2015-10-24 13:15:00

Synode : un message de tendresse et de miséricorde pour les familles d'aujourd'hui


(RV) À quelques heures de la conclusion du Synode sur la Famille, une conférence de presse s'est tenue ce samedi en début d'après-midi en Salle de presse du Saint-Siège. Le père Federico Lombardi a évoqué la présentation ce samedi matin du rapport final définitif, adopté à l'unanimité par la commission des 10. Il sera soumis au vote, article par article, ce samedi à partir de 16h30. Ce processus devrait prendre environ deux heures.

Le cardinal Raimundo Damasceno Assis, archevêque d'Aparecida au Brésil et président délégué du Synode au titre des Amériques, a salué « la fin d'un large processus synodal, qui s'est déroulé dans un climat de grande fraternité et collégialité », dans une franche collaboration des évêques avec le successeur de Pierre. Il a souligné la grande importance des cercles mineurs, du travail de groupe, qui a permis une meilleure participation de tous les pères synodaux. Pour lui, il est nécessaire de dialoguer, de partager les expériences, dans une logique non pas administrative mais spirituelle, car l'objectif du Synode était avant tout « de chercher ce que Dieu veut dans le monde d’aujourd’hui, d'écouter ce que veut l’Esprit Saint », a-t-il insisté.

Satisfaction pour la méthode

Le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne (Autriche), a lui aussi estimé que la nouvelle méthodologie du Synode a été un grand avantage de ce Synode, elle a « permis à tous de s’exprimer avec calme ». Le parcours sur un an a permis à toute l'Église de mûrir, notamment sur le plan théologique : « Toute une bibliothèque a été publiée sur ce thème », s'est-il réjoui. Faisant allusion aux audiences générales du mercredi, il a remarqué que « les catéchèses du Pape depuis un an sont une merveille, un trèsor. C’est ainsi que l’Église peut être mère ! »

Il a affirmé que le message principal de ce Synode est « un grand "oui" à la famille » : « l’Église catholique, qui compte 1,2 milliard de personnes, a débattu du thème de la famille, des aspects positifs et négatifs... C’est cela le succès (...). Il n’y a pas de réseau plus solide que la famille. Je peux témoigner de ma propre expérience, c’est le réseau le plus sûr pour survivre. On le voit aussi en Autriche avec les réfugiés qui arrivent. »

Le cardinal Schönborn a toutefois reconnu que ce « document de consensus » susciterait des déceptions, notamment pour ceux qui s'attendaient à des évolutions fortes concernant l'attitude pastorale à adopter vis-à-vis des personnes homosexuelles. « Le thème de l’homosexualité est abordé (seulement) à travers la place personne homosexuelle dans la famille. Pour certaines aires culturelles et politiques, ce thème est trop délicat. Au niveau d’une synodalité universelle, on doit respecter ces différences.»

Concernant les divorcés-remariés, il a mis en avant le « discernement » comme une « parole clé ». « Je vous invite tous à penser que ce n’est pas blanc ou noir, oui ou non », a-t-il lancé, en soulignant que ce terme de « discernement » avait aussi été utilisé par Jean-Paul II dans son exhortation apostolique Familiaris Consortio. Le cardinal autrichien, faisant finement allusion à la situation des jeunes dans son pays comme à celle des journalistes présents dans la salle, a souligné que « le rapport final tient compte de la précarité du travail, car il est aujourd'hui plus difficile de construire un foyer. Le Synode a voulu avoir un regard de compassion. Ne pas juger les situations. D’abord comprendre. »

Un nouveau cheminement

Frère Hervé Janson, le Prieur général des Petits Frères de Jésus (la famille spirituelle du Bienheureux Charles de Foucauld), a dit sa surprise d’avoir été invité au Synode, parmi les 10 délégués de l’Union des supérieurs majeurs. « J’ai été élu car en tant que Petit frère de Jésus, nous avons la vocation de vivre dans les périphéties, au coude à coude avec des familles en difficulté. Je m’attendais à être un auditeur, mais le Pape François m’a donné la possibilité de pouvoir voter ». Il a toutefois reconnu que ce droit de vote au Synode des évêques, un cas inédit pour une personne non ordonnée, posait de vraies questions sur le plan canonique, et que le sujet devrait être abordé lors d'une prochaine réunion des supérieurs majeurs.

« Un vrai cheminement s’est fait. Ce fut une expérience très intéressante, avec un dialogue très libre. On a dit que personne n’était exclu de cet accueil de l’Eglise : les familles ne sont pas objet mais sujet de la pastorale. » Concernant les jeunes en cohabitation, il a insisté sur le « désir d’épouser le regard du Christ sur les situations ». « Ces familles ont quelque chose à apporter, sont un bien pour l’Église, même si elles ne sont pas pleinement en accord avec les règles. » 

« L'Église doit les accueillir avec sympathie, avec miséricorde, a insisté le frère Janson. L’Église accompagne ce chemin, ces couples qui vivent ensemble. Ils s’aiment, c’est déjà quelque chose de beau s’ils s’aiment dans la durée ! Nous ne sommes pas des purs, nous ne sommes pas des cathares, nous sommes tous en chemin ensemble vers le Royaume. »

Le cardinal Assis a précisé que « la dimension de la tendresse et de la miséricorde parcourt tout ce document, avec une attention particulière aux familles les plus en difficulté. »

Décentralisation et catholicité

Le frère Hervé Janson a salué aussi le chemin de Synodalité dans lequel s'engage l'Église sous l'impulsion du Pape François : « le peuple de Dieu est à la base, les ministres sont au service du peuple, on est tous à l’écoute les uns des autres ». Rappelant que cette écclésiologie est un retour aux sources et aux textes des Pères de l'Église, il a rappelé que dans ses textes, Saint Jean Chrysostome aborde les thèmes "Synode" et "Église" comme des termes synonymes.

« Je suis très heureux de voir des portes ouvertes, de voir soulignée la responsabilité des évêques dans le discernement. C'est quelque chose de très encourageant pour tous », a estimé le frère Janson.

Interpellé par un journaliste sur le risque de construction d'Églises nationales qui risquerait de provoquer un éclatement de l'Église catholique en une multitude de chapelles ( comme c'est le cas pour le Communion anglicane ), le cardinal Schönborn a précisé qu'il ne s'agissait aucunement de porter atteinte à la catholicité de l'Église, sous l'autorité de l'évêque de Rome. « Ce serait désastreux si nous avions une Église nationale en Autriche », a insisté l'archevêque de Vienne, estimant que la volonté du Pape François était de mettre en œuvre une décentralisation qui puisse concrétiser une meilleure cohérence continentale de l'action des évêques, comme c'est déjà le cas en Amérique latine à travers « la grande expérience des conférences continentales comme Aparecida ». 

Le cardinal Assis, archevêque de cette ville brésilienne où s'était déroulée la réunion des épiscopats latino-américains en 2007, a précisé que la subsidiarité se vit sur deux échelles en Amérique latine : « Nous avons les conférences nationales, et le CELAM (Conseil épiscopal latino-américain), qui promeut la communion entre les conférences épiscopales. » Tout en appelant à une clarification des compétences doctrinales des conférences épiscopales, il a rappelé que l'objectif est de « construire une pastorale organique en respectant les spécificités des pays et des régions, de créer une communion très forte entre les épiscopats nationaux, mais aussi avec le successeur de Saint Pierre. »

 

 

 








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