tués par des fondamentalistes musulmans à l’intérieur même de leur chapelle à Tizi Ouzou, en Kabilie. Trois d’entre eux vivaient en Algérie depuis les années cinquante. Le plus jeune était arrivé deux ans plus tôt. Leur souvenir reste vivace dans la mémoire de nombreux citoyens de la ville de Tizi-Ouzou et de toute la Kabylie. Un moment de grande émotion et de recueillement s’est déroulé au cimetière chrétien de la ville : une stèle funéraire a été érigée en présence des ambassadeurs d’Allemagne et de Belgique, d’un représentant de l’ambassade de France ainsi que des autorités locales.

Alors que l’on assiste à une nouvelle montée de l’intolérance religieuse en Algérie, le gouverneur a rendu un hommage appuyé aux quatre victimes du terrorisme islamique,  à leur mission de solidarité, à leur engagement humanitaire en faveur des populations démunies et à leur efforts pour favoriser le vivre-ensemble. Au nom de l’Etat algérien le gouverneur a dénoncé la folie meurtrière d’hommes aveuglés par des idées rejetées de tous. Des anciens élèves, amis et confrères des victimes se sont par ailleurs  retrouvés à la Maison des pères blancs à Tizi Ouzou. L’Eglise locale a organisé une exposition de photos, des conférences, des débats et des moments de prière. A Rome, il y a vingt ans, l’assassinat des quatre pères blancs le 27 décembre 1994, troubla profondément le climat de Noël. A l’audience générale, le 28, Jean-Paul II exprima sa solidarité spirituelle avec la toute petite communauté catholique d’Algérie et rendit hommage aux missionnaires d’Afrique qui venaient d’offrir dans le sang un nouveau témoignage de leur attachement au continent africain. Jean-Paul II pria pour que ce sacrifice favorise la réconciliation et la paix et incite les uns et les autres à choisir le dialogue et la compréhension réciproque sans lesquels il ne peut y avoir d’avenir pour une société authentiquement humaine. Aujourd’hui, l’Algérie ne compte plus que quelque 5000 catholiques. 








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