2015-02-06 15:03:00

Tensions autour du synode de l'Eglise chaldéenne


(RV) C’est ce samedi que doit s’ouvrir à Bagdad  le Synode extraordinaire de l’Eglise chaldéenne convoqué par le Patriarche de Babylone, Mgr Louis Raphael 1er Sako, avec en toile de fond des rumeurs de schisme. A l’ordre du jour figure en effet une question épineuse : le cas des prêtres et des moines qui ont fui l’insécurité de leurs diocèses et de leurs maisons religieuses, en Irak, certaines gravement endommagées, sans l’autorisation de leurs supérieurs, pour se rendre notamment aux Etats Unis et exercer leur ministère dans les diocèses de la diaspora. Ces prêtres et ces moines ont été enjoints de retourner en Irak par un décret promulgué par Mgr Sako. Une date limite était fixée : le 22 novembre 2014. Les dix prêtres irako-américains ayant refusé d’obéir et de revenir dans un pays ensanglanté par la guerre et la violence djihadiste, la sanction est tombée après l’expiration du délai : ils ont été suspendus du ministère sacerdotal. Le décret du patriarche a suscité une mobilisation inattendue aux Etats-Unis. Cela a notamment provoqué un crise ouverte entre Mgr Sako et l’évêque chaldéen résidant à San Diego, Mgr Sarhad Jammo qui a pris la défense des prêtres sanctionnés.

L’affaire a même pris une tournure théologique et canonique. Mgr Jammo a fait appel aux canons du Code oriental qui limite territorialement les actes disciplinaires posés par le Patriarche et en tant qu’évêque catholique, il a affirmé qu’il n’obéirait qu’au Pape. Un bras de fer oppose désormais le chef de l’Eglise chaldéenne qui réside à Bagdad aux évêques et à certains secteurs de la diaspora chaldéenne en Amérique du Nord.  Cette querelle a des effets potentiellement dévastateurs alors que les événements qui bouleversent le Moyen-Orient ont accéléré la fuite des chrétiens autochtones. Certains s’attendent à un règlement de compte et en appellent à l’arbitrage du Saint-Siège. Mgr Sako souhaite la démission de Mgr Jammo qui avait déjà déserté les assemblées synodales de 2013 et 2014 et refusé d’appliquer le nouveau missel approuvé par le synode. Il a indiqué qu’il était lui-même prêt à démissionner, si le Saint-Siège ne le soutenait pas, car il ne veut pas d’un titre qui ne serait plus qu’honorifique. Un prêtre ou un moine qui prend la fuite, a déclaré Mgr Sako, donne le mauvais exemple et prive les fidèles du réconfort moral et spirituel dont ils ont plus que jamais besoin.

Cette querelle illustre bien les rapports problématiques que de nombreuses Eglises d’Orient entretiennent avec leurs communautés respectives dans la diaspora, des communautés la plupart du temps beaucoup plus opulentes et influentes. A noter que de nombreux prêtres, religieux et religieuses continuent de servir leur peuple dans les églises, les maisons et les camps de réfugiés du Moyen Orient. Actuellement 400 000 chrétiens vivent encore en Irak dont plus de la moitié sont chaldéens. 








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