2015-01-21 16:35:00

Gabon:Les évêques invitent les familles à garder l'espérance


(RV) La famille dans toutes ses composantes, a été au centre des préoccupations des Evêques du Gabon qui ont tenu leur Assemblée Plénière ordinaire à Libreville, du 13 au 18 Janvier 2015,  Au terme de cette assemblée ils ont adressé un message au clergé, aux fidèles et aux femmes et hommes de bonne volonté, de ce pays d’Afrique Centrale. Dans leur message, les membres de la Conférence Episcopale gabonaise jettent notamment un regard sur la famille gabonaise après la tenue du dernier synode et la préparation du prochain synode sur la famille.

Un commentaire d'Honoré Onana Olah : 

Rappelant le rôle essentiel de la famille, les Evêques n’hésitent pas à fustiger les différents maux qui minent aujourd’hui celle-ci dans la société : « instabilité des mariages, mais aussi des comportements sexuels, autrefois marginaux, comme l’homosexualité, qui voudraient se voir reconnus, légalisés. » Ils n’hésitent non plus à réaffirmer l’indissolubilité du mariage chrétien, fondation solide de la famille « ouverte à la vie » qui doit se vivre dans l’union « entre un homme et une femme ».

La Conférence Episcopale gabonaise passe aussi en revue les différentes épreuves que vivent les familles, marquées à différents niveaux de la société par les « grèves à répétition, la corruption, les crimes rituels…»

Toutefois les Evêques invitent à ne pas céder au découragement et à faire siennes « les paroles de la prière de Saint François d’Assise », qui invite non seulement à la « paix », mais davantage à ne pas rechercher « tant à être consolé qu’à consoler, à être compris qu’à comprendre, à être aimé qu’à aimer. »

L’intégralité du Message des Evêques :

Nous, Evêques du Gabon,

Aux prêtres, diacres, consacrés, fidèles laïcs, femmes et hommes de bonne volonté, à tout le peuple de Dieu qui est au Gabon, au terme de notre Assemblée Plénière ordinaire tenue à Libreville, du 13 au 18 Janvier 2015, ‘Paix et Joie dans le Seigneur’.

Nos présentes assises se sont tenues cette année à un moment marqué par le regard de l’Eglise sur la famille entre les deux Synodes consacrés à ce sujet.

Importance de la famille

Dans le plan de Dieu, la famille constitue la cellule de base de la société. Elle « est le plus grand trésor d’un pays » (Pape François). Ainsi la famille occupe une place prépondérante dans l’expérience humaine. « Son premier devoir est de vivre fidèlement la réalité de la communion dans un effort constant pour promouvoir une communauté de personnes » (Jean Paul II FC18).

En ce qui concerne le contexte dans lequel évolue la famille aujourd’hui, on peut noter positivement une plus grande liberté d’expression, la reconnaissance de plus en plus affirmée des droits de la femme et de l’enfant, la conscience du dialogue entre partenaires, la place reconnue à la vie affective, une plus grande autonomie dans le choix du conjoint et enfin le nombre croissant de mariages religieux y compris parmi les jeunes.

Les grandes valeurs de la famille humaine et celles de la famille chrétienne correspondent à la recherche qui traverse l’existence humaine, même à une époque marquée par l’individualisme et par l’hédonisme. C’est pourquoi il faut encourager tout ce qui contribue à la préparation au mariage, à l’accompagnement des époux surtout au début de leur union, à l’écoute des uns et des autres, à la sollicitude pour les blessés de la vie en général et de la famille en particulier.

Difficultés au sein de la famille.

Le Dessein de Dieu a été touché par le péché des origines qui a éloigné l’être humain de Dieu et a créé un fossé entre l’homme et la femme. Aujourd’hui dans le monde et dans notre pays, la famille est battue en brèche ; elle devient victime de la sécularisation et subit les secousses qui traversent la société. Sans famille, la société n’a plus d’assise. Tout complot contre la famille est destruction de la société ; et toute atteinte à la société est atteinte à la famille.

La destruction progressive de la famille aujourd’hui se vérifie par l’instabilité des mariages et aussi par des comportements sexuels, autrefois marginaux, comme l’homosexualité, qui voudraient se voir reconnus, légalisés.

Nous, vos Evêques, vous rappelons que le mariage chrétien qui fonde la famille est une union indissoluble, ouverte à la vie, entre un homme et une femme. C’est pourquoi nous condamnons avec fermeté toute atteinte à la famille et à la société (avortement, euthanasie, meurtre, stérilisation…), et invitons chaque personne à promouvoir et à défendre les valeurs inaliénables de la famille. Car toute atteinte à la famille est aussi une atteinte à la société.

Epreuves au sein de la famille gabonaise

Le Gabon connait depuis un certain temps un climat national lourd à plusieurs niveaux : social, économique, moral, spirituel et politique. Les crimes rituels ne cessent de se perpétrer : à quand leur fin avec les lois récemment votées? Les grèves à répétition paralysent la bonne marche du pays : pourquoi ces grèves et quelles solutions durables faut-il y apporter ? Les violences s’accentuent sur les personnes et les biens : quelles en sont les causes et quels remèdes prescrire ? La corruption gagne du terrain : quels moyens pour l’éradiquer ? Que de chantiers engagés et non achevés !

