La Jordanie en première ligne face au péril djihadiste

(RV) « Œil pour œil, dent pour dent » : la Jordanie a pendu mercredi deux djihadistes irakiens, dont une femme, condamnés à mort depuis des années, en représailles à l'exécution de son pilote militaire brûlé vif par l'Etat islamique. Sajida al-Rishawi, condamnée à mort pour des attentats meurtriers en 2005 à Amman, et Ziad Karbouli, un responsable d'Al-Qaïda, ont été pendus avant l'aube à la prison Swaqa, à 70 kilomètres au sud d'Amman, la capitale.

Fin janvier, l'EI avait menacé de tuer le pilote de guerre Maaz al-Kassasbeh, si la Jordanie ne relâchait pas la djihadiste. Mais Amman exigeait des preuves de vie de son ressortissant, capturé en décembre après le crash de son avion - il participait aux frappes de la coalition internationale contre les positions de l'EI.

La violence de la réaction jordanienne peut surprendre, même si le royaume avait promis de répondre avec force à l’Etat Islamique. Elle vient rappeler surtout que la Jordanie est en première ligne face à la menace des djihadistes, comme le rappelle Fabrice Balanche, directeur du Groupe de Recherches et d’Etudes sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (GREMMO) à l'Université Lyon 2, à Olivier Bonnel.

« C’est une très forte menace que les djihadistes font à la Jordanie parce que le pays a été victime d’attentats dans le passé. Justement, en 2005, il y a eu l’attentat de l’hôtel Radisson, à Amman où, normalement la djihadiste en question devait se faire exploser mais sa bombe n’a pas fonctionné, et c’est son mari qui a provoqué les 55 morts de l’hôtel Radisson. Beaucoup de Jordaniens qui se battent dans les rangs d’Al-Qaïda, de l’État islamique ont envie évidemment de porter le djihad sur le territoire jordanien. Au printemps dernier, on a eu à Maan, dans le sud de la Jordanie, des émeutes avec le drapeau noir de l’État islamique qui était en tête des cortèges. La Jordanie est vraiment indispensable dans le dispositif américain au Moyen-Orient. D’une part, parce que c’est à partir de la Jordanie aujourd’hui que vous avez des frappes sur l’État islamique, vu que la Turquie refuse toujours qu’on utilise son territoire pour frapper l'EI. La Jordanie participe à la coalition. Cette coalition n’apparaît pas comme une coalition occidentale, « croisée » contre l’Islam puisqu’on a la participation de pays musulmans comme la Jordanie. Le roi de Jordanie est officiellement descendant de la famille de Mahomet donc il y a une légitimité aussi religieuse. »