2015-09-27 01:15:00

La liberté religieuse, contre la tyrannie moderne


(RV) Philadelphie, « lieu de naissance des États-Unis d’Amérique ». Lieu où les « libertés qui définissent ce pays ont été d’abord proclamées », où « la Déclaration de l’Indépendance a affirmé que tous les hommes et toutes les femmes sont créés égaux ». Et lieu choisi par le Pape François pour défendre la liberté religieuse, lors d’une rencontre sur ce thème avec la communauté hispanique et des immigrants dans le Parc national historique de l'indépendance, qui abrite plusieurs sites de la Révolution américaine, samedi dans l'après-midi.

« Dans un monde où diverses formes de tyrannie moderne cherchent à supprimer la liberté religieuse, ou bien cherchent à la réduire à une sous-culture sans droit d’expression dans la sphère publique, ou encore cherchent à utiliser la religion comme prétexte à la haine et à la brutalité, il est impérieux que les adeptes des diverses religions unissent leurs voix pour appeler à la paix, à la tolérance, au respect de la dignité et des droits des autres », a plaidé François.

Le droit fondamental qu’est la liberté religieuse « forge la façon dont nous interagissons socialement et personnellement avec nos voisins dont les visions religieuses diffèrent de la nôtre », a-t-il poursuivi. Mais par sa nature, cette liberté « transcende les lieux de culte ainsi que la sphère des individus et des familles ».

Ce droit donc sert la société. Et s’oppose au pouvoir. Il nous rappelle « la dimension transcendante de l’existence humaine et notre irréductible liberté face à toute prétention de pouvoir absolu ». Et cela afin d’éviter ce qui a déjà été vécu par le passé, car en regardant l’Histoire du siècle dernier, on voit « les atrocités perpétrées par les systèmes qui prétendaient bâtir l’un ou l’autre “paradis terrestre” en dominant des peuples, en les asservissant à des principes apparemment irrécusables et en leur déniant toute espèce de droit ».

Nos riches traditions religieuses cherchent en fait à « offrir signification ainsi que direction » et, citant son exhortation apostolique Evangelii Gaudium, « “ont une force de motivation qui ouvre toujours de nouveaux horizons, stimule la pensée et fait grandir l’intelligence et la sensibilité”. Elles appellent à la conversion, à la réconciliation, au souci de l’avenir de la société, au sacrifice de soi dans le service du bien commun et à la compassion pour ceux qui sont dans le besoin ».

Tout cela s’opposent à un monde sujet à – citant cette fois son encyclique Laudato Si’« “la globalisation du paradigme technocratique” qui soigneusement vise une uniformité unidimensionnelle et cherche à éliminer toutes les différences et toutes les traditions dans une recherche superficielle d’unité ». Les religions ont donc le droit et le devoir de faire comprendre qu’il est possible de bâtir une société où « “un sain pluralisme, qui dans la vérité respecte les différences et les valeurs comme telles, est un précieux allié dans l’engagement pour la défense de la dignité humaine, un chemin de paix pour notre monde blessé” », a encore affirmé le Souverain Pontife en citant à nouveau son exhortation apostolique.

Réaffirmer les droits et les libertés

La liberté religieuse s’inscrit dans le cadre plus large des droits de l’Homme. Mais ces droits et libertés ne sont pas acquis, ils doivent être « constamment réaffirmés, réappropriés et défendus », a prévenu François, rappelant l’Histoire, les « grandes luttes qui ont conduit à l’abolition de l’esclavage, à l’extension du droit de vote, à la croissance du mouvement des travailleurs, et à l’effort progressif pour éliminer toute forme de racisme et de préjudice dirigés contre les vagues successives de nouveaux américains ». Ainsi, « nous gagnons à nous souvenir de notre passé, a insité le Pape. Un peuple qui se souvient ne répète pas les erreurs du passé. Au contraire, il regarde, confiant, les défis du présent et de l’avenir ».

« Le souvenir sauve l’âme d’un peuple de tout ce que ou de tous ceux qui pourraient tenter de le dominer ou de l’utiliser pour leurs intérêts. Lorsque l’exercice effectif de leurs droits est garanti aux individus et aux communautés, a encore ajouté le Saint-Père, ils ne sont pas seulement libres de réaliser leur potentiel, mais ils contribuent aussi au bien-être et à l’enrichissement de la société ».








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