2015-02-02 10:55:00

L'ambassadeur de France près le Saint-Siège sur le départ


(RV) Entretien - Bruno Joubert, l'ambassadeur français près le Saint-Siège, a été reçu lundi matin au Vatican par le Pape François au cours d'une visite de congé, à quelques jours de son départ de Rome, le 28 février prochain. Une rencontre privée d'une dizaine de minutes qui a été l'occasion pour lui de remercier le Saint-Père. Bruno Joubert avait présenté ses lettres de créances au Vatican lors d'une rencontre avec Benoît XVI le 18 mai 2012. Avant d'être nommé à la villa Bonaparte, le diplomate avait occupé la fonction d'ambassadeur de France au Maroc, de 2009 à 2012.

Il a répondu aux questions de Jean-Baptiste Cocagne, quelques heures après sa visite de congé au Vatican :

 

Pour moi, ça a été surtout l’occasion d’exprimer au Saint-Père les remerciements de l’ambassadeur de France pour la relation très riche et la qualité des contacts que, en tant que chef de mission, j’ai pu nouer ici avec la Secrétairerie d’État et la belle qualité de travail. Des contacts qui ont pu avoir lieu, à travers les nombreuses visites, entre le Saint-Père lui-même et les visiteurs ou les responsables français qu’il a accepté de recevoir en audience. Donc, c’était vraiment une occasion de le remercier pour la dimension personnelle qu’il y a eu pendant mon séjour ici, dans la relation franco-Saint-Siège.

 Et que vous a-t-il dit ?

Il m’a écouté surtout et ensuite, sans trahir de secret, je l’ai interrogé sur un certain nombre des points pour l’avenir et naturellement, nous avons évoqué mais je ne voudrais pas en dire beaucoup plus, la visite prochaine en France en 2016 sur laquelle il m’a donné son avis. Et là, si je puis me permettre, c’est le secret d’une conversation...

Qu’est-ce que vous retiendrez du Pape François, vous qui l’avez vu arriver ?

Pour moi, le Pape François apporte à l’Église, à la Communauté Internationale, la vision d’un monde à venir. Il est le porteur de cette profonde transformation que connait actuellement le monde qui porte différents noms : la mondialisation, la globalisation avec toutes les tensions et en même temps, tous les risques que cela transporte. Cette "culture du rejet" dont le Pape parle si souvent, c’est une des manifestations de cette mondialisation où finalement tant de choses se produisent : le trafic, la migration, les problèmes d’environnement. Et ce Pape-là rappelle au monde que l’Église a une mission d’évangélisation, de rencontre avec ce monde tel qu’il est, et non pas comme nous aimerions qu’il fût ou qu’il ait été. Et c’est cela qui me parait être, dans la démarche des uns et des autres et des différents États qui ont des relations avec le Saint-Siège, le point le plus riche. Rome est vraiment un des acteurs de ce monde en devenir, de cette globalisation qui opère.

Vous êtes arrivé à ce poste en avril 2012. En un peu moins de trois ans, quels sont les chantiers dont vous êtes le plus fier ? 

Je crois qu’il faut avoir beaucoup de modestie quand on dit qu’on est ambassadeur près du Saint-Siège. On est surtout dans une position d’observation et d’analyse. Néanmoins, j’aurais été très fier de pouvoir accueillir le président de la République, en visite, le 24 janvier 2014. J’aurais été aussi très fier de pouvoir accueillir deux fois le premier ministre français, l’actuel et son prédécesseur. J’aurais aussi été très fier de pouvoir être le témoin des visites ad limina des évêques français en octobre 2012 et des très riches échanges auxquels cela a donné lieu. Et puis, au fond, très content également de cette relation tissée, jour après jour, avec la secrétairerie d’État et ses différents responsables sur de très nombreux dossiers que les crises internationales nous ont malheureusement donné de suivre. Je pense à la République Centrafricaine où l’Église s’est beaucoup impliquée dans le dialogue interreligieux. Je pense malheureusement à ce qui se passe actuellement au Proche-Orient, autour des chrétiens d’Orient où la France et le Saint-Siège mènent une action commune pour la défense des chrétiens de cette région. Je pense aussi à d’autres situations géopolitiques où nous avons, Saint-Siège et France, agi de concert.

Quels sont les chantiers que vous avez ouverts et que votre successeur reprendra ?

Celui de l’environnement, celui de la prise de conscience que le Saint-Siège, le Saint-Père et la France veulent voir s’opérer autour de la nécessité de respecter notre environnement, la Création, de ne pas gaspiller les ressources qui nous sont données, qui sont mises à notre disposition pour rendre service au bien-commun, pour faire en sorte qu’on ne les gaspille pas. Du point de vue français, l’important, c’est que la parole du Pape qui compte considérablement dans le monde, sur ce sujet-là, puisse être clairement entendue et relayée à temps pour qu’à la réunion de Paris en novembre 2015, "la Cop21", les positions et les décisions des uns et des autres soient en accord avec les alarmes, peut-être, en tout cas les préceptes que le Pape aura pu mettre en œuvre. Je crois que c’est le chantier le plus important pour l’année 2015 avec ensuite, en parallèle et un peu au-delà, la visite en France du Très Saint Père.

Vous êtes arrivé pendant le pontificat de Benoît XVI. Il est aujourd’hui Pape émérite. Est-ce que lui aussi, vous allez le rencontrer avant votre départ ?

J’ai demandé à le rencontrer mais je crois que ce n’est pas l’usage qu’il accorde des entretiens, en tout cas, à titre personnel. Ca a été, pour moi, une réaction extrêmement spontanée et immédiate. C’est au Pape Benoît XVI que j’ai remis mes lettres de créances. Il m’avait fait la faveur d’une audience que j’avais trouvée extrêmement précieuse et émouvante. J’aurais beaucoup aimé pouvoir lui témoigner de ma fidélité personnelle à la suite de ce contact mais bien entendu, je sais bien les contraintes de sa position. Et qui suis-je pour demander plus ? 








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