2015-07-27 17:24:00

Rd Congo : La paroisse Sainte Anne de Kinshasa a 100 ans


En République démocratique du Congo, l’archidiocèse de Kinshasa a clôturé la célébration du jubilé du centenaire de la paroisse Sainte Anne avec une messe présidée dimanche 26 juillet 2015 par le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya. Dans son homélie, l’archevêque de Kinshasa, après avoir mentionné que son diocèse était en liesse pour cet événement, et après avoir rappelé l’historique de la paroisse Sainte Anne, a indiqué que le jubilé était l’occasion de s’engager dans une démarche de pardon, pardon demandé à Dieu et pardon donné aux autres par la remise des dettes pour vivre dans la solidarité et le partage, dans la justice, la paix et la réconciliation.

Voici ci-dessous, l’intégralité de l’homélie du Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya :

Chers frères et sœurs,

L’Archidiocèse de Kinshasa est en liesse, car il est heureux de célébrer dans l’action de grâce le centenaire et le jubilé de sa première cathédrale : Sainte Anne. Célébrer un jubilé, c’est penser à toutes ces personnes illustres - nos ancêtres dans la foi - qui se sont dépensées sans compter pour que nous ayons les dons et les bienfaits de la foi. Leurs monuments se dressent là fièrement devant nous. Leur foi n’a pas été vaine et stérile; leur héritage n’a pas été maigre et médiocre. Le premier des héritages, c’est la foi au Christ et sa connaissance qu’ils nous ont léguée et dans laquelle nous avons grandi et cheminons encore  fidèlement.

A ces personnes illustres et connues s’ajoutent toutes les autres modestes, inconnues et anonymes qui, chaque dimanche dans leurs paroisses ou par l’œuvre de la Propagation de la foi ou bien celle de Saint Pierre Apôtre, envoyaient leur obole - souvent l’obole de la veuve (Lc 21, 1 ss), pour que Jésus Christ, connu, adoré et aimé, puisse faire de leurs frères Congolais des membres de son Royaume d’amour, de justice et de paix.

Parmi les anonymes non moins méritants, nous dénombrons les écoliers qui, dans leur tirelire conservaient de quoi envoyer pour la mission. Ce sont toutes ces personnes, des plus illustres aux plus modestes, que nous fêtons et célébrons aujourd’hui en rendant grâces au Seigneur: «Que rendrai-je au Seigneur pour tous les bienfaits dont il m’a comblé ? J’élèverai la coupe du salut et j’invoquerai le nom du Seigneur » (Ps 116, 12-13).

Chers frères et sœurs,

Mais l’homme illustre parmi les illustres, celui à qui la paroisse Sainte Anne doit son existence en 1915, c’est sans conteste Mgr Camille Van Ronslé, vicaire apostolique de l’Etat indépendant du Congo (1896-1926), suivi de Mgr Natalis de Cleene (1926-1934) et Mgr Six (1934-1952). Pour eux et pour leurs successeurs, nous élevons à Dieu un hymne d’action de grâce. Puissent les fidèles de la paroisse Sainte Anne être animés de la générosité, de l’engagement, de l’amour  inextinguible des pionniers.

Fêter un jubilé, c’est s’engager dans une démarche de pardon : pardon demandé à Dieu et pardon donné aux autres par la remise des dettes pour vivre dans la solidarité et le partage, dans la justice, la paix et la réconciliation.

Ce sont les vertus auxquelles nous convie la troisième lecture dans l’Evangile de Jn 6, 1-15. Le Seigneur nous invite à la solidarité : en nous demandant de nous apitoyer sur le sort des gens qui ont faim non seulement de pain matériel mais aussi spirituel. « Où achèterons-nous des pains pour que mangent ces gens ? » (Jn 6, 5). Oui, cette foule immense de 5.000 hommes avait faim de la parole de Dieu. Jésus assouvit cette faim.

