2015-01-20 14:03:00

HRW dénonce des violences policières contre des migrants à Calais


(RV) Des policiers français se rendraient coupables de harcèlements et d’exactions sur des migrants clandestins à Calais, sur les bords de la mer du Nord. C’est ce que dénonce l’ONG de défense des droits de l’Homme, Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié mercredi. Dans ce document sont détaillés les témoignages recueillis par les chercheurs de l’organisation de plusieurs candidats au départ pour la Grande-Bretagne tentant la traversée du Pas-de-Calais.

HRW décrit des abus allant de passages à tabac à des attaques au gaz lacrymogène alors que les migrants et demandeurs d’asile marchent dans la rue ou tentent de monter à bord de camions qui se rendent outre-Manche. A ces exactions s’ajoutent les conditions de vie très précaires de ces personnes venues pour la plupart du Soudan, d’Erythrée et d’Ethiopie.

Izza Leghtas, chercheuse de la division Europe de l’Ouest à Human Rights Watch, revient avec Xavier Sartre sur ces violences et sur ce que réclame son organisation

« On ne dit pas que les abus dans la police contre les migrants à Calais sont systématiques. D’ailleurs, il y a des migrants eux-mêmes qui disent que ce ne sont pas tous les policiers – il y a des bons et des mauvais policiers.

Par contre, ce qu’on a constaté, c’est qu’il y a de nombreux témoignages d’abus de la part de certains policiers. Ca peut apparemment se faire au moment où ils font descendre les personnes de camions. Il y a bien sûr des situations où l’usage de la force est justifié mais il me semble que ce soit de manière gratuite, avec des personnes qui ne posaient pas de risques pour les policiers.

Je pense par exemple à une jeune femme de 25 ans que j’ai rencontré alors qu’elle était hospitalisée parce qu’elle disait que les policiers l’avait trouvé dans un camion. Ce sont des personnes qui essayent de nombreuses fois de monter dans un camion. Elle a donc dit : « voilà, désolée, je descends » mais elle affirme qu’un policier l’a roué de coups. Elle s’est réveillée aux urgences et elle a du être opérée de la jambe. C’est aux autorités françaises de s’assurer que cela cesse, qu’ils fassent des enquêtes sur les violences qui ont pu déjà avoir lieu.

Quelles sont les recommandations que vous apportez au-delà du fait de demander aux autorités françaises d’enquêter sur ces abus ?

Elles doivent déjà être très clairs avec la police sur les moments où l’usage de la force est justifié. L’usage de la force physique mais aussi l’usage de gaz, parce que vraiment beaucoup de gens, beaucoup de migrants à Calais, parlent de l’usage de gaz lacrymogène répétés de manière injustifiée. Il est donc très important qu’elles le rappellent et qu’elles le rappellent régulièrement.

Mais ce qui est aussi très préoccupant, c’est que des gens vivent dans une précarité qui est vraiment choquante, surtout en hiver. J’ai été dans des campements où il y a de très jeunes enfants qu’on voit vivre dans ces conditions-là, évidemment sans chauffage, dans des tentes, sans sanitaires, avec un accès très limité à l’eau. Il y a des mesures qui ont été prises par les autorités françaises dernièrement mais cela reste insuffisant.

Même pendant ces mois d’hiver, il y a un hangar qui est mis à disposition mais seulement pour 500 personnes et seulement quand la température est de moins 5 degrés ou s’il y a, par exemple, des vents très forts. Mais pour nous, ce n’est pas acceptable que des gens soient laissés à ce genre de conditions en France. »








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