2015-07-03 16:18:00

L'accueil des migrants en Europe, une « obligation morale »


(RV) Les drames de l’immigration interpellent la conscience de l’humanité. Si l’accueil des migrants est avant tout une obligation morale pour les chrétiens, le véritable défi pour l’Église en Europe est celui de l’éducation : c’est la conclusion à laquelle sont parvenus les responsables de la pastorale des migrants en Europe. Evêques et directeurs nationaux se sont retrouvés ces jours derniers à Vilnius, la capitale lituanienne. Pendant trois jours, ils ont échangé sur les questions urgentes qui accompagnent le phénomène migratoire : la traite des êtres humains, les nouvelles formes d’esclavage, l’annonce de l’Évangile.

Les migrants sont de plus en plus souvent victimes de méfiance, de préjugés, voire même d’hostilité. Les drames largement répercutés par les journaux télévisés ne parviennent pas à briser l’indifférence et la résignation de l’opinion publique européenne. Les évêques reprochent aux politiques d’envenimer la situation en se limitant à affronter le phénomène migratoire uniquement en termes de budget ou de sécurité. Le migrant n’est pas un problème à résoudre, l’ennemi à combattre, l’envahisseur dont on doit se protéger, lit-on dans le communiqué final de la rencontre de Vilnius. Le migrant est avant tout une personne concrète dont la dignité doit être respectée et défendue. L’Église se dit préoccupée par l’égoïsme social grandissant. Elle demande aux États de prendre leurs responsabilités et d’améliorer les lois et les procédures. Bien que reconnaissant à chaque État le droit de réguler les flux migratoires et de mettre en œuvre des politiques dictées par les exigences générales du bien commun, la pastorale de l’Église à l’égard des migrants est animée par des principes, à commencer par le droit d’émigrer ou de rester dans sa terre d’origine.

La rencontre a été l’occasion d’écouter et d’approfondir les diverses actions mises en œuvre par l’Église dans le cadre de l’accueil des réfugiés et de la pastorale pour les migrants, qui constituent aujourd’hui une priorité en Europe. Il en ressort un tableau très varié, une mosaïque d’expériences et d’activités face à une réalité sociale inquiétante et en mutation qui exige une vigilance permanente. Le texte souligne qu’une fois surmontée la phase de « premier accueil », les communautés de migrants peuvent être une occasion de renouvellement de la vie ecclésiale au niveau local ou, au contraire, l’émigration peut conduire à un appauvrissement voire à l’abandon de la pratique religieuse. Le problème qui se présente dans ce domaine est donc de préserver l’identité religieuse et culturelle d’une communauté donnée sans que cela se fasse au détriment de l’intégration, ni qu’on doive forcer une assimilation qui conduit souvent à l’abandon de la pratique religieuse. Il est nécessaire d’une part d’avoir une meilleure formation des prêtres qui doivent être des « ponts » entre communautés de migrants et église locale, et d’autre part d’éviter que la religiosité traditionnelle ne se transforme en une religiosité culturelle, une pratique identitaire liée au folklore.

L’Église est également engagée en collaboration avec les forces de police nationales contre la traite et les nouvelles formes d’esclavage. Les participants ont insisté sur l’importance de la prévention et de la création de réseaux. Dans ce domaine, Internet constitue un no man’s land juridique qui alimente une économie souterraine difficilement contrôlable.

Le communiqué final consacre une place spéciale à la pastorale des chinois de plus en plus nombreux en Europe. À la différence d’autres immigrations, celle-ci a une dimension surtout familiale et a lieu dans le cadre d’une diaspora composée de nombreuses communautés présentes de manière stable sur le territoire européen. Ces dernières années, plusieurs conférences épiscopales ont beaucoup investi dans la formation de prêtres, en particulier dans le domaine linguistique et culturel. En effet, l’intégration d’une communauté telle que la communauté chinoise, souvent perçue comme « hermétique » vis-à-vis de la communauté locale, passe avant tout par la présence et le partage du même lieu de vie, par une proximité qui s’exprime avant tout par l’emploi de leur langue.

Au cours des travaux, les participants européens ont pu confronter leurs réflexions avec le père Massengo, président du groupe de travail sur les migrations du SECAM (Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar) qui a expliqué le phénomène des réfugiés du point de vue des africains et, par l’intermédiaire d’une vidéo, avec le service pour les migrants et les réfugiés de la conférence épiscopale des États-Unis

La rencontre s’est conclue jeudi par un pèlerinage à la Colline des Croix, en souvenir des nombreuses victimes des migrations dans le monde. 








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