2015-10-03 11:45:00

Méditation du XXVIIème dimanche du Temps ordinaire


Le Père jésuite Antoine Kerhuel, Conseiller général du Préposé général de la Compagnie de Jésus nous introduit à la méditation avec les lectures du XXVIIème dimanche du Temps ordinaire :

Alors que commencent les travaux du synode des évêques sur « La vocation et la mission de la famille dans l’Eglise et le monde contemporain », il se trouve que les lectures de ce dimanche nous donnent l’occasion de nous arrêter sur la grandeur de l’union de l’homme et de la femme.

Dans l’Evangile de ce jour, des pharisiens questionnent Jésus sur les liens du mariage : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? ». Jésus répond en se plaçant, dans un premier temps, sur le registre de la loi : « Que vous a prescrit Moïse ? ». Jésus rejoint ainsi, dans ce premier temps, un terrain que ses interlocuteurs connaissent bien : celui du droit.

Comme Moïse a prévu la possibilité d’établir des actes de répudiation, les pharisiens peuvent apporter une réponse d’ordre juridique qui inclut la perspective d’une séparation entre mari et femme. Jésus, cependant, désire aller au-delà, ou en-deçà, de ce seul plan juridique. Alors que, pour le droit, les choses sont claires (« Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation »), Jésus conduit ses interlocuteurs vers un autre terrain : celui de la création.

Jésus fait alors référence à l’un des récits que l’on trouve dans le livre de la Genèse - un récit dont nous entendons une partie dans la première lecture de ce dimanche ; dans ce texte, il est dit que, lorsque Dieu créa l’humanité, il les a faits homme et femme, et que, lorsque l’homme quitte père et mère pour s’attacher à sa femme, ils ne font plus qu’un. Si Jésus rejette par la suite la séparation entre mari et femme (lorsqu’il dit : « ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! ») ce n’est pas pour des motifs d’ordre juridique - puisque nous venons de voir que le droit du peuple juif à l’époque de Jésus acceptait la répudiation - mais pour une raison plus fondamentale, plus radicale, plus profonde : vivre selon l’intention du Créateur. Jésus invite ses interlocuteurs non pas à appliquer une loi, mais à rejoindre le Créateur dans son acte même de création.

Bien souvent, nous cherchons à régler notre conduite sur la base de règles, de normes ou de lois. Cela est compréhensible et cela est certainement honorable, car en agissant ainsi nous reconnaissons que nous appartenons à une communauté humaine dont nous respectons les codes. Mais puisque nous nous reconnaissons enfants de Dieu, puisque nous sommes fils et filles d’un même Créateur, notre vie se situe aussi au-delà, ou en deçà, de ce seul registre juridique ; notre vie a pour cadre le registre radical, existentiel pourrait-on dire, de notre histoire avec Dieu. Notre histoire avec Dieu ne peut être balisée uniquement par des lois (aussi utiles soient-elles) ; notre histoire avec Dieu est celle d’une relation filiale, d’une relation que Dieu ne rompt jamais et qu’il nous laisse libre de ratifier.

S’il en est ainsi, alors nous sommes appelés à situer toutes nos relations humaines, y compris celles qui unissent des époux entre eux, sur le registre d’une histoire sans cesse à construire, défaisant les nœuds qui peuvent apparaître à certains moments et rétablissant les liens là où ils apparaissent affaiblis : une histoire de fidélité au-delà des - bien réelles - blessures de la vie.

Cette invitation surprend les interlocuteurs de Jésus, comme elle nous surprend. Jésus appelle en effet à aller au-delà, ou en-deçà, de toute loi pour rejoindre la manière dont le Créateur suscite la vie. On peut ainsi comprendre que la liturgie de ce dimanche nous donne également à entendre, dans la lettre aux Hébreux, une affirmation extraordinaire : « Jésus, qui sanctifie, et les hommes, qui sont sanctifiés, sont de la même race ; et, pour cette raison, il n’a pas honte de les appeler ses frères ».

Puissions-nous sans cesse avancer dans cette perspective ! Puissent les lois et règles que nous nous donnons, et que nous suivons, nous aider à progresser, à la mesure de nos forces, sur un tel chemin de vie !

 








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