2015-02-17 16:56:00

François sait que le Centre pour la protection de l'enfance « portera des fruits »


(RV) Entretien - Le Pape François encourage l’œuvre du Centre pour la protection de l’enfance qui après Munich s’installe à Rome. Dans un message à l’occasion d’une conférence de presse de présentation, lundi, le Saint-Père s’est dit très heureux du travail entrepris par le Centre : « je sais qu’il portera des fruits ».

Le Centre pour la protection de l’enfance quitte Munich pour Rome. Fondé il y a trois ans, suite à un colloque international organisé par l’Université pontificale Grégorienne, il a pour but, à travers la formation, de lutter contre les abus sur mineurs au sein du clergé.

Il propose donc un programme de formation à la prévention, mais mène aussi des activités de recherche interdisciplinaire, et organise des conférences internationales. L’ensemble de ces activités a été présenté lundi dans la capitale italienne.

L’occasion également de faire un bilan d’étape. Parmi les intervenants, le cardinal Sean Patrick O’Malley, archevêque de Boston, qui dirige la nouvelle Commission pontificale pour la protection des mineurs, mais aussi la directrice de ce centre pour la protection de l’enfance Karlijn Demasure, docteure en théologie.

Elle explique à Hélène Destombes le sens de ce déplacement à Rome et revient sur le combat contre la pédophilie engagé par l’Eglise

« On a pensé et réfléchi au fait que Rome est le centre de la vie catholique et que le Pape Benoît XVI avait déjà commencé à affirmer que les abus sexuels étaient un sujet qu’il fallait traiter et contre lequel il fallait lutter.

On a donc pensé que c’était peut-être mieux d’être, ici, à Rome pour parler avec autant de gens que possible et pour donner des cours à autant de gens que possible, des gens qui habitent différents pays et pas seulement aux Allemands. C’est un centre beaucoup plus international.

Rappelons qu’il s’agit bien d’un programme de formation. En quoi consiste-t-il très concrètement ? C’est donc la formation et la prévention ?

Oui, on cherche à donner des réponses à plusieurs questions. Par exemple, qu’est-ce que l’abus sexuel ? Comment est-ce qu’on peut voir ou interpréter les signes, parce que la plupart du temps, les enfants ne montrent par des signes d’abus.

On donne aussi des indications pour reconnaître un responsable d’abus. On apprend aussi aux gens comment parler avec un enfant qui a été abusé. Dans ce programme, on parle aussi de formation, parce que ce que nous voulons, c’est former les formateurs pour que dans leurs pays, ils puissent fonctionner comme des multiplicateurs et à leur tour, former des gens. Donc, c’est vraiment une formation profonde.

Désormais installé à Rome, ce centre va-t-il travailler étroitement avec la nouvelle Commission pontificale pour la protection des mineurs ?

Pour l’instant, on peut dire qu’il n’y a pas de lien formel. Peut-être n’y en aura-t-il pas ? Je ne sais pas. Ils viennent de se rassembler pour la première fois. Il y a beaucoup d’idées qui surgissent, mais on n’a pas encore pris de décision définitive pour savoir comment on va travailler, parce qu’il est clair que ces personnes qui forment la commission ne peuvent pas faire tout le travail seules.

L’Église peut-elle passer du rôle d’accusée à celui de moteur dans la lutte contre la pédophilie ?

Oui, je pense que l’Église catholique a été vraiment blessée par tout ce qui s’est passé dans le cas d’abus sexuels mais, si on peut dire, l’avantage, c’est que nous sommes presque vraiment les premiers à réagir sérieusement, à faire des programmes, à former des gens, beaucoup plus que d’autres secteurs ou d’autres organisations.

Comme j’ai vécu au Canada, je faisais aussi partie d’une grande réunion avec toutes les institutions où il y avait des abus : le scout, le sport, etc. Je dois dire que l’Église catholique était vraiment déjà beaucoup plus avancée dans la prévention que les autres.

Les associations de victimes ont à plusieurs reprises déploré le manque de sanctions automatiques, un centre de formation à la prévention. En même temps, que répondre face à cette demande de sanctions ?

Selon moi, il ne peut pas y avoir de sanctions automatiques, mais c’est clair que le Pape François veut vraiment qu’il n’y ait plus de prêtres abuseurs dans l’Église. Donc, c’est aussi pour cela qu’il a installé cette commission. C’est aussi pour cela qu’il a fortifié, avec une commission, ceux qui doivent traiter les cas d’abus sexuels d’une façon juridique.

Après cette première étape à Munich, Rome maintenant, quelle est aujourd’hui le travail qui se présente à vous ?

La première chose, c’est que le programme d’e-learning est très bien fondé, très scientifique. C’est son point fort. Cependant, beaucoup de nos partenaires ont dit que c’est trop académique et qu’on arrive seulement à toucher une petite partie du monde. Donc, on est en train de réviser tout ce programme pour que ça soit plus accessible, pour que cela soit plus ancré. Donc, nous sommes en train de réviser selon le principe pédagogique des jésuites qui est l’expérience, la réflexion et l’action.

La deuxième chose, c’est qu’on est en train de mettre en place un programme, un diplôme, ici, à la Grégorienne sur la protection de l’enfant. Ensuite, il y a la recherche et puis encore, les conférences qu’on organise nous-mêmes, ici, à la Grégorienne. On fait aussi de l’information sur place. Je pars pour Kinshasa et le père Zollner part pour le Rwanda. Dans des pays où il est encore difficile de parler d’abus sexuels, non pas seulement dans l’Église mais aussi dans les familles. On y va pour que les gens osent parler de ce qui arrive. Donc, formation, recherche et conférence. Ce sont les trois grands domaines de notre action. »








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