En outre, elle avait faim de la nourriture matérielle, et le Seigneur la comble de nourriture. Cette faim de la nourriture spirituelle et matérielle, c’est en groupe et pas seul chacun pour soi que la foule voulait la poursuivre. Et le Seigneur, tout en sachant ce qu’il allait faire, demande aux Apôtres ce qu’il faut faire ; pour mettre leur foi à l’épreuve. Les Apôtres (Philippe et André) se rendent à l’évidence que les moyens à leur disposition, cinq pains d’orge et deux petits poissons, ne peuvent  absolument pas suffire à nourrir une foule de cinq mille hommes. C’est alors que la puissance de Dieu intervient, «car la puissance de Dieu se déploie dans la faiblesse de l’homme » (2 Cor 12, 9). Et Jésus montre qu’il peut nourrir cette foule avec cinq pains et deux poissons.

La surabondance du pain et le reste évoquent le miracle de Dieu qui nourrit son peuple au désert, d’autant qu’on remplit douze couffins qui font penser aux douze  tribus d’Israël et les cinq pains, aux cinq livres de la Torah et les deux poissons dénotent notamment les deux alliances et le milieu de vie (Sitz im leben) de ce récit. Par ailleurs, la multiplication des pains introduit au long discours sur le pain de vie (Jn 6, 22-71) qui se termine par la profession de foi des Apôtres par la bouche de Pierre : « Seigneur, à qui irions-nous : tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 68).

Avons-nous dans la paroisse Sainte Anne la foi des Apôtres au point de dire comme eux : « A qui irions-nous, Seigneur ? Nous croyons et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu » (Jn 6, 69). En outre, ce récit de la multiplication des pains a manifestement des similitudes avec les formules de l’Eucharistie : « Jésus prit les pains et ayant rendu grâces, il les distribue aux convives » (Jn 6, 11). Puissions-nous y penser lors de nos prières avant le repas : le lien entre l’Eucharistie et la Vie.

Chers frères et sœurs,

La deuxième lecture (1 Cor 3, 9-10) nous enseigne comment petit à petit, depuis un siècle, la communauté de Sainte Anne s’est construite grâce à l’action de l’Esprit Saint pour devenir le Corps du Christ.

C’est lui qui est la fondation de tout l’édifice, qui est en même temps la famille de Dieu (Eph 2, 19) où il habite et le temple de l’Esprit Saint. Ce temple qu’est notre communauté, n’en faisons pas « une maison de commerce » (Jn 2, 16), mais des pierres vivantes qui s’apprêtent à construire un édifice spirituel (1 Pi 2, 5), c’est-à-dire une paroisse vivante et dynamique, axée sur l’essentiel de la foi chrétienne et du témoignage rendu au Christ. Pouvons-nous affirmer que telle est notre communauté dans la paroisse Sainte Anne ? Que pouvons-nous faire pour qu’il en soit ainsi ?

Dans ce récit de la multiplication des pains, Saint Jean donne un détail propre à sa rédaction : le petit enfant qui, de toutes ces personnes, a été le seul à prendre avec lui cinq pains et deux poissons (Jn 6, 9). Une fois ce détail donné, l’enfant disparaît et ne revient plus dans le récit, et dans les évangiles synoptiques, on ne trouve pas ce détail. Cela comporte un triple  enseignement: d’abord que les sages et les prudents ne sont pas toujours les grandes personnes ; ensuite, que Dieu est le premier protagoniste de la mission et de l’histoire du salut. Enfin, qu’on n’est jamais trop petit pour participer à la mission du Christ.

Eduquons les jeunes et les enfants de la paroisse à avoir une sensibilité au sacré et aux affaires du Seigneur, afin qu’ils puissent se donner entièrement dans la mesure du possible, à l’apostolat du semblable par le semblable.

Puisse Sainte Anne et Saint Joachim protéger cette paroisse, comme ils ont protégé la Vierge Marie. Puisse la Vierge Marie, Mère du Sauveur, nous donner la main pour que nous suivions les voies du Seigneur dans la lumière.

Avec mon affectueuse bénédiction.  

 








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