2015-05-29 15:00:00

Burundi : Les Evêques invitent à persévérer « dans la prière pour la paix »


(RV) « Persévérons dans la prière pour la paix en faveur de notre pays », tel est l’intitulé, rendu publique jeudi, du troisième Message des Evêques du Burundi concernant les élections en préparation dans leur pays. Tout en remerciant les appels du Pape François invitant à « fuir la violence » les membres de la Conférence Episcopale du Burundi ont annoncé leur retrait du processus électoral, un coup dur pour le président Pierre Nkurunziza, toujours contesté dans la rue plus d'un mois après avoir déclaré sa candidature à un troisième mandat. Lors de leur dernier message, Mgr Evariste Ngoyagoye, Archevêque de Bujumbura et Vice-Président de la Conférence des Evêques du Burundi, avait déjà invité au dialogue.

Voici l’intégralité du Message des Evêques

PERSEVERONS DANS LA PRIERE POUR LA PAIX EN FAVEUR DE NOTRE PAYS (cf. Ac.2,42)

Chers fidèles du Christ en communion de foi et de famille,

Chers Burundais et Burundaises.

La paix de Dieu soit avec vous !

l. Dimanche le l7 Mai 2015, nous avons été heureux et réconfortés d'entendre Sa Sainteté le Pape François qui priait pour que notre Burundi ait la paix. Sur le parvis de la basilique Saint Pierre du Vatican, le Pape a invité les fidèles du monde entier à prier pour « le cher peuple du Burundi, qui vit un moment délicat ». Il a demandé « que le Seigneur les aide tous à fuir la violence et à agir de façon responsable pour le bien du pays ». Au nom de l‘Eglise catholique qui est au Burundi, nous Evêques de l'Eglise catholique, exprimons à cet Apôtre de Dieu notre reconnaissance pour cette sollicitude qu'il ne cesse de nous témoigner en nous portant dans sa prière et en nous prodiguant ses conseils. Nous profitons aussi de cette occasion pour adresser nos remerciements à toute la Communauté Internationale, en commençant par les pays de la Sous-Région d'Afrique, qui ne ménage aucun effort pour aider les protagonistes en conflits à trouver une bonne solution à ce processus électoral conflictuel. Plus un problème est compliqué, plus on a besoin d'une synergie de plusieurs intervenants.

2. C’est dans cette perspective que, nous-mêmes, Evêques de l'Eglise catholique, comme tant d'autres, continuons à donner notre contribution en proposant nos conseils et en priant pour notre pays, afin qu'il ne dévie pas de la voie de la paix et de la réconciliation que nous avons empruntée, en poursuivant la démocratie fondée sur le multipartisme. La voie de l’obstination et de la confrontation violente n'aboutit jamais à une victoire ; mais à une illusion de celle-ci. Par contre, la voie du dialogue entre les protagonistes qui ne partagent pas une même vision mais qui acceptent de mettre en avant l’intérêt supérieur de la nation et de tous les citoyens, même si elle est difficile car elle exige aux uns et autres de se dépasser, c'est la voie qui aboutit à une victoire pour tous et sans perdant. Nous remercions beaucoup ceux qui accueillent avec bon cœur les conseils que nous donnons comme notre contribution qui édifie.

3. Même tout récemment, nous avons sorti un Communiqué qui contenait nos souhaits et recommandations pour que le processus électoral en cours réponde aux conditions requises pour de bonnes élections crédibles. Nous en avons profité pour déclarer que si les choses devaient continuer comme elles étaient, nous allions devoir nous retirer du groupe des intervenants qui organisent ces élections, vu que l'Eglise catholique ne peut pas cautionner des élections pleines de lacunes. Nous remercions beaucoup ceux qui nous ont compris dans notre préoccupation de souhaiter que ces élections soient un tremplin pour consolider le système démocratique pluraliste, et poursuivre le processus de paix et de réconciliation initié à partir de l’Accord d'Arusha.

4. Pour nous les Pasteurs de l’Eglise catholique, comme nous l'avons toujours rappelé dans nos enseignements et montré à travers nos initiatives, les élections constituent la seule bonne voie pour un renouvellement des institutions dans le système démocratique que nous avons choisi. Nous réaffirmons ainsi notre soutien à la voie des élections. Comme tous les autres citoyens remplissant les conditions exigées, le moment venu, nous irons aux élections. A vous aussi nos chrétiens, nous vous exhortons d'aller, le moment venu, vous acquitter de votre devoir de bons citoyens de voter.

Nous vous demandons de bien voter en toute responsabilité, en respectant la voie de la conscience que Dieu a mise en vous, en écoutant son Esprit et en mettant en avant le bien et l’intérêt de tous.

Que personne ne vote par menace ou intimidation de quelle que nature que ce soit, ou parce qu'il a été « acheté » d'une façon ou d'une autre. Aux yeux de Dieu, il serait comme un esclave du mal.

Or, cela n’est pas digne d'un enfant de Dieu. Pour ce qui est du travail de l'observation des élections, fait par nos fidèles laïcs, s'ils en ont les possibilités, ils pourront remplir cette mission.

5. Mais, en ce qui concerne les prêtres, il y a une chose que nous n'avions pas dite. Pour que les prêtres puissent aller participer aux démembrements de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) aux niveaux des provinces et des communes, nous avons dû leur donner une permission spéciale, car sans celle-ci, en tant que clercs, il leur est interdit de remplir ce genre de charges (cf. canon 285). C'est pour cela qu'il nous a fallu signer une Convention avec les responsables de la CENI précisant les conditions de la participation de nos prêtres à ce travail.

Après avoir considéré la manière dont ces élections sont organisées et leur évolution actuelle ; en considérant la mission des prêtres de réconcilier les gens et de les rassembler dans l'unité, nous avons pris le temps d'échanger à cœur ouvert avec les membres de la CENI avec qui nous avons signé la convention. Ils nous ont compris et nous les avons compris. C'est suite à cela que nous, Evêques de l’Eglise catholique, après analyse approfondie de la situation, avons estimé qu'il convenait que les prêtres démissionnent et cèdent leur travail à ceux qui peuvent continuer à organiser ces élections.

6. Avant de terminer, nous constatons qu'il y a des questions importantes qui sont en train de faire sombrer notre Burundi dans des violences et des tueries. Nous rappelons une fois de plus à tous les protagonistes en conflits que la voie d'un dialogue franc et sincère est l'unique bonne voie. Que personne ne se dérobe à cette voie car, quand les gens sont de bonne foi et de bonne volonté et qu'ils se mettent en dialogue, toute question finit par trouver la meilleure solution possible.

7. En terminant, comme nous l’avions dit la dernière fois : « nous demandons aux manifestants d'éviter des violences, des casses et surtout des tueries. Tuer est un mal horrible quel qu'en soit le motif » (Communiqué no2). Nous donnons cette même recommandation aux forces de sécurité. Nous exprimons notre proximité spirituelle aux familles qui ont perdu les leurs lors de ces manifestations et au cours de l'exil. Nous réconfortons tous nos frères et sœurs contraints à l’exil et qui sont dans des difficultés diverses. Nous demandons à tous nos concitoyens burundais de ne pas s'intimider mutuellement, d'œuvrer plutôt à rasséréner les cœurs. Aux chrétiens et à tous les croyants, nous les exhortons à persévérer dans la prière pour notre pays, afin que notre pays continue à avancer sur le chemin de la paix et de la réconciliation.








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