2015-04-12 12:56:00

Un nouveau docteur de l'Église symbolise la fraternité avec l'Arménie


(RV) La messe de ce dimanche 12 avril pour les fidèles de rite arménien a eu deux sens : d'une part, rendre hommage aux martyrs de 1915, et d'autre part offrir à l'Église un nouveau docteur de l'Église, en la personne de Saint-Grégoire de Narek, un moine arménien dont la spiritualité a profondément marqué le christianisme oriental, et dont la reconnaissance s'étend donc désormais à l'Église universelle. Lors de son intervention au début du rite de proclamation du doctorat, le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints, a rappelé que « la profondeur des idées théologiques de notre saint, la nouveauté de sa pensée et la vigueur de son verbe poétique furent toujours appréciées aussi bien au niveau populaire que de la part des hommes de culture. » Il a rappelé que « son œuvre a pénétré petit à petit tous les domaines de la vie religieuse et de la culture arménienne : la poésie, la miniature, la musique, l'hagiographie, la liturgie et le folklore. »

Saint-Grégoire de Narek est ainsi devenu le 36ème docteur de l'Église, après, dans l'histoire récente, Sainte Thérèse de Lisieux, élevée au doctorat par Jean-Paul II en 1997, puis Saint-Jean d'Avila et Sainte Hildegarde de Bingen, proclamés ensemble docteurs de l'Église par Benoît XVI en 2012. Mais il n'est que le deuxième docteur de l'Église à provenir du christianisme oriental, après Saint Ephrem Le Syrien, proclamé en 1920 par le Pape Benoît XV.

Une homélie portées sur les plaies du Christ

Après ce rite de proclamation du doctorat, la messe s'est poursuivie, suivant la liturgie du deuxième dimanche de Pâques, Fête de la divine Miséricorde, en rite latin mais avec des chants et des élements du rite arménien, notamment lors de la proclamation de l'Évangile. 

Dans son homélie, qui est restée purement spirituelle, sans allusion explicite à l'Arménie, le Pape a évoqué l'incrédulité de Thomas face à Jésus. Il a appelé à regarder les « plaies de Jésus » comme  des « plaies de miséricorde ». François s'est appuyé longuement sur Saint-Bernard de Clairvaux et son Commentaire du Cantique des Cantiques, rappelant qu' « à travers les blessures de son corps, l'amour caché du coeur du Christ se manifeste, le grand mystère de l'amour se révèle, les entrailles de la miséricorde de notre Dieu se montrent. »

Du mal peut donc naître un bien, et du martyre, une renaissance. « Que ce soit devant mes péchés, ou que ce soit devant les grandes tragédies du monde, "ma conscience sera troublée mais elle n'en sera pas ébranlée, parce que je me souviendrais des blessures du Seigneur (...). Il n'y a rien qui soit mortel pour nous qui ne puisse être guéri par la mort du Christ. » Pour le Pape, cette conviction doit pousser tous les chrétiens à cheminer avec confiance au milieu de toutes les crises. « Avec ces paroles imprimées dans le cœur, marchons sur les routes de l'histoire, la main dans la main de notre Seigneur et Sauveur, notre vie et notre espérance », a conclu le Saint-Père.

Signes de fraternité

Cette messe a permis de mettre en évidence la fraternité entre l'Église catholique et les différentes Églises arméniennes, avec lesquelles, depuis les années 1990, les relations œcuméniques se sont considérablement intensifiées. Nersos Bedros XIX, patriarche de Cilicie des Arméniens, et qui est à ce titre primat de l'Eglise catholique arménienne, a concélébré la messe avec le Pape. Les deux responsables de l'Église apostolique arménienne, Karékine II, patriarche suprême et catholicos de tous les Arméniens, et Aram 1er, catholicos de la Grande maison de Cilicie, n'ont eux pas formellement concélébré, leurs communautés n'étant pas canoniquement reliées à Rome. Mais ils ont assisté à la messe et sont même montés à l'autel pour échanger le signe de paix avec le Pape François et les autres concélébrants, un geste chargé de sens et d'émotion.

À la fin de la célébration, ils ont lu ensemble une prière pour les martyrs de l'Arménie, puis ont remercié le Pape François pour son attention aux chrétiens d'Arménie. Le catholicos Karékin II a évoqué la canonisation prochaine par l'Église apostolique arménienne, le 23 avril prochain, de toutes les victimes des massacres de 1915. Il a salué la présence à cette cérémonie des délégations des « Églises sœurs », notamment celle d'un représentant de l'Église catholique.

 








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