2015-03-05 19:19:00

L'Eglise milite pour l'abolition de la peine de mort


(RV) Le Saint-Siège a lancé un nouvel appel en faveur de l’abolition de la peine capitale. Devant la 28° session du Conseil des Droits de l’homme réunie à Genève, l’observateur permanent du Saint-Siège, Mgr Silvano Tomasi s’est prononcé en faveur d’un moratoire global en vue de l’abolition totale des exécutions. « Il y a d’autres moyens que la peine de mort, a-t-il souligné, pour défendre les vies humaines contre les agresseurs et pour protéger l’ordre public et la sécurité. Sans oublier les risques d’erreurs judiciaires et l’usage qu’en font les régimes totalitaires pour éliminer les dissidents politiques ou pour persécuter les minorités religieuses et culturelles. »

Mgr Tomasi a par ailleurs relevé que l’application de la peine capitale n’avait aucun pouvoir de dissuasion. Le Saint-Siège plaide également en faveur d’une amélioration des conditions de détention afin de garantir le respect de la dignité des personnes privées de leur liberté.

Plusieurs revues catholiques américaines ont par ailleurs diffusé cette réflexion :

« Le mois prochain, la Cour Suprême des États-Unis examinera l’affaire Glossip vs Gross, un cas provenant de l’Oklahoma qui met en discussion le protocole le plus largement utilisé pour l’injection létale effectuée sur les condamnés à mort et accusé d’être une punition extrêmement cruelle. La Cour a pris en charge ce cas au mois de janvier car l’année dernière, trois exécutions problématiques se sont vérifiées dans trois États. La décision de la Cour sera probablement prononcée avant le mois de juin. « Notre espoir est qu’elle puisse servir à accélérer la fin de la peine de mort aux Etats-Unis.»

L’archevêque de Miami, Mgr Thomas Wenski, président du Comité pour la justice interne et le développement humain de la Conférence épiscopale des États-Unis a apprécié la décision de la Cour d’examiner le cas, affirmant que « le recours à la peine de mort ôte de la valeur à la vie humaine et réduit le respect de la dignité humaine. En tant qu’évêques, nous continuons de répéter qu’on ne peut pas apprendre que tuer est mal en tuant ». Le président du comité des activités pro-vie, le cardinal de Boston, Sean O’Malley, a également fait l’éloge de la décision de la Cour : « La société peut se protéger elle-même de différentes façons qu’avec le recours à la peine de mort » a-t-il affirmé. « Nous prions afin que la révision de ces protocoles de la part de la Cour porte à reconnaitre que les pratiques de la violence institutionnalisée contre n’importe quelle personne affectent le respect pour la sainteté de chaque vie humaine. La peine capitale doit prendre fin ».

Quatre journaux catholiques de référence (America, National Catholic Register, National Catholic Reporter et Our Sunday Visitor) ont lancé un appel commun : « nous exhortons les lecteurs de nos publications, ainsi que toute la communauté catholique des États-Unis et les personnes de bonne volonté à se rallier avec nous et dire : "La peine capitale doit prendre fin". »

L’Église catholique de ce pays combat depuis des décennies la peine de mort. Saint Jean-Paul II a modifié le catéchisme de l’Église afin qu’il comprenne de facto une interdiction de la peine capitale. L’année dernière, le Pape François a invité les catholiques à « lutter pour l’abolition de la peine de mort ». Il s’agit d’une pratique répugnante et non nécessaire. Elle est également ridiculement chère puisque la bataille au tribunal absorbe des ressources qui pourraient être mieux utilisées, en premier lieu, dans la prévention du crime et ensuite, pour élaborer une justice de réhabilitation pour ceux qui commettent des crimes de moindre gravité.

Une lutte qui avance, pas à pas

De manière louable, la Floride a suspendu les exécutions dans l’attente de la sentence de la Cour Suprême et le gouverneur de l’Ohio, John Kasich, dans l’attente d’ultérieures évaluations, a reporté les sept exécutions prévues par l’État en 2015. Le gouverneur de la Pennsylvanie, Tom Wolf, a déclaré un moratoire sur la peine de mort jusqu’à ce qu’il ne reçoive et analyse le rapport d’une task force sur la peine capitale qu’il définit «  un système qui a échoué….inefficace, injuste et couteux ». Les deux gouverneurs ont également cité le nombre croissant de détenus dans le couloir de la mort qui ont été innocentés ces dernières années dans tout le pays.

Dans une déclaration où il remercie le gouverneur Wolf, l’archevêque de Philadelphie, Mgr Charles Chaput, a dit : « Abandonner la peine capitale ne signifie pas diminuer notre soutien aux familles des victimes d’homicide. Mais tuer les coupables ne rend pas honneur aux morts ni n’ennoblit les vivants. Lorsqu’on ôte la vie à un coupable, nous ne faisons qu’accroître la violence dans une culture déjà violente et avilir notre dignité ». L’archevêque Chaput nous rappelle que lorsque nous pensons à la peine de mort, nous ne devons pas oublier qu’à travers le gouvernement, nous sommes les agents moraux d’une exécution. Le détenu a commis un crime et en a répondu dans sa vie, tout comme il en répondra devant Dieu. Mais c’est le gouvernement, agissant en notre nom, qui ordonne et perpètre l’injection létale. C’est nous qui augmentons la violence au lieu de la guérir.

La loi du talion n'est pas une solution efficace

Les défenseurs de la peine de mort affirment souvent qu’elle met fin à la souffrance de la famille de la victime. Mais les personnes qui sont aux cotés des familles des victimes, comme la sœur de la Miséricorde, Camille D’Arienzo, nous raconte une autre histoire : « Je pense aux mères qui participent à nos célébrations annuelles pour les familles et les amis des victimes d’homicide », un programme que les sœurs de la Miséricorde poursuivent depuis 18 ans. «  Si on leur demande ce qu’elles veulent pour les assassins de leurs enfants, personne ne demande la peine de mort. La raison est la suivante : "Je ne veux pas qu’une autre mère souffre comme j’ai souffert". Leur cœur, même s’il est brisé, est intègre dans son humanité ».

Les faits relatifs au procès en Oklahoma, qui ont fait écho à d’autres histoires en Ohio et en Arizona, sont particulièrement honteux. Au mois d’avril dernier, lors de l’exécution de Clayton Lockett, le protocole pour l’injection létale a échoué. Lockett s’est plaint de la douleur avant que les autorités ne suspendent l’exécution ; le soir même, il mourût d’infarctus. A l’époque, l’archevêque Paul Coackley d’Oklahoma City a dit : « L’exécution de Clayton Lockett met vraiment en évidence la brutalité de la peine de mort et j’espère qu’elle nous fera réfléchir sur l’éventualité d’adopter un moratoire sur la peine de mort ou même de l’abolir ». La Cour Suprême est d’accord avec l’archevêque Coackley et il examinera à présent la question. Nous nous unissons à nos évêques dans l’espoir que la Cour parvienne à la conclusion qu’il est temps que notre nation incarne son engagement en faveur du droit à la vie, en abolissant de façon définitive la peine de mort. »

(article traduit de la presse catholique américaine)








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