2015-04-22 17:50:00

Mgr Santier : « ne pas céder à la peur »


(RV) EntretienEn France, les chrétiens font face à la menace d’attentats. Après la révélation ce mercredi du projet d’attaque contre deux églises de Villejuif dans la banlieue sud de Paris, la communauté chrétienne s'inquiète de devenir la cible des islamistes. Le suspect de l’attentat, Sid Ahmed Ghlam, un étudiant en électronique franco-algérien de 24 ans a été arrêté ce dimanche à Paris. Après perquisition, de nombreuses armes ont été retrouvées à son domicile. Selon le procureur de Paris, le suspect aurait évoqué un homme en Syrie qui lui aurait demandé «explicitement de cibler particulièrement une église». Sid Ahmed Ghlam aurait par ailleurs fait part de son envie de partire faire le djihad en Syrie sur sa page Facebook. 

Dans ce climat fébrile qui ravive les inquiétudes, Monseigneur Michel Santier, évêque du diocèse de Créteil appelle cependant à ne pas céder à la peur.

 

C'est d’abord un sentiment de stupeur parce que c’est la première fois qu’en France, on s’attaquerait à une église catholique. Et donc, ça s’attaque bien sûr à la valeur patrimoine parce que c’est une belle église et aux valeurs de la France. Mais c’est une église qui rassemble tous les dimanches une assemblée nombreuse. Donc, ça aurait été un attentat qui aurait fait beaucoup de victimes. Il y a la stupeur et il y a aussi le soulagement parce que ça montre quand même l’efficacité des services de police, des services de renseignements généraux et du ministère de l’Intérieur puisque cet attentat a été déjoué.

À votre avis, comment le gouvernement doit-il réagir à cet évènement ? Est-ce qu’il faut mieux protéger les églises aujourd’hui ?

Si vous voulez, je pense que le plan Vigipirate en France s’appliquait aussi aux églises. Alors forcément, c’était moins rapproché que vis-à-vis des synagogues puisque dans les derniers attentats, les communautés juives étaient particulièrement visées et qu’il y a eu des victimes. Bien sûr, certaines mosquées sont aussi plus protégées parce qu’il y a eu des actes de vandalisme. Mais là, ça serait la première fois qu’on s’attaquerait à des églises en vue de tuer. Mais je pense que le gouvernement français est mobilisé. On le voit bien d’ailleurs même au plan international puisque c’est la France qui a mobilisé un peu l’ONU pour qu’on se préoccupe du sort des chrétiens persécutés à travers le monde et les actes ne cessent de se multiplier. Il y a l’appel du Pape, l’appel de Mgr Pontier, l’évêque de Marseille et l’appel du cardinal Vingt-Trois, et je m’y associe pour qu’une vigilance soit augmentée pour la surveillance des églises.

Comment les chrétiens doivent-ils réagir face à ces actes ?

Cela demande un certain équilibre parce qu’il ne faut pas céder à la peur et à la panique. Céder à la peur, c’est donner raison à ceux qui préméditent de tels actes ignobles. Tuer quelqu’un parce qu’il est chrétien ou parce qu’il a une conviction croyante est inadmissible. Alors, le seul rempart que nous pouvons donner, c’est le signe que donne le Pape François, c’est-à-dire le signe de la fraternité entre les différentes confessions chrétiennes et les différentes communautés croyantes. C’est le rempart de l’amour, de la miséricorde et de la fraternité qui protégera le mieux, qui empêchera que ce climat de haine, de violence se propage. La peur est mauvaise conseillère et parmi les jeunes, surtout les jeunes étrangers, des jeunes musulmans, au risque de voir chez eux une menace partout. Déjà, ce n’est pas facile pour des jeunes de vivre dans les périphéries des grandes villes comme le Pape le souligne. Ce n’est pas facile de trouver aujourd’hui son identité. Mais ce que je veux voir dans cet évènement, c’est que peut-être qu’en France, on tienne compte davantage de la participation des catholiques qui participent vraiment au dialogue et à la fraternité dans la société. Et à cause de la laïcité, on voudrait que ce témoignage ne soit pas visible mais quand on regarde bien sur le terrain, les catholiques et les autres chrétiens participent vraiment à ce climat de dialogue, de fraternité, du vivre-ensemble. On voit bien ce qui s’est passé le 11 janvier, il y aussi en France -et les catholiques y participent vraiment -ce désir de ce qui est important pour nous chrétiens dans l’Évangile, que la fraternité soit plus forte que la haine et la violence.

Est-ce que cet acte traduit une certaine cristallisation, un malaise entre les communautés en France ?

Pas du tout. Cet acte n’est pas le fruit d’un malaise entre les différentes communautés. Vous voyez, je suis évêque de Créteil. Même le premier ministre qui est venu jeudi dernier dans cette ville pour mobiliser contre l’antisémitisme et le racisme a dit très clairement que dans cette ville se vit un climat de fraternité entre les différentes communautés religieuses et j’ai souligné dans une conversation à part que les catholiques y participaient vraiment. Ça avait d’ailleurs vraiment été souligné par le maire de Créteil lors des vœux devant toute la ville et toutes les autorités du département. Les chrétiens participent à ce climat de fraternité en France qui est plus fort que la peur. Il n’y a aucune raison que les relations entre les différentes communautés soient détériorées par des actes d’homme qui ne sont habités que par la violence.








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