La valorisation des jeunes ne doit pas se faire au détriment de la sagesse des aînés. Dans la gestion du bien commun, la compétence doit toujours prévaloir. Les politiques de toutes tendances doivent éviter toute fuite en avant ; ils doivent savoir assumer pleinement leurs responsabilités devant Dieu et devant les hommes, tant au niveau national qu’international.

Appel en faveur de la paix.

« Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5,9).

Filles et fils de Dieu,

La paix est une valeur universelle. Avec les paroles du Concile Vatican II, nous vous disons : « La paix n’est pas une pure absence de guerre et elle ne se borne pas seulement à assurer l’équilibre de forces adverses ; elle ne provient pas non plus d’une domination despotique, mais c’est en toute vérité qu’on la définit      « œuvre de justice » (Is 32, 17). Elle est le fruit d’un ordre inscrit dans la société humaine par son divin fondateur, et qui doit être réalisé par des hommes qui ne cessent d’aspirer à une justice plus parfaite.

En effet, encore que le bien commun du genre humain soit assurément régi dans sa réalité fondamentale par la loi éternelle, dans ses exigences concrètes il est pourtant soumis à d’incessants changements avec la marche du temps : la paix n’est jamais chose acquise une fois pour toutes, mais sans cesse à construire.

Comme de plus la volonté humaine est fragile et qu’elle est blessée par le péché, l’avènement de la paix exige de chacun le constant contrôle de ses passions et la vigilance de l’autorité légitime.

Mais ceci est encore insuffisant. La paix dont nous parlons ne peut s’obtenir sur terre sans la sauvegarde du bien des personnes, ni sans la libre et confiante communication entre les hommes des richesses de leur esprit et de leurs facultés créatrices. La ferme volonté de respecter les autres hommes et les autres peuples ainsi que leur dignité, la pratique assidue de la fraternité sont absolument indispensables à la construction de la paix. Ainsi la paix est-elle aussi le fruit de l’amour qui va bien au-delà de ce que la justice peut apporter.

La paix terrestre qui naît de l’amour du prochain est elle-même image et effet de la paix du Christ qui vient de Dieu le Père. En effet, le Fils incarné en personne, Prince de la paix, a réconcilié tous les hommes avec Dieu par sa croix, rétablissant l’unité de tous en un seul peuple et un seul corps, il a tué la haine dans sa propre chair. Et, après le triomphe de sa résurrection, il a répandu l’Esprit de charité dans le cœur des hommes.

C’est pourquoi, accomplissant la vérité dans la charité (Ep 4, 15), tous les chrétiens sont appelés avec insistance à se joindre aux hommes véritablement pacifiques pour implorer et instaurer la paix.

Poussés par le même esprit, nous ne pouvons pas ne pas louer ceux qui, renonçant à l’action violente pour la sauvegarde des droits, recourent à des moyens de défense qui, par ailleurs, sont à la portée même des plus faibles, pourvu que cela puisse se faire sans nuire aux droits et aux devoirs des autres ou de la communauté.

Dans la mesure où les hommes sont pécheurs, le danger de guerre menace, et il en sera ainsi jusqu’au retour du Christ. Mais dans la mesure où, unis dans l’amour, les hommes surmontent le péché, ils surmontent aussi la violence, jusqu’à l’accomplissement de cette parole : « De leurs épées ils forgeront des socs et de leurs lances des faucilles. Les nations ne tireront plus l’épée l’une contre l’autre et ne s’exerceront plus au combat » (Is 2, 4) » (G.S 78).

Ensemble, Gabonais et Expatriés habitant au Gabon, comme fils et filles de Dieu le Père, comme frères, aimez-vous les uns les autres avec respect mutuel.

Tous, veuillez faire vôtres les paroles de la prière de Saint François d’Assise.

« Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix. Là où est la haine, que je mette l’amour. Là où est l’offense, que je mette le pardon. Là où est la discorde, que je mette l’union. Là où est l’erreur, que je mette la vérité.

Là où est le doute, que je mette la foi. Là où est le désespoir, que je mette l’espérance. Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière. Là où est la tristesse, que je mette la joie.

Ô Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler, à être compris qu’à comprendre, à être aimé qu’à aimer. Car c’est en se donnant qu’on reçoit ; c’est en s’oubliant qu’on se retrouve ; c’est en pardonnant qu’on est pardonné ; c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie. »

Que la Vierge Marie, Notre-Dame du Gabon,  nous vienne en aide tout au long de cette nouvelle année. Que son Fils achève l’œuvre de paix et d’amour qu’Il a commencé en chacun de nous.

Au nom de Jésus Christ, Prince de la Paix, nous, vos Evêques, souhaitons à tous et à chacun une bonne et sainte année 2015 et vous accordons notre paternelle bénédiction.

Fait à Libreville, le 17 Janvier 2015.

+ Mathieu MADEGA    

Evêque de Mouila, Adm. Apost. de Port-Gentil

Président de la C.E.G

+ Basile MVE ENGONE

Archevêque Métropolitain de Libreville

+ Jean Vincent ONDO EYENE   

Evêque d’Oyem, Vice-Président de la C.E.G

+ Mathieu MADEGA    

Evêque de Mouila, Adm. Apost. de Port-Gentil                                     

+ Timothée MODIBO  NZOCKENA  

Evêque de Franceville

+ Dominique BONNET

Evêque émérite de Mouila

+ Joseph Laurent KOERBER  

Vicaire Apostolique de Makokou








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