2015-09-14 13:10:00

Crise migratoire ou vie privée, le Pape se livre à une radio portugaise


(RV) Le Pape François appelle l’Europe à agir « comme une mère et pas comme une grand-mère ». Le fait d’avoir abandonné toute référence aux racines chrétiennes dans les textes fondateurs a été, selon lui, une grave erreur. Le Saint-Père l’affirme dans une longue interview à la radio portugaise Renascenca, accordée à l’occasion de la récente visite ad limina des évêques portugais. Dans ce nouvel entretien à bâtons rompus, il livre également son point de vue sur la crise migratoire actuelle et sur un ton plus familier, il confie avoir éprouvé une grande émotion au moment de son élection, alors qu’il préparait déjà sa retraite. Antonino Galofaro

 

L’Europe n’est pas morte, elle possède une culture exceptionnelle et peut encore montrer le chemin au reste du monde. Mais si elle veut retrouver sa place dans le concert des nations,« elle doit repartir de ses racines chrétiennes ». Le Pape François pointe du doigt en particulier la culture du bien-être qui pousse les européens à ne pas faire d’enfants et à abandonner les personnes âgées à leur solitude.

En matière de politique, il mise sur les nouvelles générations et invite à lutter contre la corruption, un fléau global à tous les échelons. Le Souverain Pontife ne manque pas de critiquer sévèrement l’instrumentalisation idéologique de la crise migratoire. « Il faudrait plutôt, dit-il, s’attaquer aux causes de ce phénomène, c’est-à-dire au système socio-économique injuste fondé sur le dieu argent, l’idole de notre temps. » Les congrégations religieuses sont elles aussi exposées à cette tentation, avertit le Pape François.« Si elles veulent se lancer dans l’hôtellerie, elles devront alors accepter de pays les impôts ».

Prendre des risques, pour avancer

Le Saint-Père met par ailleurs en garde contre l’individualisme actuel qui porte à croire que la liberté consiste à faire ce qu’on veut et que le bonheur est de ne pas avoir de problème. Il propose une autre voie qui s’écarte de l’ennui d’une vie facile pour affronter les risques et les imprévus. « Eduquer c’est apprendre à aller de l’avant en posant un pied après l’autre, affirme-t-il. Et lorsqu’on trébuche, il suffit de se relever et de continuer ». Cela vaut aussi pour l’Eglise qui doit prendre des risques en évitant par-dessus tout de se replier sur elle-même.

Quant à sa vie quotidienne, le Pape François regrette un peu d’avoir perdu sa liberté après son élection, mais il a gardé la paix qui est un don de Dieu. Il demande que l’on prie pour le prochain Synode sur la famille, car celle-ci est en crise à cause de la culture du provisoire. Il attend beaucoup du prochain Jubilé de la Miséricorde et il voudrait se rendre à Fatima, à l’occasion du centenaire des apparitions de la Vierge. Et quand on l’interroge enfin sur sa popularité, il avoue en riant qu’il se demande de quoi sa croix sera faite. « Jésus aussi était très populaire, relève-t-il et on sait comment cela s’est terminé ! »








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