2015-10-24 17:37:00

Décès du cardinal Korec, figure de "l'Église du silence"


(RV) Le cardinal Jan Chrysostom Korec, figure de "l'Église des catacombes" sous la dictature communiste en Tchécoslovaquie, s'est éteint ce samedi 24 octobre à l'âge de 91 ans. Ordonné évêque clandestinement en 1951, devenant alors à 27 ans le plus jeune évêque du monde, il était depuis plusieurs années le doyen d'ancienneté dans l'épiscopat mondial, et il était l'un des six derniers évêques nommés sous Pie XII à être encore en vie. Il avait donc connu sept pontificats.

Né à Bosany, dans le diocèse de Nitra (Slovaquie actuelle), le 22 janvier 1924, il était entré dans la Compagnie de Jésus en 1939. Il avait été contraint d'interrompre sa formation en raison de la suppression des ordres religieux décidée par le régime communiste, mais avait toutefois été ordonné prêtre le 1er octobre 1950, avant de recevoir la consécration épiscopale moins d'un an plus tard, le 24 août 1951, par Mgr Pavel Hnilica, lors d'une cérémonie secrète. Ouvrier en usine durant neuf ans, il exerça son épiscopat dans la clandestinité puis fut emprisonné pour trahison en 1960. Il retrouva en prison pas moins de six évêques et 200 prêtres.

Malgré sa condamnation à 12 ans de prison, il fut libéré en 1968, lors du léger infléchissement du régime dans le contexte du Printemps de Prague. Il célébra alors sa première messe en public, et put même se rendre à Rome, en 1969, pour y rencontrer Paul VI, qui fut bouleversé par son entretien avec cet évêque atypique, ouvrier et prisonnier. Il dut attendre toutefois 20 années supplémentaires pour endosser publiquement les insignes épiscopales. Liftier et balayeur à Bratislava, puis ouvrier dans l'industrie chimique, il vit sa réhabilitation annulée en 1974 et dut retourner en prison, avant de reprendre à nouveau son travail dans l'industrie chimique, et son ministère d'évêque clandestin.

Au total, il ordonna, sous le régime communiste, environ 120 prêtres.

Ce n'est qu'après la "Révolution de velours" qu'il put recevoir un diocèse officiel : évêque de Nitra de 1990 à 2005, il fut aussi président de la conférence épiscopale slovaque de 1990 à 1993, année de la partition entre la République tchèque et la Slovaquie.

Il fut créé cardinal par Jean-Paul II en 1991, en signe de reconnaissance pour son service à "l'Église du silence" en Tchécoslovaquie. L'épiscopat polonais, qui bénéficiait de meilleures marges de manoeuvre face au régime, avait beaucoup soutenu ces communautés clandestines de Tchécoslovaquie durant la période communiste.

Avec ce décès, le collège des cardinaux compte désormais 218 cardinaux, 118 électeurs et 100 non-électeurs. 

Sans compter le Pape François lui-même, le collège cardinalice ne compte plus que deux jésuites : le Français Albert Vanhoye, bibliste originaire de Hazebrouck (Nord), et l'Indonésien Julius Riyadi Darmaatmadja, archevêque émérite de Djakarta, tous deux non électeurs.

Les condoléances du Pape François

Dans un message adressé à Mgr Stanislaw Zvolensky, archevêque de Bratislava et président de la conférence épiscopale slovaque, le Pape François a exprimé sa « profonde tristesse pour la disparition d'un pasteur si généreux et si zélé, qui dans son long ministère écclésial s'est démontré un témoin intrépide de l'Évangile et un infatigable défenseur de la foi chrétienne et des droits de la personne humaine. Incarcéré et empéché pendant des années d'exercer librement sa mission épiscopale, il ne s'est pas laissé intimider, en donnant toujours un exemple lumineux de force et de confiance dans la providence divine, comme aussi de fidélité au Siège de Pierre. Je rend grâce au Seigneur pour avoir donné à son Église cette éminente figure de prêtre et d'évêque, et j'élève de ferventes prières à Dieu pour qu'Il accueille dans sa joie éternelle, après tant de souffrances, son serviteur bon et fidèle. »

Les obsèques du cardinal Korec seront célébrées ce samedi 31 octobre à 11h en la cathédrale de Nitra. Elles seront présidées par le cardinal polonais Stanislaw Dziwisz, archevêque de Cracovie et ancien secrétaire particulier de Jean-Paul II.








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