2015-11-24 18:26:00

COP 21 : «L'écologie est une question de vie ou de mort»


(RV) Plusieurs évènements sont organisés par des mouvements chrétiens dans la perspective de la Conférence de Paris sur le changement climatique. Un accueil des pélerins climatiques est prévu le 27 novembre à l'église Saint-Merry, et un rassemblement interreligieux à Saint-Denis le 28 novembre, mais une partie du programme reste incertaine en raison de la proclamation de l'état d'urgence sur l'ensemble du territoire français suite aux attentats de Paris.

Avec les chrétiens venus du monde entier, une célébration œcuménique est organisée le dimanche 3 décembre à 19h30 en la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, en présence du Cardinal André Vingt-Trois, du patriarche Bartholomée de Constantinople, engagé de longue date sur les questions écologiques et du secrétaire général du Conseil Œcuménique des Églises, le pasteur Olav Fykse Tveit. Pour des raisons d’organisation et de sécurité, il est demandé aux participants de s'inscrire sur le site unitedeschretiens.fr

Lors de la messe des évêques d’Ile-de-France dans la perspective de la COP21, à Notre-Dame de Paris, dimanche 22 novembre 2015, le cardinal Vingt-Trois,archevêque de Paris, a souligné deux tentations : une écologie sans l’homme et une écologie partielle. En référence à Laudato Si’, l'encyclique du Pape François, il a réaffirmé que l’écologie est «un projet de vie global» et encouragé chacun à discerner comment «il use et abuse du monde».

Voici le texte intégral de l'homélie du cardinal André Vingt-Trois

«Frères et Sœurs,

La discussion qui s’établit entre Pilate et Jésus au sujet de la royauté nous éclaire sur les difficultés, les hésitations ou les réticences que nous pouvons éprouver à célébrer Jésus comme Roi de l’univers. Si nous entendons le titre "royal" dans son acception de pouvoir politique, de domination du monde, nous passons à côté de la véritable signification, car Jésus nous dit : « ma royauté n’est pas de ce monde » (Jn 18,36). Ce serait donc nous laisser emporter par une tentation qui a parcouru la vie de l’Église depuis les disciples d’Emmaüs qui attendaient le rétablissement du royaume d’Israël, jusqu’aux formes modernes de volonté de maîtriser les sociétés par la force publique de la foi. Le Christ n’est pas un roi à la manière des rois de ce monde. Son Église n’est pas une armée pour rétablir sa royauté sur la terre. Ses disciples – que nous essayons d’être en le suivant – n’ont pas pour ambition de prendre le pouvoir. La manifestation la plus évidente de la royauté du Christ, c’est Jésus sur la croix, dépouillé de toute-puissance quand il a renoncé à tout pouvoir et s’est remis entièrement à la miséricorde de son Père.

Cependant, l’Église nous invite à célébrer Jésus Roi de l’univers. Essayons de comprendre à quoi nous sommes appelés en célébrant cette fête du Christ Roi au terme de l’année liturgique. Nous sommes invités à reprendre conscience de la place centrale et plénière du Christ par rapport à la totalité de l’univers. Il est l’alpha et l’oméga. Celui qui était au commencement et celui qui sera à la fin. Du commencement de la création à la fin de l’histoire humaine, c’est lui le pôle de convergence de la réalité. C’est lui qui récapitule toutes choses en lui-même pour les offrir au Père. Cette place centrale du Christ, nous invite à regarder le monde dans lequel nous vivons d’une façon originale. Le Christ n’est pas la caution morale de quelque projet que ce soit. Il est le cœur de toute l’histoire des hommes et il rassemble l’humanité entière.

La tenue de la COP21 peut nous paraître bien loin de cette vision christocentrique sur le monde. Pourtant, cette vision du Christ qui recueille l’univers en lui-même doit affiner notre regard sur cet événement, ou du moins nous alerter pour ne pas nous laisser emporter par deux tentations fort répandues sans pour autant être justes. La première tentation, c’est de rêver un univers idyllique parce qu’on en aurait extrait l’humanité. C’est le paradis terrestre sans les hommes. C’est l’écologie contre l’humanité, autrement dit une vision de l’être humain comme un intrus et un destructeur. C’est penser que le monde irait mieux si les hommes n’y vivaient pas. Certes, je caricature… Mais réfléchissez combien on nous montre souvent et on nous explique les méfaits de l’activité humaine sur le monde ! Peut-être que c’est utile de nous montrer ces agressions à l’égard du monde pour éveiller notre responsabilité et nous aider à prendre conscience que nous avons une responsabilité réelle sur le fonctionnement du monde, mais on ne pourra sauver le monde sans l’humanité !

La deuxième tentation qui nous guette tout autant, c’est celle d’une écologie partielle. On s’est déjà beaucoup mobilisé au cours des années passées, on va encore se mobiliser beaucoup pour tenter d’obtenir une amélioration de la manière d’utiliser les ressources de notre terre, mais, sans jamais dire et pourtant avec l’idée sous-jacente que surtout, s’il faut aboutir à des résultats positifs, c’est pour sauvegarder notre mode de vie, c’est pour garantir que notre prospérité pourra continuer.

A l’égard de ces deux tentations, le Pape François, dans son encyclique Laudato Si’, nous invite à porter un regard critique. Il n’y a pas d’écologie partielle. L’écologie est un projet de vie global qui doit toucher tous les secteurs de l’existence humaine en vue d’atteindre une meilleure vie pour le plus grand nombre. L’écologie n’est pas un luxe décoratif réservé aux sociétés développées, c’est une question de vie et de mort. C’est une question de vie et de mort pour laquelle nous sommes appelés à réviser nos manières de vivre. On ne peut pas vouloir une écologie globale, universelle et juste en continuant d’exploiter les ressources naturelles du monde pour le profit d’une proportion très faible de l’humanité.

Notre foi au Christ nous mobilise dans notre responsabilité à l’égard de la «maison commune» nous dit le Pape François, parce qu’elle nous oblige à prendre en compte non seulement nos affaires, nos intérêts, nos espérances, nos idéologies, mais aussi à prendre en compte la totalité de l’univers dont le Christ est le centre et qu’il conduit vers la plénitude en Dieu.

Frères et sœurs, nous prierons avec ferveur pour que cet événement qui aura certainement une grande portée médiatique, touche les cœurs. Qu’il aide chacun et chacune des habitants de ce monde à revoir comment il use ou abuse du monde, comment il entre dans une véritable conception du partage des richesses ou comment il se barricade pour protéger ses privilèges, comment il entre dans la véritable action de grâce pour tout ce que Dieu a donné pour la vie de l’homme.

Amen.»

(CV- Site de la Conférence des évêques de France)








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