2015-10-13 18:45:00

L'évêque d'Ajaccio s'adresse aux Corses tentés par le repli


(RV) En France, la question de l’accueil des migrants suscite des tensions, et pour justifier leurs crispations ou leur craintes, certains brandissent les racines chrétiennes. C’est le cas en Corse où des habitants d’Ajaccio ont souhaité l’interdiction de la fête de l’Aïd El Kébir qui devait avoir lieu dans la commune. D’autres Corses considèrent que leur ile est une terre chrétienne et qu’elle ne peut accepter une manifestation trop visible de la foi ou de la culture musulmanes. Certains vont jusqu’à demander le départ des personnes de religion musulmane.

Disponible pour d’éventuelles rencontres avec ses concitoyens, l’évêque d’Ajaccio a décidé de commencer par leur répondre.

Olivier Bonnel

« Je comprends que dans le contexte international actuel ils puissent avoir des craintes. La radicalisation de nombreux jeunes musulmans est une réalité en France qu’on ne peut ignorer et qui touche aussi la Corse. Il serait irresponsable de fermer les yeux sur ce phénomène qui peut déstabiliser nos sociétés et il est normal de réfléchir aux moyens d’y faire face… »

Dans un message pastoral intitulé « Ensemble, au service de la paix en Corse », Mgr Olivier de Germay invite cependant ceux qui seraient tentés par la violence verbale ou physique à ne pas tomber dans le piège du mépris et de l’exclusion. « On voit bien aujourd’hui comment des idéologies haineuses peuvent engendrer le chaos, dit-il exhortant chacun à ne pas reproduire « cette absurdité ».

Mgr de Germay met ceux qui mettent en avant les racines chrétiennes de la Corse face à eux-mêmes : « Comment pourrait-on défendre la religion chrétienne en ayant une attitude contraire à l’Évangile ? » car « l’éclairage de la foi chrétienne nous permet de reconnaitre en toute personne un frère ou une sœur en humanité dont la dignité est inaliénable ». L’autre, quel qu’il soit, est un frère, car créé à l’image de Dieu. L’évêque demande à ses fidèles de respecter les musulmans nés et installés en Corse. « Si nous les méprisons, assure-t-il, cela ne fera que conforter ceux qui sont tentés par la radicalisation ».

Il plaide pour le dialogue avec eux, pour les aider à dissuader ceux qui se laissent influencer par cette idéologie. Seuls le dialogue et le respect peuvent aider à construire la paix. « Soyons capables de vivre ensemble avec nos différences, et alors, conclut l’évêque d’Ajaccio, nous pourrons être fiers de nos racines chrétiennes. »

 

 

 

 

 








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