2015-02-27 15:22:00

Chrétiens capturés en Syrie : « l'EI a attaqué à l'aube, les gens ont fui de panique »


(RV) Entretien - L’inquiétude se poursuit pour les chrétiens enlevés dans le Nord-est de la Syrie, non loin de la ville d'Hassaké. Les chiffres sont toujours difficiles à vérifier mais au moins 220 d’entre eux sont otages de l’État islamique. Au moins 1.000 familles d'Assyriens, soit quelque 5.000 personnes, ont fui leur domicile pour trouver refuge dans des villes tenues par les forces kurdes et gouvernementales.

Dans quelles conditions ont dû fuir les chrétiens de la région ? La réponse de Mgr Ignace Joseph III Younan, patriarche de l’Eglise catholique syriaque, joint par Antonino Galofaro.

 

Que savez-vous de la situation dans le Nord-est de la Syrie ?
Les villages qui ont été envahis par Daech sont des nouvelles plutôt alarmantes parce que des milliers de personnes ont dû partir, fuir. Il y en a déjà des centaines qui ont été kidnappées par ces terroristes et au moins une vingtaine d’innocents ont été tués. Nous sommes vraiment très inquiets et nous sommes toujours dans cette atmosphère-là de peur, de menace pour nos fidèles, nos communautés dans cette province.

Est-ce que vous savez s’il y en a qui sont restés et veulent rester dans leur village, dans leurs maisons et qui sont peut-être encore menacés des actions de l’État islamique ?
Bien sûr, il y en a qui sont restés pour défendre leur village. Ces villages-là sont des deux côtés du fleuve Khabur. Ces chrétiens étaient déjà chassés d’Irak dans les années 1930. La France, qui avait le mandat sur la Syrie, les avait accueillis et les avait installés sur les deux bords de ce fleuve qu’on appelle Khabur. Ils ont tout fait pour cultiver ces terres qui étaient déjà abandonnées. Ils ont rendu la nature beaucoup plus verte avec des arbres fruitiers, le blé et le coton. Malheureusement, ils ont toujours été mal accueillis par la majorité des bédouins sunnites des alentours qui ne cessaient de faire des razzias contre eux. Maintenant, le bord du fleuve qui est plutôt vers l’ouest a été attaqué. Sur l’autre bord de la rivière, il n’y a qu’un seul village qui a été attaqué. Les autres sont encore indemnes mais les gens ont déjà pris la fuite. Il ne reste que quelques groupes pour défendre ces villages. Nous espérons que l’armée syrienne puisse faire quelque chose avec les peshmergas, c’est-à-dire les soldats du parti kurde qui sont dans cette province avec les forces locales de ces villages.

Vous avez des informations sur ces chrétiens qui ont fui et qui sont réfugiés maintenant à Hassaké notamment. Dans quelles conditions ils ont fui et dans quelles conditions ils vivent désormais ?
On peut imaginer les gens à l’aube, vers 4-5 heures du matin, fuir dans des zones, disons, plus sûres. L’attaque a été exécutée de bonne heure, à l’aube, et les gens ont été pris de panique, ont eu peur. Ils ont tout essayé pour s’échapper. Malheureusement, il y en a quelques centaines qui n’ont pas pu le faire et ils ont été pris en otage. On ne sait pas ce qui leur est arrivé. À Hassaké, la plupart sont installés dans quelques endroits qui ne sont pas vraiment bien préparés pour cela : dans des salles, des églises. Certains sont allés plus loin, jusqu’à Kameshli et Kahtanieh, plus au nord. 








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