2015-03-09 17:20:00

Fin de vie : la loi Claeys-Leonetti loin de faire l'unanimité


(RV) Entretien- En France, l’Assemblée nationale examinera mardi 10 et mercredi 11 mars, la proposition de loi sur la fin de vie des députés Alain Claeys (PS) et Jean Leonetti (UMP). Ce texte qui n’autorise ni euthanasie ni suicide assisté mais instaure un droit à une sédation « profonde et continue » jusqu’au décès pour les malades en phase terminale, ainsi que des directives anticipées contraignantes, est loin de faire l’unanimité.

Dans un document publié au mois de janvier, le groupe de travail des évêques de France sur la fin de vie avait exprimé son inquiétude au sujet des conséquences d’une absolutisation du droit à la sédation et signalé les ambigüités présentes dans la proposition de loi. La mort ne peut jamais être directement voulue, soulignait notamment ce groupe présidé par Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, craignant que le droit à la sédation profonde et continue ne contribue à une instrumentalisation du médecin, lui ôtant tout jugement et le transformant, in fine, en prestataire de services. Les évêques faisait le constat accablant du mal-mourir en France et pressait les pouvoirs publics de faire du développement des soins palliatifs une cause nationale prioritaire.

Dans une tribune publiée par le quotidien français Le Monde, ce lundi 9 mars, cinq représentants des trois grandes religions monothéistes : le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon ; François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France ; Mgr Emmanuel, Métropolite de France, président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France ; Haïm Korsia, Grand rabbin de France ; et Mohammed Moussaoui, président de l’Union des mosquées de France et président d’honneur du Conseil français du culte musulman, unissent leur voix pour dire leur opposition à l’emploi de la sédation pour donner la mort.

Témoignage du pasteur François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France, interrogé par Hélène Destombes : 

 

176 praticiens hospitaliers ont souscrit un texte pour souligner que la proposition de loi risque de déresponsabiliser les médecins. Depuis 2005, en France, la sédation palliative pour détresse terminale est une pratique médicale encadrée et pleinement reconnue. Le nouveau texte, au contraire, contient de nombreuses ambiguïtés. Ainsi, l’introduction du droit à la sédation sur simple demande a comme conditions d’éviter toute souffrance, et de ne pas prolonger inutilement la vie du patient. Eviter la souffrance, c’est ce que recherchent les soins palliatifs ; mais ne pas prolonger inutilement la vie entraine clairement un risque euthanasique. Par ailleurs, en mentionnant des actes professionnels comme la nutrition et l’hydratation artificielles qui ne figurent pas normalement dans les textes de loi, cette proposition ouvre la porte à de nombreux contentieux.

 

 

 

 

 

 

 








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