2015-03-26 19:09:00

L'Église du Pakistan se bat pour la défense des droits humains


(RV) Entretien - Mercredi soir à Rome, en la basilique Santa Maria Sopra Minerva, a été célébrée une messe de préparation vers Pâques pour les parlementaires italiens. La célébration a été présidée par Mgr Joseph Coutts, archevêque de Karachi, et président de la conférence épiscopale pakistanaise, qui a attiré l'attention des responsables politiques présents sur la situation dramatique que vivent les chrétiens dans son pays, souvent victimes d'injustices et de discriminations.

 Il a été interrogé par Marina Tomarro, du service italien de Radio Vatican :

« En principe, selon notre Constitution, nous avons la liberté religieuse. L'unique restriction est que le Président et le Premier ministre doivent être de confession musulmane, car nous sommes officiellement un État islamique. Nous avons eu le régime militaire de Zia ul-Haq, qui a gouverné pendant 11 ans en cherchant à islamiser toute chose, en introduisant certaines loins islamiques, comme la loi sur le blasphème, une source de grandes préoccupations pour nous. De nombreuses personnes ont été tuées à cause de cette loi. La loi dit que si quelqu'un mentionne le nom de Mahomet, en s'exprimant contre lui, à travers des paroles, des représentations, ou de quelque autre manière que ce soit, la punition sera la mort.

Une autre loi comme celle-ci dit que si tu offenses le Coran, tu peux être mis en prison à vie. Maintenant, les chrétiens ne parlent pas contre Mahomet et n'offensent pas le Livre sacré des musulmans, mais cette loi peut être utilisée de façon erronée très facilement et fréquemment. Il est très facile d'accuser faussement quelqu'un. Quel est le danger ? Que les émotions l'emportent et que avant d'enquêter puis d'agir, avant que la personne puisse démontrer qu'elle est innocente, beaucoup sont lynchés ou tués par la foule. Donc nous nous battons depuis des années pour chercher à modifier cette loi, ou au moins pour avoir une sécurité. Mais c'est une question tellement émotionnelle que les groupes fanatiques ne veulent pas y toucher. Ils disent : "non, cette loi doit défendre l'honneur de notre Prophète et du Livre saint". Et ceci nous cause beaucoup de souffrance.

Comment sont traités les chrétiens par cette société ?

D'une façon générale, en vivant dans une société islamique, nous expérimentons beaucoup de discriminations, spécialement concernant le monde du travail, par exemple pour les promotions. Un autre chose est le concept islamique, présent dans la mentalité de nombreux musulmans même si ce n'est pas dans la politique gouvernementale, qu'un non-musulman ne soit pas égal aux musulmans, leur soit inférieur, soit un "dhimmi", ce mot arabe qui permet aux musulmans de dire : "tu n'es pas égal à nous, ni politiquement, ni socialement".

Quel est le rôle du gouvernement ? Comment considère-t-il ces discriminations? Le gouvernement pourrait-il faire plus, selon vous ?

Oui, oui, le côté positif c'est que nous sommes libres de protester, et nous protestons souvent. Désormais, la conférence épiscopale et la commission Justice et Paix travaillent très fortement. Le livre utilisé par le gouvernement, enseigné dans les écoles, ne montre pas aux nouvelles générations comment vivre ensemble avec les autres religions, comment respecter les autres. Mais nous travaillons ensemble à la Commission pour les droits humains du Pakistan, une grande entité indépendante, dont presque tous les membres sont musulmans, et où il y a beaucoup de bonnes personnes.

Et les femmes ont un espace dans la vie publique du pays ?

Une des personnes les plus courageuses du Pakistan est une femme, une avocate, Asma Jahangir, qui a été menacée. Elle a été présidente de la Commission des droits humains, et elle a voulu parler justement à propos de l'usage abusif de la loi sur le blasphème. Nous avons aussi une parlementaire, Sherry Rehman, menacée parce qu'elle voulait introduire un projet de loi au Parlement qui abolisse la loi sur le blasphème. Elle a dû quitter le pays, mais maintenant elle est revenue. Il y a donc beaucoup de bonnes personnes. Nous devons les aider à travailler ensemble, comme citoyens pakistanais, pas seulement comme chrétiens, parce que ces lois sont dangereuses aussi pour les musulmans. »

 








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