2015-06-18 12:04:00

Laudato Si’ : chapitre III – La racine humaine de la crise écologique


(RV) Ce troisième chapitre de Laudato Si', l'encyclique du Pape François, sur le soin de notre maison commune, présente une analyse de la situation actuelle, « pour que nous ne considérions pas seulement les symptômes, mais aussi les causes les plus profondes » (15), dans un dialogue avec la philosophie et les sciences humaines.

Un des premiers points d’appui du chapitre sont les réflexions sur la technologie : l’amélioration des conditions de vie au cours de l’histoire est salué (102-103), mais toutes ces capacités et avancées « donnent à ceux qui ont la connaissance, et surtout le pouvoir économique d’en faire usage, une emprise impressionnante sur l’ensemble de l’humanité et sur le monde entier » (104). Ce sont précisément les logiques de domination technocratiques qui mènent à la destruction de la nature et à l’exploitation des personnes et des populations les plus faibles. « Le paradigme technocratique tend aussi à exercer son emprise sur l’économie et la politique » (109), et empêche de reconnaître « que le marché ne garantit pas en soi le développement humain intégral ni l’inclusion sociale » (109).

L’époque moderne se caractérise par « une grande démesure anthropocentrique » (116) : l’être humain ne reconnaît plus sa juste position par rapport au monde et prend une position autoréférentielle, exclusivement centrée sur elle-même et son propre pouvoir. En dérive ainsi une logique du « jetable », qui justifie tout type de déchet, qu’il soit environnemental ou humain, qui traite l’autre et la nature comme un simple objet et conduit à une myriade de formes de domination. La culture du relativisme est la même pathologie qui pousse une personne à exploiter son prochain et à le traiter comme un pur objet, l’obligeant aux travaux forcés, ou en faisant de lui un esclave à cause d’une dette. C’est la même logique qui pousse à l’exploitation sexuelle des enfants ou à l’abandon des personnes âgées qui ne servent pas des intérêts personnels. C’est aussi la logique intérieure de celui qui dit : Laissons les forces invisibles du marché réguler l’économie, parce que ses impacts sur la société et sur la nature sont des dommages inévitables. S’il n’existe pas de vérités objectives ni de principes solides hors de la réalisation de projets personnels et de la satisfaction de nécessités immédiates, quelles limites peuvent alors avoir la traite des êtres humains, la criminalité organisée, le narcotrafic, le commerce de « diamants ensanglantés » et de peaux d’animaux en voie d’extinction ? N’est-ce pas la même logique relativiste qui justifie l’achat d’organes des pauvres dans le but de les vendre ou de les utiliser pour l’expérimentation, ou le rejet d’enfants parce qu’ils ne répondent pas au désir de leurs parents ? (123).

Sous cette lumière, l’encyclique affronte deux problèmes cruciaux pour le monde d’aujourd’hui. Avant tout en ce qui concerne le travail : « Dans n’importe quelle approche d’une écologie intégrale qui n’exclue pas l’être humain, il est indispensable d’incorporer la valeur du travail » (124), tout comme « cesser d'investir dans les personnes pour obtenir plus de profit immédiat est une très mauvaise affaire pour la société » (128).

Le second point concerne les limites du progrès scientifique, avec une référence claire aux OGM (132-136), « une question d’environnement complexe » (135). « Même si, dans certaines régions, leur utilisation est à l’origine d’une croissance économique qui a aidé à résoudre des problèmes, il y a des difficultés importantes qui ne doivent pas être relativisées » (134), comme « une concentration des terres productives entre les mains d’un petit nombre » (134). Le Pape François pense en particulier « aux petits producteurs et travailleurs ruraux, à la biodiversité, au réseau des écosystèmes ». Pour cela, il est nécessaire de « garantir une discussion scientifique et sociale qui soit responsable et large, capable de prendre en compte toute l’information disponible et d’appeler les choses par leur nom » (135), à partir de « diverses lignes de recherche, autonomes et interdisciplinaires » (135).

Pour poursuivre votre lecture :

Chapitre I – Ce qui se passe dans notre maison

Chapitre II – L’Évangile de la Création

Chapitre IV – Une Écologie intégrale

Chapitre V – Quelques lignes d’orientation et d’action

Chapitre VI – Education et spiritualité écologiques

Lire l’encyclique dans son intégralité








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