2015-04-15 08:15:00

Australie: les Aborigènes inquiets pour leur avenir


(RV) Entretien - Faut-il faire apparaitre les Aborigènes dans la Constitution australienne ? C’est en tout cas la volonté du premier ministre, Tony Abbott, qui a prévu d'organiser un référendum en 2017 afin de réaffirmer la place des indigènes dans l’histoire du pays. Un geste d’ouverture et de reconnaissance envers ces communautés qui souffrent aujourd’hui de stigmatisation.

Aujourd’hui plus de 650 000 Aborigènes vivent encore sur le territoire australien, soit 3 % de la population du pays… et la question de leur intégration est un sujet sensible. Depuis quelques mois, le gouvernement menace en effet de fermer leurs villages en raison du coût pour la société australienne. Ils survivent pour la plupart grâce aux aides sociales de l’Etat, et dans des conditions misérables.

A l’Ouest du pays, certains villages ont ainsi déjà été fermé par le gouvernement, comme l’explique Maia Ponsonnet, ethnolinguiste et spécialiste des langues et des cultures aborigènes d'Australie. Elle est au micro d'Anne-Sophie Saint-Martin 

Le racisme institutionnel est rampant, c’est-à-dire que pour ce qui est des institutions, des gouvernements, des associations gouvernementales, etc…tous les partis de gauche comme de droite affichent leur bonne volonté et affichent leur volonté qui, sans doute, pour certaines personnes est tout à fait sincère, de défendre ces populations qui sont très défavorisées. Donc, la discrimination, elle est dans le fait que malgré les bonnes volontés, c’est très difficile pour ces populations de rattraper la population qu’on appelle « mainstream », donc, la population moyenne pour des indicateurs tel que la santé comme l’espérance de vie par exemple, - c’est-à-dire les populations aborigènes vivent en moyenne quinze ans de moins que ces « populations mainstream »-, un accès à l’emploi très limité. Je parlais aussi de l’éducation : un niveau d’éducation qui est largement défavorisé. Donc, effectivement, tous ces indicateurs montrent que de fait, il y a sinon une discrimination, en tout cas une grande différence dans la qualité de vie à laquelle peuvent accéder ces populations par rapport aux « mainstream ».

Comment vivent ces communautés aborigènes ?

Ces communautés recouvrent pas mal de choses différentes. Il y a des tous petits hameaux qui sont deux ou trois maisons qui sont vraiment très loin des centres de service et qui concernent assez peu de gens. Et puis, il y a des communautés un peu plus importantes où il va y avoir quelques centaines, parfois un millier ou deux d’habitants. Alors, comment vivent-ils ? Là aussi, il y a vraiment d’énormes différences selon la distance des villes. Ce sont des communautés qui sont en principe plus ou moins autogérées. Donc, c’est vrai que les habitants ont une certaine autonomie pour un certain nombre de points de leur organisation. Ils sont aussi de fait géographiquement isolés. Donc, ce sont des endroits où les habitants vivent quand même loin des blancs, c’est-à-dire qu’ils sont entre eux et ça, c’est important. Ils ne vivent pas au quotidien le racisme et le regard des blancs qu’ils peuvent subir dans les villes. Rares sont ceux qui travaillent. Donc, les journées sont plutôt occupées, soit à la vie sociale, c’est-à-dire, on passe du temps à s’occuper des enfants d’abord et puis aussi du reste de la famille, une famille très étendue. Les terres sont à proximité, donc, on peut aller pêcher et chasser. Ça, c’est occasionnel. Certains vont fabriquer des artéfacts traditionnels, c’est-à-dire des paniers, des didjeridoo, de la peinture. Tout ça, c’est aussi des moyens de revenus supplémentaires parce qu’effectivement, l’essentiel des revenus dans ces communautés où les gens travaillent très peu, ce sont les revenus des minimas sociaux.

Les aides de l’État sont-elles importantes pour ces communautés ?

Elles sont totales, c’est-à-dire que ces communautés sont effectivement entièrement financées par l’État. Donc, l’État va financer d’abord les maisons. Il y a des frais pour les habitants des maisons. Ils ont une allocation qu’ils paient et qui correspond  à un loyer, sachant que ce loyer est lui-même payé grâce aux aides de l’État qui sont des minimas sociaux. L’État finance les écoles, les dispensaires, etc. Soit dit en passant, dans les villes aussi, l’État finance les hôpitaux, les écoles, les infrastructures. Et oui, en effet, ça coûte très cher aux divers gouvernements de financer tout ça, d’autant plus de l’isolement des communautés. Alors, il y en a certaines qui sont relativement proches des villes, ça peut être 60, 90 km d’une ville avec route goudronnée, auquel cas ce n’est pas si loin que ça. Après, il y a des communautés qui sont à plusieurs centaines de kilomètres du premier centre urbain avec nécessité d’accéder par des pistes 4x4. Là, forcément, ça coûte plus cher de faire quoique ce soit, c’est-à-dire de ramener des boites de petits pois, de construire une nouvelle maison ou de réparer un générateur qui va fournir de l’électricité. Tout ça est effectivement couvert par le gouvernement. Il y a des montants faramineux qui ont été annoncés au moment où le gouvernement d’Australie de l’ouest a annoncé qu’il allait supprimer certaines de ces communautés mais ça, c’est très difficile d’y voir clair. 








All the contents on this site are copyrighted ©.