2015-07-03 13:54:00

En Italie, des milliers de travailleurs exploités


« En une année, nous avons rencontré 2000 travailleurs étrangers exploités dans les campagnes dans seulement dix diocèses, en Italie », affirme cette semaine Oliviero Forti, de Caritas Italie. À l’Exposition universelle de Milan, lors d’une conférence sur les migrants économiques dans le bassin méditerranéen, il a présenté le projet « Presidio », une enquête menée dans une dizaines de caritas locales, de Caserte, près de Naples, à Ragusa, en Sicile.

« Mais nous pouvons estimer que le phénomène implique au moins quelques dizaines de milliers de personnes à travers le pays, poursuit-il. L’opinion publique doit se rendre compte que la spéculation faite sur la peau de ces personnes permet au consommateur de profiter à des prix abordables des produits comme la pastèque ou la tomate. Si l’on veut résoudre le problème, il faut remonter le long de la chaine de responsabilité qui part des employeurs et arrive à la grande distribution. Mais il faut aussi agir sur les travailleurs, pour qu’ils ne soient pas laissés à ceux qui les exploitent ».

Selon les sources officielles, 5400 personnes seraient victimes en Italie d’exploitation. La recherche soutenue par Caritas Italie permet d’affirmer que cette donnée est largement sous-estimée. Depuis l’été dernier, les opérateurs de Caritas ont rencontré, dans dix diocèses , 2000 travailleurs, alors que la saison des récoltes, dans beaucoup de régions, n’avait pas encore commencée.

« Le phénomène est sous-évalué car le travailleur est victime de chantage, ajoute Manuela De Marco, responsable de l’enquête. Il existe sous beaucoup de formes. Le travailleur peut se voir offrir parfois un service, du transport à la nourriture, qu’il doit payer, d’autres fois l’employeur décide qui faire travailler et pour combien de jours. »

Selon la recherche, 72% des travailleurs recensés ont contracté une dette, symptôme d’exploitation. Deux personnes sur trois vivent dans des baraques délabrées, d'autres n'ont pas de toit. Le salaire est en train de baisser à cause de la concurrence des étrangers, notamment roumains et bulgares, qui peuvent aller et venir sans permis de séjour et ne sont donc pas contraints de trouver un logement stable.

« L’Afrique est le principal réservoir de cette main-d’œuvre, souligne encore Manuela De Marco. Les principaux pays de départ sont le Burkina Faso, le Mali, la Gambie et le Ghana, pays que les travailleurs ont été contraint d’abandonner, car la terre s’est asséchée à cause du changement climatique ou car ils ont été chassé par les politiques d’achat des grandes entreprises multinationales souvent soutenues par les gouvernements locaux ».

« Des politiques contre la traite et l’exploitation sont nécessaires dans ce pays », en Italie, affirme le procureur anti-mafia David Mancini, pour qui l’enquête peut pousser les institutions et la société civile à s’activer.








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