2015-05-28 18:36:00

Rohingyas : l'archevêque de Rangoun appelle à la compassion


(RV) Amassés dans des embarcations de fortune, et aux mains de passeurs sans scrupule, des milliers de Bangladais et de Rohingyas se retrouvent pris au piège dans les mers du sud-est asiatique. Ce vendredi, une conférence régionale rassemble en Thaïlande les pays de l’Asean. L'ONU appelle les pays de la région à ne pas relâcher leurs efforts, rappelant que la « première priorité » était de sauver les vies des milliers de migrants en perdition en mer. Thaïlande, Malaisie, Indonésie et Birmanie sont invités à s'attaquer aux « racines » de l'exode des Rohingyas, minorité estimée à 1,3 million de personnes en Birmanie où ses membres restent apatrides et privés de tout droit. Les autorités birmanes les voient toujours comme des immigrés illégaux du Bangladesh voisin, même ceux installés depuis des générations

« Faisons en sorte que la miséricorde et la compassion courent comme un fleuve sur la terre de Bouddha » a affirmé pour sa part le cardinal Charles Maung Bo, l’archevêque de Rangoun. Faisant allusion aux anciens « boat people » qui venaient, à l’époque, du Vietnam et aux naufragés d’aujourd’hui dans la Méditerranée, le prélat rappelle que les réfugiés fuient pour trouver la dignité et la sécurité.

Contre les extrémistes, le cardinal sollicite le gouvernement

« Avec un grand geste d’humanité, la Malaisie, les Philippines et l’Indonésie ont ouvert leurs portes. Le gouvernement du Myanmar a sauvé deux barques à la dérive, ce geste venant d’une nation dévote au seigneur de la compassion, Bouddha, est très admirable » affirme le cardinal, mais il ne se contente pas de ces sauvetages et met en garde les autorités birmanes.

Selon Mgr Charles Maung Bo, affirme l’agence fides, « la haine et la négation des droits » se sont propagés dans le pays. Certaines franges bouddhistes ont en effet perpétré des actes de violences à l’encontre des Rohingyas, et les autorités locales montrent de l’hostilité. « Nous en appelons fortement au gouvernement pour qu’il ne permette pas que des discours de haine mettent à mal la glorieuse tradition birmane de la compassion. Les citoyens du Myanmar ont l’obligation morale de protéger et promouvoir la dignité de toutes les personnes humaines. Une communauté ne peut pas être démonisée et on ne peut pas les priver de leurs droits de base comme l’identité, la citoyenneté et le droit d’être une communauté. »

Un disciple du Dhamma ne peut pas permettre la mort d'un homme

Citant de grands moines bouddhistes qui sont un « phare de compassion pour le monde », l’archevêque de Rangoun rappelle que la religion bouddhiste présente la compassion comme « la vertu la plus noble que l’on peut accorder à tous les êtres vivants, animés ou inanimés. Compassion et miséricorde sont les deux yeux de cette nation qui permettent une vision de paix et de dignité

Le cardinal évoque les grands voyants et moines du prestigieux bouddhisme Theravada qui sont « un exemple de compassion » pour le monde. « Les courants principaux de cette religion considèrent la compassion comme une noble vertu, une compassion qui n’est pas réservée aux choses inanimées, mais également aux êtres vivants. La mort d’une feuille, devrait briser le cœur d’un disciple du Dhamma (la vérité telle que Bouddha l’a enseignée). Et clairement le même disciple du Dhamma ne peut pas permettre qu’un être humain, et en particulier une femme ou un enfant, puisse mourir sans verser de larmes, sans être entendu dans les abimes d’une mer privée de miséricorde. » Le cardinal invite ainsi à la miséricorde et à la compassion pour qu’elles courent comme un fleuve sur la terre bouddhiste.

Naufrage et fosses communes

Signalons que les Rohingyas meurent en mer quand ils tentent de rejoindre des côtes lointaines, mais aussi en traversant des frontières terrestres. 139 cadavres de migrants et 28 camps de trafic d’êtres humains ont été trouvés soudainement dans le nord de la Malaisie. Le gouvernement de Kuala Lumpur est accusé par des organisations des droits de l’homme d’avoir fermé les yeux sur cette contrebande. A la veille du sommet de Bangkok, les autorités répondent tout simplement que ces camps se trouvaient dans des zones montagneuses éloignées où la police ne patrouille pas. Des camps temporaires pour migrants doivent être ouverts en Malaisie, à condition que bangladais ou Rohingyas soient réinstallés dans des pays tiers d’ici un an.

 








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