« Le Pape François est un grand ami du peuple arménien »

(RV) Trois jours avant la messe qu'il célèbrera ce dimanche dans la basilique Saint Pierre pour les fidèles de rite arménien, le Pape François a reçu ce jeudi en audience les membres du Synode patriarcal de l’Église arménienne-catholique. L’occasion pour lui de souhaiter explicitement que tout soit fait pour guérir les blessures et que soient posés au plus vite des gestes concrets de réconciliation et de paix entre les nations qui ne parviennent pas encore à trouver un consensus raisonnable sur ces tristes vicissitudes. 

Le Père Georges Assadourian, curé des Arméniens catholiques de Paris, a été très touché par les paroles du Souverain Pontife. Il est interrogé par Antonino Galofaro.

Quelle est votre réaction après les mots du Pape François ce jeudi matin ?
Le Pape François est un grand ami du peuple arménien. Quand il était archevêque de Buenos Aires, il participait tous les ans à la messe de commémoration du génocide arménien. Il continue toujours à nous donner de bons mots. Il nous donne la consolation pour résister et continuer à témoigner de notre foi chrétienne. Vous voyez qu’on est entré dans l’œcuménisme, dans le catholicisme de l’Église, dans l’universalité de l’Église. On est entré dans la charité chrétienne. C’est grâce au Pape François qui a fait cet appel de prière, un appel à commémorer, un appel pour être ensemble, pour être en communion avec l’Église apostolique arménienne. Et aussi, l’appel au peuple arménien pour qu’il prie, pour qu’il continue à témoigner de sa foi, la foi que leurs ancêtres, les martyrs, ont donnée pour l’Église mais aussi pour la nation arménienne.

Comment avez-vous reçu les paroles du Pape de jeudi matin ?
Moi, j’aime beaucoup le Pape François. Il me touche beaucoup, dans tout ce qu’il dit. J’utilise aussi ses mots dans mes homélies parce qu’il y a des gens qui me disent tous les jours ou bien tous les dimanches quand je célèbre la messe dominicale « Père, s’il vous plaît, donnez-nous les messages du Pape François ». Le Pape François est un grand homme pour l’Histoire, pour le peuple arménien et pour nous, comme chrétiens.

Il a pris l’occasion  de parler aux catholiques arméniens pour souhaiter explicitement que tout soit fait pour guérir les blessures et que soient posés au plus vite des gestes concrets de réconciliation et de paix. Quel poids peut avoir la voix du Pape dans cette mission ?
Il nous appelle à l’unité entre les Églises catholique et apostolique, au sein même de l’Église catholique et aussi que ces martyrs soient pour nous un modèle de sainteté, un modèle de prière et un modèle de persévérance dans les difficultés que nous avons aujourd'hui. Les chrétiens et les Arméniens sont persécutés et vivent la guerre. Je suis d’origine syrienne, Arménien de Syrie, du nord du pays, où mes parents se trouvent encore aujourd'hui. Ils se trouvent en grande difficulté mais malgré cette difficulté, ils n’ont jamais oublié leur foi. C’est pour cela qu’ils se retrouvent tous les jours à l’église pour prier pour la paix. Mais ils savent aussi très bien qu’il y a cent ans, leurs grands-pères, leurs grands-mères ont perdu leur vie pour le Christ et aussi pour leur Église. C’est un message que le Pape nous donne, c’est un devoir qu’il donne à tout le monde pour continuer à témoigner.

Quel message vous allez porter au Pape François en venant au Vatican ?
Je vais lui dire « Pape François, je vous remercie beaucoup parce que vous êtes à côté de nous ». Je vais lui dire que nos martyrs nous ont donné un bon modèle de sainteté, de prière. Moi, qui suis encore là cent ans après le génocide, qui ai perdu la famille de ma mère et de mon père, je suis prêt à témoigner. Mais pas seulement moi, également ma famille qui se trouve en danger, sous le feu [de la guerre]. Ma famille est aussi prête à donner, à nouveau, cent ans après, son sang et aussi sa vie pour rester dans la foi catholique, dans la foi chrétienne, parce que témoigner de sa foi en ces jours-ci, est très important. Je travaille aussi avec un prêtre qui est d’origine musulmane et qui s’est converti au christianisme. Il travaille lui-même avec ceux qui veulent se convertir au christianisme. Et que lui disent ces gens-là ? « C’est grâce au Pape François qu’on veut entrer dans votre religion, dans votre christianisme ». Cela signifie que le Pape François est un homme qui délivre des messages partout.