2015-05-23 13:38:00

Le Pape François : « Que le travail soit un instrument d’espérance !"


(RV) Ambiance chaleureuse ce samedi matin, en salle Paul VI, au Vatican. Le Pape recevait les membres des Associations chrétiennes des travailleurs italiens (ACLI), à l’occasion du 70e anniversaire de leur fondation. A cette occasion, le Pape a les appelés à réfléchir à leur « âme associative » et sur les raisons fondamentales qui les « ont poussés et (vous) poussent encore à la vivre avec passion et engagement ».

Le « dieu-argent » au centre du système économique

Les associations chrétiennes des travailleurs italiens sont aujourd’hui confrontées à de nouvelles questions, a observé le Pape, lesquelles requièrent des réponses adaptées. « Ce ne sont pas tant les problèmes qui ont changé, que leur dimension et leur urgence. L’ampleur et la rapidité avec lesquelles les inégalités gagnent du terrain sont inédites. Et cela, nous ne pouvons le permettre ! a lancé le Pape. Nous devons proposer des alternatives appropriées et solidaires, qui soient réellement faisables ».

« L’extension de la précarité, du travail au noir, et du chantage mafieux fontt expérimenter aux jeunes générations que le manque de travail enlève la dignité », a martelé François. Il est nécessaire de donner une réponse vigoureuse et rapide contre « ce système économique qui place le dieu-argent au centre de tout, et non l’homme et la femme », a alors affirmé le Pape, sortant de son texte. « Le dieu-argent détruit, et génère la culture du rejet, dont les enfants, les personnes âgées et les jeunes sont les premières victimes ». « Pensez donc que sur cette terre si généreuse, il y a un peu plus de 40% de jeunes qui n’ont pas de travail ! C’est le sacrifice que cette société égoïste et mondaine offre au dieu-argent ! », s’est exclamé le Pape avec vigueur, sous les applaudissements nourris de l’assistance.

Les quatre caractéristiques du travail

Il convient donc que « faire en sorte que, par le travail, -un travail libre, créatif, participatif et solidaire-, l’être humain exprime et accroisse la dignité de sa propre vie », a continué le Pape avant de s’attarder sur chacun de ces points.

Qu’est-ce qu’un travail libre ? Il implique que l’homme, en continuant l’œuvre du créateur, fasse que le monde retrouve son but : être œuvre de Dieu qui, dans le travail accompli, incarne et prolonge l’image de sa présence dans la création et l’histoire de l’homme ». Et le Pape de déplorer les différentes oppressions auxquelles est soumis le travail : « celle de l’homme sur l’homme, celle de nouvelles organisations esclavagistes qui oppriment les plus pauvres ; celle d’une économie qui contraint de nombreuses personnes, enfants et femmes, à un travail indigne, qui contredit la création dans sa beauté et son harmonie ». « Que le travail ne soit pas un instrument d’aliénation, mais d’espérance et de vie nouvelle ! » a lancé le Saint-Père avec force.

Qu’entendre par « travail créatif » ? Pour le Pape, chaque homme porte en lui une capacité « unique et originale de tirer de lui-même, et des autres, le bien que Dieu a mis en son cœur ». Mais pour y arriver, l’homme doit pouvoir exprimer en pleine liberté et créativité ses projets d’entreprise, qui puissent « lui garantir ainsi qu’à la communauté un plein développement, économique et social ». « Nous ne pouvons couper les ailes de ceux, des jeunes en particulier, qui ont tellement à donner grâce à leur intelligence et leurs capacités ! »

Le travail doit être également participatif. « L’homme est appelé à exprimer le travail de la logique qui lui est propre : la logique relationnelle ». Et le Pape de préciser  « c’est-à-dire voir toujours dans le travail le visage de l’autre, et la collaboration responsable entre les personnes. Là où l’on pense à l’homme avec une vision égoïste, et aux autres comme des moyens, (…) le travail perd son sens premier, celui de continuer l’œuvre de Dieu, œuvre destinée à toute l’humanité, afin que tous puissent en bénéficier ».

Quant au travail solidaire, il implique d’apporter des réponses, et d’offrir proximité et solidarité aux personnes qui ont perdu leur emploi, celles qui en cherchent, et qui veulent « rapporter du pain à leur famille ».

« Liberté, créativité, participation et solidarité, a donc résumé le Pape, sont les caractéristiques qui font partie de l’histoire des ACLI. Et vous êtes appelés plus que jamais à les mettre au service d’une vie digne pour tous, sans vous épargner. Pensez aux enfants, aux personnes âgées rejetées, aux jeunes qui risquent de tomber dans les addictions, ou à chercher des horizons de guerre », en tant que « mercenaires », à cause du manque de travail.

Fidélité aux pauvres

Le Pape a ensuite exhorté les ACLI à être des points de référence pour les jeunes partis étudier ou chercher du travail à l’étranger, à les soutenir, et les aider dans leur insertion ; il a également tenu à les encourager sur leur engagement contre la pauvreté et l’appauvrissement des classes moyennes, -un phénomène toujours plus prégnant. « Considérer l’Etat-providence comme une infrastructure de développement, et non un coût », doit être, pour le Pape une « bataille culturelle ».

« Que votre engagement  trouve  toujours sa source dans « l’inspiration chrétienne » ; « qu’il demeure fidèle à Jésus christ et à la Parole de Dieu, fidèle à étudier et appliquer la doctrine sociale de l’Eglise devant les défis que pose le monde contemporain », a enfin conclu le Pape, avant de rajouter : « les trois fidélités historiques de l’association, -qui sont fidélité aux travailleurs, à la démocratie, à l’Eglise-, se résument en une nouvelle et toujours actuelle : la fidélité aux pauvres ».








All the contents on this site are copyrighted ©.